Biovitis avance ses pions dans le biocontrôle
Le spécialiste de la production de microorganismes, connu pour son biostimulant phare Cérès, met en route sa deuxième usine auvergnate et s’apprête à déposer trois dossiers d’homologation en biocontrôle.
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Depuis son rachat par Greentech en 2000, Biovitis a changé de visage. À l’époque, 97 % de son CA était issu de la production de flores d’affinage. Désormais, ce n’est plus que 25 %. La société cantalienne, basée à Saint-Étienne-de-Chomeil, a en effet développé des souches de microorganismes (bactéries, champignons et levures) dans les traitements des effluents, dans la cosmétique, la pharmaceutique, et aussi dans l’agronomie, qui est devenue l’activité la plus importante, avec les biostimulants.
100 000 ha de biostimulants
Un tournant est opéré en 2015 lorsqu’elle obtient une AMM pour Cérès, la première en France pour un cocktail microbien. Ce fer de lance sera rejoint, toujours par la voie de l’homologation, par une dizaine de biofertilisants (segmentés selon les cultures et les effets revendiqués) tels Carpoès ou Hélès, ainsi que la gamme Nanéos, et par une dizaine de produits à base d’algues et de micro-algues issus de sa société sœur, Greensea, et commercialisés en partenariat avec Lhoist. « Toutes cultures confondues, plus de 100 000 ha en France et à l’export sont fertilisés avec nos biofertilisants et biostimulants, et on espère doubler ce chiffre rapidement », rapporte Jean-Yves Berthon. Le président de Biovitis évoque une forte volonté d’asseoir ses positions au Benelux, en Suisse, en Pologne ou au Maroc, et de se développer à l’international (Moyen-Orient, Afrique subsaharienne…). Toujours attachée à travailler avec la distribution, l’entreprise va bientôt passer de cinq à huit commerciaux agricoles. Enfin, un directeur opérationnel, en la personne de Jean-Philippe Fayol (issu de l’industrie pharmaceutique), est arrivé début 2019.
Fusariose, esca et sclérotinia
Dans sa volonté de continuer à investir le marché des alternatives aux intrants chimiques, Biovitis compte bien se faire une place sur le créneau du biocontrôle avec trois projets dans les cartons. Déjà, l’entreprise conduit depuis plusieurs années le projet Mopad de lutte contre la fusariose du blé, avec Limagrain entre autres. Le dossier issu de ce programme de recherche est sur le point d’être déposé en vue d’une procédure d’homologation, assure Jean-Yves Berthon, qui entrevoit une segmentation pour la commercialisation de cette solution, « en application foliaire chez Biovitis, et en traitement de semences chez Limagrain ». La société travaille aussi sur un produit pour combattre l’esca de la vigne, « une solution efficace à 50-60 % » que Jean-Yves Berthon pense pouvoir passer en urgence auprès du ministère, ainsi qu’un produit pour lutter contre le sclérotinia du colza. Ces trois produits, qui devraient avoir une réalité terrain d’ici cinq ans, seront fabriqués sur le site cantalien, où un investissement de 1,3 M€ est d’ailleurs en cours pour un équipement de fermentation en milieu solide.
7 M€ dans un deuxième site
En parallèle, Biovitis est en train de mettre en service un deuxième site à Saint-Beauzire, dans le Puy-de-Dôme, sur 2 300 m2. Choisi pour sa proximité avec l’agglomération de Clermont-Ferrand et les diverses infrastructures de transport, il est intégré dans le biopôle, où se trouve sa maison mère Greentech, ainsi que Limagrain. 7 M€ ont été investis dans un laboratoire, opérationnel depuis avril, et qui regroupe l’ensemble de la R&D de l’entreprise (une dizaine de personnes), ainsi qu’un outil de production, composé de fermenteurs de 50 à 5 000 litres. Ce dernier vient d’être mis en route et est dédié aux secteurs pharmaceutique, cosmétique et nutraceutique.
« Les investissements vont se poursuivre, assure Jean-Yves Berthon, afin que Biovitis soit identifiée comme un acteur important dans le domaine de la biofertilisation et du biocontrôle. » Dans cet esprit, Biovitis a lancé il y a deux ans un think-tank, le club Cérès, ouvert aux agriculteurs, coopératives, négociants et à tout organisme intéressé. « Nous sommes très ouverts aux partenariats chez Biovitis. » L’appel est lancé.
Renaud Fourreaux
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