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NOUVELLE AGRICULTURE L'AEI bouscule le conseil

Lors de la table ronde des Entretiens de l'AEI, Jean-Marie Gabillaud, président de Coop de France Ouest, a fait remarquer que l'agriculture a toujours innové, mais que pour la nouvelle étape à franchir, un coup de pouce serait le bienvenu. Il se demande toutefois « si les attentes du consommateur ne sont pas surévaluées ».H. LAURANDEL

Les Entretiens de l'AEI ont appelé à soutenir les agriculteurs innovants qui pourraient venir bousculer le métier du conseil.

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Les troisièmes Entretiens de l'AEI (agriculture écologiquement intensive), fin octobre, sont-ils le reflet d'une nouvelle agriculture désormais en marche, plus de quatre ans après le lancement de ce concept lors du Grenelle de l'Environnement ? Cette « philosophie » ne se cantonne pas à un club fermé d'initiés. Pour preuve, les témoignages d'agriculteurs de divers horizons rassemblés par un même leitmotiv : gagner efficacement leur vie tout en donnant du sens à leur métier. Avec pour fil rouge, l'innovation qui a jalonné ces rencontres ayant attiré 350 participants. « L'AEI est là pour décloisonner et faire tomber les chapelles », observe Pascal Pommereul, agriculteur membre d'un Ceta et intervenant dans un des douze ateliers.

Logique d'échanges plus collective

Mais jusqu'à quel point, l'AEI peut-elle rassembler ? Elle n'évite pas une concurrence, d'ailleurs souhaitable, dans le domaine du conseil. Au contraire, la nouvelle agriculture fait des émules. Ainsi, des centres de gestion normands ont créé une cellule agronomique « pour répondre à une carence sur le terrain », explique Jean-Marie Seronie du CER Manche (lire ci-dessous), lors d'un atelier sur l'accompagnement des agriculteurs innovants. Un éleveur dans la Sarthe présent à l'une des deux journées, Gilles Chauvier, souligne que « les technico-commerciaux ne sont pas tous prêts à accepter que les producteurs aillent vers plus d'autonomie et de pouvoir décisionnel. Ils sont, eux aussi, formatés par trente ou quarante ans d'un certain type d'agriculture, et ils ont besoin de signes clairs de leur direction ».

La distribution agricole doit rester vigilante d'autant plus à l'heure où le fameux débat sur la séparation produit-conseil refait surface. Cependant, Luc Maurer du ministère de l'Agriculture réaffirme « le rôle des coopératives face à l'enjeu important de la diffusion d'une agriculture conciliant performances économiques et environnementales. Il s'agit de les encourager à innover en matière de conseil et à rentrer dans une logique d'échanges avec les agriculteurs plus collective ». De son côté, le président de l'association AEI, Michel Griffon, invite « les coopératives à faire évoluer leur métier ». Des structures sont déjà en route à l'instar de Terrena (lire p. 36) et de Triskalia qui ont chacune leur pôle AEI ou encore de Vivescia avec le club Agrosol. Le négoce, non cité par les intervenants, n'est pas forcément en reste.

Créer un fonds de garantie

L'association AEI estime aussi nécessaire un accompagnement du terrain par la recherche avec la mise en place d'écosystèmes d'innovations pouvant être le siège de rencontres régionales entre agriculteurs innovants et chercheurs. Le principe étant, pour Michel Griffon, « d'impulser l'esprit créateur et surtout de ne pas l'étouffer ». Et, afin de protéger les pionniers de l'innovation de tout échec, il est souhaité la création d'un fonds de garantie fonctionnant comme une assurance.

Hélène Laurandel

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