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DÉBAT Bis repetita

Polémiques : L'étude de Gilles-Eric Séralini a ravivé le débat sur les OGM. Un sujet brûlant, tout comme les pesticides et les algues vertes, pointés du doigt comme une dérive de l'agriculture productiviste.

Entre conférence environnementale et nouvelles suspicions sur les OGM, l'agriculture est encore une fois sur le devant de la scène. Avec un air de déjà-vu.

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«Oui, les OGM sont des poisons ! » C'est sous cette fracassante affirmation que le Nouvel Observateur a révélé le 19 septembre, en avant-première, les résultats de l'étude de l'équipe de Gilles-Eric Séralini sur le maïs transgénique NK 603 de Monsanto, parue dans Food and Chemical Toxicology. Un coup médiatique d'envergure, puisqu'outre cette exclusivité, la publication des résultats coïncide avec la sortie d'un livre écrit par Gilles-Eric Séralini, « Tous cobayes ! », et d'un film de Jean-Paul Jaud, qui en reprennent les conclusions. Plus précisément, l'équipe de chercheurs, financée à hauteur de 3,2 M€ (notamment par Auchan et Carrefour), a étudié l'impact de la consommation de maïs NK 603, tolérant au glyphosate, et de Roundup sur des rats pendant deux ans (durée de vie moyenne d'un rat).

Une étude critiquée

Un lot a été nourri avec du maïs OGM à des concentrations différentes (11 %, 22 %, 33 %), cultivé avec ou sans Roundup, un avec du maïs OGM et de l'eau contenant une faible dose de Roundup, un autre avec du maïs classique et de l'eau avec du Roundup et enfin un lot témoin avec du maïs classique. Résultats : développement de tumeurs chez les animaux nourris avec du maïs OGM et/ou du Roundup, avec un taux de mortalité important et plus rapide. Les ministères de la Santé, de l'Ecologie et de l'Agriculture ont très rapidement réagi en saisissant l'Anses, l'Efsa et le HCB sur le maïs NK 603, précisant que cette étude « valide la position de précaution prise par le gouvernement français sur le moratoire des cultures OGM ». Reste que l'étude est critiquée par la communauté scientifique : échantillon non représentatif, rats avec une propension à développer des tumeurs... Monsanto a communiqué sur son site internet sur le maïs NK 603 et sur le Roundup. Quant à l'avenir de ce dernier, la firme ne semble pas trop inquiète : « A priori, au vu des nombreuses études menées auparavant, le Roundup ne semble pas être en voie de retrait pour l'instant », déclare Yann Fichet, directeur des Affaires institutionnelles. Le produit n'étant pas pour l'instant considéré comme un perturbateur endocrinien. Si elle comporte des failles, l'étude de Séralini est la première de cette ampleur, notamment sur la durée : deux ans, contre trois mois pour les études soumises aux agences d'évaluation.

De la crispation à la médiation

En tout cas, elle ravive le sempiternel débat anti contre pro-OGM. Un débat qui avait été notamment relancé par France nature environnement en février 2011, au moment du Salon de l'Agriculture avec des affiches chocs placardées dans le métro parisien. Depuis lors, la situation a évolué, jusqu'à passer « de la crispation à la médiation », par le biais d'une tentative inédite de conciliation entreprise fin septembre par Farre et FNE pour renouer le dialogue sur des sujets tels que les pesticides et les algues vertes, pour « co-construire » des solutions.

Marion Coisne

Polémiques : L'étude de Gilles-Eric Séralini a ravivé le débat sur les OGM. Un sujet brûlant, tout comme les pesticides et les algues vertes, pointés du doigt comme une dérive de l'agriculture productiviste.

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