Baromètre La HVE à un tournant
Dans notre baromètre ADquation-Agrodistribution, ils sont tout autant d’agriculteurs (19 %) à projeter d’adopter la HVE qu’en 2020. La rénovation du référentiel va-t-elle changer la donne ?
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La HVE poursuit son chemin selon notre dernier sondage ADquation-Agrodistribution de juillet 2022, avec 11 % des agriculteurs interrogés qui sont déjà certifiés, contre 6 % en 2020 et 5 % en 2019. Et ils ne sont plus que 1 % à ne pas connaître cette certification, contre 4 % en 2020 et 7 % en 2019. Ceux de la région Sud sont les plus nombreux à être certifiés ou en cours (21 %). Ce résultat recroise les statistiques du ministère de l’Agriculture au 1er janvier 2022, publiées en juillet. En effet, l’Occitanie et la Nouvelle-Aquitaine sont les deux premières régions HVE, avec 24 % et 20 % des exploitations certifiées. Au niveau national, la filière HVE s’appuie sur 24 827 exploitations, soit 6,4 % des fermes françaises et 4,4 % de la SAU, avec un rythme de certification soutenu puisqu’en un an, ce nombre a augmenté de 73 %. Et 7,8 % des exploitations HVE sont en grandes cultures, le double en deux ans.
Une rénovation en phase finale
Cette dynamique de progression va-t-elle continuer ? D’après l’enquête ADquation, 19 % des exploitants envisagent de s’engager dans la HVE au cours des cinq prochaines années, tout comme en 2020. Mais aujourd’hui, la rénovation du référentiel, en phase finale avec une consultation publique ayant eu lieu en juillet, soulève des inquiétudes sur la progression de son déploiement, comme l’exprime Laurent Brault, animateur de l’association HVE Développement (lire ci-contre). Parmi les évolutions opérées pour le niveau HVE, la voie B est supprimée et, pour la voie A, retenue, les seuils de performance environnementale et les indicateurs ont été revisités.
Cette rénovation a été décidée par le ministère de l’Agriculture après dix ans d’existence de la certification environnementale, dont le niveau 3 HVE. Et ce, afin d’intégrer les évolutions des pratiques agricoles et de la réglementation. D’autant que les certifications environnementales sont une des voies d’accès aux écorégimes dans le plan stratégique national, qui décline la Pac au niveau français. Pour cette voie, le PSN, qui a fini d’être négocié avec la Commission européenne en juillet, attribue une aide de 60 €/ha au niveau C2 +, 80 €/ha pour la HVE et 110 €/ha pour le bio.
Les textes législatifs liés à cette rénovation sont attendus tout prochainement, puisque l’entrée en vigueur du nouveau dispositif est prévue au 1er octobre 2022. Un décret et un arrêté ont ainsi été préparés.
Les modifications apportées mettent la barre plus haut, comme le précise Laurent Brault qui s’interroge sur les moyens de déploiement qui seront mis en œuvre : « Les moyens d’incitation seront-ils suffisants pour déployer le dispositif auprès des agriculteurs ? Le crédit d’impôt de 2 500 €, assez incitatif dans l’ancien système, le sera-t-il encore s’il est renouvelé par l’État ? D’autre part, le consommateur ne connaît pas les promesses du logo HVE. » Il espère qu’une campagne de communication sera lancée, tout en expliquant que « les différentes organisations n’abordent pas toute la rénovation du dispositif HVE de la même façon ».
Trois réactions différentes
En effet, « certaines croient à la mention valorisante du label et accueillent favorablement cette rénovation qui amène plus de robustesse. D’autres expriment leur mécontentement, car elles considèrent que la HVE est juste une certification qui donne l’accès au marché ou à des aides, mais n’apporte pas de valeur ajoutée à l’exploitation. Et un troisième type d’organisations considère que la HVE n’a pas lieu d’être. » D’ailleurs, l’avis favorable délivré le 30 juin dernier par la Commission nationale de la certification environnementale, au sujet du nouveau dispositif HVE, a été adopté sur le fil avec quatorze voix pour, quatre voix contre et neuf abstentions. Ce qui démontre bien les réserves qui sont émises envers cette rénovation. L’an prochain, une nouvelle enquête ADquation-Agrodistribution pourrait alors permettre de mesurer l’impact du nouveau dispositif sur les intentions des agriculteurs.
Hélène Laurandel
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