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« Zéro résidu de pesticides », le label qui prend racine

100 références « zéro résidu de pesticides » sont aujourd’hui commercialisées.

Entre le bio et le conventionnel, les produits sans résidu de pesticides, dont beaucoup sont labellisés « zéro résidu de pesticides », prennent de l’ampleur dans les rayons.

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Sur les étals des supermarchés fleurissent depuis quelques années les produits étiquetés « sans résidu de pesticides ». Nombreuses sont les marques s’étant engouffrées sur ce nouveau marché, à l’exemple de Bonduelle et ses légumes, Savéol et ses tomates, ou encore, depuis peu, Agrial avec sa démarche Agrilogique, une gamme de légumes conditionnés sans résidu pour ses marques Priméale et Florette.

Parmi toute cette offre de produits, certains tirent leur épingle du jeu en arborant le label « zéro résidu de pesticides ». Porté par le collectif Nouveaux champs, il a vu le jour il y a maintenant un peu plus de deux ans, en janvier 2018. Et depuis, le succès est au rendez-vous, le label ne cesse de gagner en notoriété. Aujourd’hui, 16 % des Français déclarent connaître ce label, qui serait le deuxième plus incitatif à l’achat selon une étude (Kantar Worldpanel, Strategir, Labels & Millennials Purpan). En parallèle, le collectif prend de l’ampleur. Alors qu’il ne comptait que sept structures de production adhérentes en janvier 2018, il en réunit désormais 64. Avec ses 6 000 producteurs, dont 600 dans le « sans résidu de pesticides », il représente près de 25 % de la production totale de légumes et fruits frais français et a atteint un chiffre d’affaires de 67 M€ en 2019, en moins de deux ans d’existence.

« Une démarche de mieux »

Le collectif, qui se présente comme « un mouvement citoyen de producteurs français engagés dans une démarche de progrès agricole et environnemental », veut représenter la troisième voie, à mi-chemin entre conventionnel et bio. « Pour exister demain, nous avons choisi de construire une nouvelle voie, de nous réinventer afin d’imaginer un avenir durable, explique Gilles Bertrandias, président du collectif. Nous ne sommes pas sur un parti pris pro ou antipesticides, ce n’est pas notre sujet. Mais plutôt comment produire mieux avec moins. C’est une démarche de mieux. »

Au-delà de produire une alimentation sans résidu de pesticides et respectueuse de l’environnement et de la santé des producteurs et des consommateurs, le collectif Nouveaux champs s’est donné pour mission de rétablir la confiance envers l’agriculture française. « Le contexte d’agribashing nous montre quand même que la société s’intéresse à l’agriculture, analyse Gilles Bertrandias. Il était temps d’agir, mais c’est un pari que nous ne gagnerons que si l’on est ensemble et unis. La communication et la transparence sont des éléments clés à notre réussite. »

Sans aides publiques ni subventions, le label s’est construit grâce à ses producteurs. « Il repose sur les investissements de nos agriculteurs, c’est une vraie démarche entrepreneuriale », se félicite-t-il. C’est une réelle promesse d’avenir pour l’agriculture française. Au travers de ce label, le collectif veille également à pouvoir octroyer des revenus décents à ses producteurs. « Nous avons un positionnement intermédiaire entre le bio et le conventionnel, avec un surcoût de 25 à 30 % par rapport à du conventionnel, mais tout dépend du produit », décrit-il.

La tomate, star des étals

Aujourd’hui, 36 aliments sont labellisés, parmi lesquels des fruits et légumes frais bien évidemment, ainsi que des fruits et légumes transformés tels que des jus de fruits, des céréales avec pâtes et quinoa, et enfin des vins. La gamme compte ainsi 100 références garanties « zéro résidu de pesticides » commercialisées par la grande distribution. « Cette transversalité est nécessaire à notre émergence, commente Gilles Bertrandias. Nous sommes présents toute l’année sur les étals, tout en respectant la saisonnalité de nos différents produits. » Une quinzaine d’autres aliments, dont le radis, le haricot vert ou encore la courgette, devraient rapidement compléter la liste. Le développement d’une offre en vrac est également à l’étude, mais les risques de contaminations croisées rendent la tâche plus délicate.

Aujourd’hui, les produits labellisés sont présents dans la majorité des enseignes de la grande distribution. En tête, Intermarché, avec 20 % du chiffre d’affaires, suivi de Carrefour (19 %) et Auchan (15 %). En deux ans, plus de 52 millions d’UVC (unité de vente consommateur) ont ainsi été achetées par les consommateurs. La tomate, avec 52 % de la part de marché en volume, s’impose comme la star du label. En 2019, la tomate cocktail a d’ailleurs remporté la palme de la référence la plus vendue avec 8 millions d’UVC. Carotte et oignon complètent le podium avec, respectivement, 11 et 8 % de part de marché en volume.

HVE en trame de fond

Mais comment parvenir à produire ces aliments sans résidu de pesticides ? « Cela repose sur une combinaison de moyens pour réduire l’utilisation de produits phytosanitaires, explique Gilles Bertrandias. Mais je peux vous le confirmer, une agriculture sans pesticide, ça n’existe pas (voir ci-contre). » L’IFT est l’un des indicateurs de suivi utilisé, en moyenne il est de  53 % par rapport à l’agriculture conventionnelle. Un cahier des charges ainsi qu’un référentiel qualité ont été mis en place. Et pour assurer leur respect, plus de 200 techniciens et ingénieurs qualité accompagnent au quotidien les exploitations.

Depuis 2019, le collectif s’appuie également sur le socle de la certification HVE, c’est l’un de ses engagements. Les indicateurs HVE (niveau 3) de la voie A, correspondant à des indicateurs thématiques composites quantifiant les performances environnementales, sont suivis par tous les agriculteurs engagés dans le « zéro résidu de pesticides ». « La certification HVE n’est pas obligatoire, mais tous nos producteurs doivent suivre ces indicateurs, ce qui peut les amener à la certification à terme », commente Gilles Bertrandias. Parmi les 600 producteurs en « zéro résidu de pesticides », 25 % sont déjà certifiés HVE et 54 % sont engagés dans la démarche de certification.

Lucie Petit

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