GRÈVE SNCF Les céréales restent à quai
Alors que se profile la nouvelle récolte, le débrayage des cheminots asphyxie l'activité des OS, qui commencent à faire leurs comptes.
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Catastrophique. Tel est le terme utilisé par de nombreux opérateurs pour qualifier les conséquences de la grève à la SNCF. Trois semaines après le début du mouvement, Coop de France recensait une annulation de 60 à 70 % des trains selon les régions. Une fois le créneau passé, il est perdu. Trouver des solutions alternatives pour acheminer les céréales vers les ports et les industriels relève du casse-tête. Un train, c'est 40 à 50 camions, autant de chauffeurs, alors que le transport routier est déjà largement en surchauffe (lire p. 44), et les transporteurs n'hésitent pas à faire flamber les prix, notamment dans l'intérieur des terres.
Axéréal évoque un impact de 5 M€
Quant au fluvial, pour ceux qui peuvent, il est complètement désorganisé sur la Seine depuis la crue de ce début d'année. En amont de Corbeil-Essonnes, des écluses ont été endommagées et des milliers de tonnes sont en souffrance. « Pour les petits bateaux, qui sont les seuls à vouloir s'y risquer, les tarifs de fret y ont doublé », informe un affréteur. Le surcoût logistique de cette grève, estimé par l'AGPB « entre5 et 20 €/t », pénalise une valorisationdes céréales déjà très moyenne.François Pignolet, DG de Centre ouest céréales, évoque plutôt une fourchette entre 5 €/t, en cas de report par camions, jusqu'à 12 €/t, si l'on doit « revendre à la casse ». Pour les céréales restées à quai, il faudra en effet brader, les stocks risquant de peser sur la nouvelle campagne. Au 25 avril, « 8 trains de céréales sur 17 ont été annulés » à la coopérative. Le ratio est pire pour l'usine de biodiesel où, du fait des stocks qui s'accumulent, « l'on risque d'arrêter la production et de mettre au chômage le personnel ». Chez Axéréal, ce sont 60 % des expéditions qui passent par le rail. La coop a beau essayer de trouver des transports de substitution (20 % des80 trains qui ne sont pas partis à fin avril, ont pu être expédiés par camion), de réorganiser les flux, d'acheter des céréales ailleurs pour honorer les contrats, le président Jean-François Loiseau parle déjà d'un impact global de 5 M€, somme qui ne pourra pas être réinjectée dans les outils.
« Cela part dans tous les sens »
La situation est encore plus rageante pour les entreprises qui avaient mis la main au portefeuille pour relancer le transport de céréales sur les voies capillaires. C'est le cas d'Axéréal ou des OS en Champagne.
A l'autre bout de la chaîne, les silos portuaires, les fab, les transformateurs commencent aussi à craindre des ruptures d'approvisionnement. Les amidonniers tentent de chiffrer mais « cette grève génère aussi des surcoûts contractés auprès des prestataires de fret hors SNCF, puisque les volumes de fret contractualisés doivent être payés, qu'ils soient réalisés ou non ». « En fait, résume un opérateur, c'est en train de partir dans tous les sens, il va vraiment falloir que ça cesse. » Beaucoup risquent en effet d'y laisser des plumes.
Renaud Fourreaux
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