Login

Roquette joue la carte du pois durable

« Nous avons passé des contrats avec une petite dizaine de coopératives ou négociants », confie Jean-Philippe Azoulay, directeur de la filière pois et nouvelles protéines.

Le spécialiste français de l’amidon profite, avec sa filière pois, de l’engouement à l’échelle de la planète pour les protéines végétales. Il fait le pari des protéagineux produits localement et sous cahier des charges.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

«Entre nos installations en France, au Canada et aux Pays-Bas, et notre prise de participation dans la société de semences Equinom en Israël, nous avons investi ces dernières années 500 M€ dans la filière pois et protéines végétales, explique Jean-Philippe Azoulay, directeur de la filière pois et nouvelles protéines chez Roquette. À notre connaissance, nous sommes l’entreprise dans le monde qui s’est le plus impliquée aujourd’hui, et de très loin, dans la transformation des graines protéagineuses. »

L’industriel du Nord a compris très tôt l’engouement pour les protéines végétales en alimentation humaine, puisqu’il a décidé de transformer son usine de production de fécule de pommes de terre de Vic-sur-Aisne, en Picardie, en unité de transformation du pois, dès 2003. Ensuite, en 2018, il a augmenté de 50 % la capacité de production de ce site et a lancé la construction d’une usine au Canada. « Cette unité de production va nous permettre de doubler notre capacité de transformation des pois, précise le directeur de filière. Sa construction va être terminée cette année. La production va démarrer au premier trimestre 2021. »

Une croissance à 2 chiffres

Roquette continue à investir dans les pois car le marché des protéines végétales connaît une croissance à deux chiffres. « Le marché est très porteur, avec tous les jours de nouveaux acteurs qui voient le jour, indique-t-il. Le marché du soja gagne environ 15 % par an, celui des pois autour de 20 %, et celui des substituts à la viande d’origine végétale, plus de 20 %. » L’industriel français entend rester le leader mondial dans ce domaine, il va donc accompagner la demande par un accroissement de ses capacités de production. « À Vic-sur-Aisne, nous sommes au taquet, reconnaît Jean-Philippe Azoulay. Nous serons encore amenés progressivement à investir, mais à ce jour, nous ne savons ni où, ni quand. »

Si le pois intéresse les industries agroalimentaires, c’est parce qu’il ne contient pas d’OGM, peu d’allergènes et pas de gluten ni de lactose. Il bénéficie également d’un très haut niveau de digestibilité. « Les protéines de pois sont très attractives, car les consommateurs continuent d’exiger des produits alimentaires qui améliorent à la fois leur santé et celle de notre planète, remarque le directeur. Roquette a adapté sa stratégie d’approvisionnement pour obtenir des pois de qualité spécifique et qui sont en même temps respectueux de l’environnement, en ligne avec la démarche développement durable du groupe. En pois, nous sommes peu nombreux à proposer un mode de production durable et des produits tracés. » En France, il s’agit de variétés de pois jaunes, riches en protéines.

Le protocole Roquette

Le concept de Roquette est d’implanter ses usines près de ses agriculteurs. « Nous avons pour cela passé des contrats avec une petite dizaine de coopératives ou négociants, ajoute l’industriel. C’est notamment le cas avec Cérèsia, qui possède un site de collecte à Vic-sur-Aisne, Noriap, l’Ucac, Ternoveo, Vivescia, Ceremis, Sevépi, NatUp et, un peu plus loin, Terre Atlantique. » Les contrats reposent sur un cahier des charges rigoureux, le protocole Roquette, et une prime qui permet de rémunérer les efforts des agriculteurs. « Le parcours cultural impose une rotation au minimum de cinq ans, de préférence six, des semences certifiées, des cultures en sec, une utilisation limitée et contrôlée des produits de protection des plantes et une traçabilité totale du semis à l’entrée au silo. » À la récolte, l’industriel examine de près la qualité des lots et, en particulier, l’absence de grains de blé, l’humidité et les taux de grains cassés et d’impuretés. Les OS, de leur côté, doivent assurer un parcours logistique très précis. Aujourd’hui, la majorité des pois jaunes que l’industriel utilise dans son unité de production de Vic-sur-Aisne, répond à ce protocole. L’objectif est que la totalité le fasse à court terme.

« La production sous contrat avec Roquette représente 15 à 20 % des 150 000 ha de pois protéagineux cultivés chaque année en France, poursuit Jean-Philippe Azoulay. De même, 15 000 agriculteurs produisent des pois jaunes destinés à l’alimentation humaine en France, dont 2 000 pour des coopératives ou négociants sous contrat avec nous. » Les adhérents de Noriap en font partie. « Nous sommes impliqués depuis longtemps dans la production de pois protéagineux, car c’est une culture en laquelle nous croyons, explique Nathalie Ternois, directrice Innovation et communication à la coopérative de Picardie et Seine-Maritime. Roquette est un partenaire important pour nous. Les contrats de filière qu’il nous propose nous offrent un accès au marché. » En plus des pois protéagineux, Roquette s’intéresse à d’autres cultures, et en particulier aux féveroles, pois chiches, haricot mungo, et en céréales, à l’avoine.

Amélioration des process

« Nous regardons aussi d’autres technologies de transformation des produits d’origine végétale, par exemple les process de fermentation, précise-t-il. Nous nous inscrivons dans une démarche d’amélioration continue des process, comme nous cherchons à réduire en permanence notre impact sur l’environnement et à produire des pois de plus en plus durables. » En plus de chercher à réduire ses consommations d’eau et d’énergie, l’usine de Vic-sur-Aisne s’est engagée à ce que la totalité de sa consommation d’électricité fasse l’objet de contrats d’énergie verte. Roquette dispose pour cela de certificats d’origine hydroélectrique française.

Blandine Cailliez

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement