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La sécurité sanitaire, un atout

« On ne peut pas lever le pied car des alertes sont constamment identifiées », prévient Frédéric Monnier, président d’Oqualim.

La qualité sanitaire des aliments constitue une préoccupation constante chez les fabricants. Avec les plans mutualisés Oqualim, la France dispose d’un avantage qui pourrait devenir concurrentiel.

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Les enjeux sanitaires sont indissociables des enjeux économiques dans les filières des productions animales, rappelait Bruno Ferreira, directeur général de l’alimentation (DGAL) au sein du ministère de l’Agriculture. Il participait, le 14 octobre, à la table ronde « Sécurité sanitaire », lors des rencontres de la nutrition animale. « Le sanitaire est un enjeu d’hier, d’aujourd’hui et pour demain. Mais il ne s’agit pas que d’une contrainte puisque nous pouvons nous en prévaloir pour exporter », assure-t-il.

Il y a et il y aura toujours des crises comme les trois alertes salmonelles de cette année dans des tourteaux de soja en provenance d’Amérique du Sud. Certains pathogènes sont difficiles à maîtriser, comme les Escherichia coli et les salmonelles car ils sont présents de manière intermittente dans les proliférations. Sans compter les nouvelles souches qui apparaissent régulièrement. « On ne peut pas lever le pied car des alertes sont constamment identifiées. C’est pour cela que nous avons des outils comme Oqualim qui permettent de détecter précocement ces menaces et de remonter la chaîne grâce à la traçabilité », complétait Frédéric Monnier, directeur de la Cavac et président d’Oqualim. Les fabricants d’aliments pour animaux français adhèrent dans leur immense majorité aux plans mutualisés coordonnés par cette association. Cette année, ils sont 137 fabricants (90,5 % de la production nationale), 53 entreprises de compléments (quasi-totalité de la production), 6 entreprises d’aliments d’allaitement (92,3 %), avec 274 sites participants pour le non-OGM et 24 en bio (85 % de la production). Le GIE Qualimat Sud-Est vient d’ailleurs d’annoncer son changement de nom pour devenir, au 1er janvier 2022, Oqualim Sud-Est. « Notre mission est double : d’une part le système d’intention d’achats pour approvisionner les ports de Sète et de Chalon, d’autre part le contrôle qualité. Nous sommes déjà présents dans Oqualim, avec ce changement de nom, nous accentuons cette dimension qualité », résume Vincent Bergeret, le secrétaire du GIE.

Depuis 2019, les adhérents d’Oqualim peuvent aussi participer à la mutualisation hors plan : elle a permis de mettre en évidence des données jusque-là dormantes. Ces dernières, obtenues par les entreprises dans leurs propres plans de contrôles, consolident les données pour des problématiques actuelles comme la surveillance de l’oxyde d’éthylène ou sur des molécules non réglementées mais pour lesquelles des réflexions d’évolution réglementaires sont en cours. Les formes modifiées du déoxynivalénol (DON), mycotoxine néfaste notamment pour la santé des porcs, en font partie.

Les risques liés à l’année climatique sont spécifiques : si les craintes sont faibles quant à la qualité du maïs grain, les fabricants sont particulièrement vigilants en 2021 sur le blé et sur l’orge qui ont connu le froid de juin.

Agir pour la maîtrise

Une fois mis en place le plan de surveillance, les fabricants d’aliments disposent d’une boîte à outils assez large sur toutes les thématiques : extraits de plantes pour réduire l’usage des antibiotiques en élevage, capteurs de mycotoxines, acides organiques comme antifongiques ou pour la maîtrise des entérobactéries, mais aussi la technologie, notamment les traitements thermiques, et la gestion des flux. « Les aliments les plus fragiles comme les aliments pondeuses ne sont pas produits le lundi matin lorsque l’usine est froide après la coupure du week-end, mais plus tard par exemple », illustre Christophe Michau, expert indépendant pour les décontaminations fongiques et bactériennes des usines d’aliments pour animaux et de leurs fournisseurs. Avant de lister : « Lors d’un audit d’usine, je vais rechercher les points de recontamination. Il ne s’agit pas uniquement de mettre en place un protocole de nettoyage, mais d’identifier les points à risque dans la conception des usines, qui ont toutes leur histoire particulière, et pour les matériels, tout en évitant au maximum les interventions humaines. » Ainsi, si les acidifiants ont longtemps été utilisés pour leur intérêt digestif chez le porc, ils sont désormais de plus en plus utilisés aussi pour leur effet d’hygiénisation dans les usines quelle que soit l’espèce destinatrice (dont les volailles). Mais leur forme en poudre est désagréable pour les opérateurs dont elle pique le nez, voire la peau, s’ils les manipulent au verse-sac. La forme liquide est donc privilégiée. Or « le gros défi, c’est la qualité de l’injection dans la mélangeuse. Mais dans l’UE, nous avons des sociétés expertes de cet aspect technologique, comme l’italien PLP ou le français Le Garrec », souligne Christophe Michau.

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