Orge de brasserie Le marché s’annonce plutôt porteur
Les indicateurs tendent vers le vert sur le marché des orges brassicoles. Les surplus français et européens de la récolte 2019 devraient trouver preneur dans un contexte où la demande est soutenue et où la géopolitique s’en mêle avec l’Australie.Par Hélène Laurandel
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Pour la récolte 2019, le marché de l’orge brassicole devrait entrer dans une configuration quelque peu différente de la campagne précédente, avec un disponible pour pays tiers bien plus important, à 500 000 t pour la France et, plus globalement, 700 000 t pour l’UE. « Les perspectives de production sont excellentes en France avec une hausse des surfaces de 15 % en orge de printemps, à 550 000 ha, voire 600 000 pour les plus optimistes », commente Julien Darley, de Granit Négoce, lors du dernier colloque orge de brasserie, organisé par Arvalis.
Ce disponible européen devrait être absorbé par la demande mondiale (voir infographie), d’autant plus facilement qu’un nouveau facteur pourrait influencer fortement ce marché.
L’Australie sur la sellette
Un facteur d’ordre géopolitique, conséquence de l’affaire Huawei, opérateur téléphonique chinois exclu de plusieurs pays pour des raisons d’espionnage et de cybersécurité. Les États-Unis, qui avaient ouvert le bal de cette exclusion, ont incité l’Australie et le Canada à les suivre, ce qui impacte les relations commerciales. Un point d’interrogation plane ainsi sur le marché, si l’Australie ne peut pas expédier ses volumes d’orge vers son client principal : la Chine. Et elle aura du mal à écouler ailleurs sa marchandise du fait de sa situation géographique. Avec un bilan 2019-2020 prévisionnel déjà légèrement déficitaire avec l’orge australienne, une hausse des prix est à attendre si l’offre se contracte. La moindre orge brassicole, dont celle de l’UE, sera utilisée. « La Chine va utiliser également de l’orge semi-fourragère. Les qualités attendues dans ce pays n’étant pas très élevées, les malteurs chinois vont s’adapter, ajoute Julien Darley. Les Chinois vont payer la hausse, puis l’offre va se présenter. » Par exemple, l’Europe pourrait dégager davantage de surplus pour alimenter la demande. De son côté, l’Argentine, tournée principalement vers ses voisins, pourrait être tentée de venir sur le marché mondial si celui-ci devient haussier.
La Chine au marché
Donc on peut s’attendre « soit à un feu d’artifice, soit à un pétard mouillé si le jeu se calme avec les États-Unis ». Le marché semble prendre quelque peu le chemin de la première option. « La Chine n’est pas encore venue au marché, mais elle va finir par le faire », ajoute le trader de Granit Négoce, qui estime la demande chinoise en orge à 3,9 Mt, au lieu des 4 Mt habituelles, en raison d’une moindre consommation de bière. Ce recul résulte de la lutte de l’État contre l’alcoolémie et d’un basculement vers le vin et des bières premium, pour l’instant importées car non produites à ce jour. « Mais cette situation est transitoire car la Chine produira peu à peu une bière de qualité », avec des besoins en malt et donc en orge qui vont augmenter. Et ce, dans un contexte où la consommation progresse en Afrique et aussi en Inde, devenue demandeuse de 180 000 t d’orge, certes de basse qualité, contre 5 000 à 10 000 t auparavant.
Être prêt à répondre
Selon Granit Négoce, la volatilité va s’accentuer à l’approche de la récolte 2019 avec une attention particulière des acheteurs mondiaux à la situation des cultures en France et en Europe. C’est pourquoi Julien Darley invite les opérateurs français « à se tenir prêts pour répondre présent lorsque la demande des pays tiers se manifestera ». Quoi qu’il en soit, le marché de l’orge brassicole s’annonce porteur face à une reprise, certes légère, de la consommation mondiale de bière (lire ci-dessous) et un marché du malt en croissance.
Le malt se porte bien
Ce dernier bénéficie de la dynamique autour des bières premium et des brasseries artisanales recourant à plus de malt par hectolitre, des boissons sans alcool à base de malt, du whisky et d’usages alimentaires autres comme en boulangerie. Les dernières capacités de maltage construites sont déjà saturées. Le marché est tendu, les prix très corrects et les marges très bonnes. « Il n’y a plus de malt à vendre sur du rapproché », avance Julien Darley. À voir comment la situation va évoluer à plus long terme, notamment en regard du réchauffement climatique qui va impacter les cultures et pourrait redistribuer les cartes des productions, comme ce fut suggéré lors du colloque Arvalis (lire p. 50) dont cette thématique était le fil rouge.
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