VIANDE Onde de choc sur Lur Berri
Prise dans la tourmente de la viande de cheval vendue pour du boeuf, Lur Berri a annoncé que sa filiale Spanghero arrêtait son activité de négoce.
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Pour une coopérative qui a toujours cultivé la discrétion, ce mois de février a été une épreuve ! D'accusations portées par des entreprises agroalimentaires en factures douteuses, d'enquêtes des services de l'Etat en suspensions d'agréments, de communication maladroite en reprise partielle d'activité... ce qu'on a appelé « l'affaire Spanghero » a donné son lot quotidien de suspens et d'interrogations.
Suite des investigations
Quinze jours après le début de l'affaire, toutes les conclusions d'enquête n'étaient pas encore rendues et des zones d'ombre subsistaient. Le 22 février, le rapport de la Brigade nationale d'enquêtes vétérinaires et phytosanitaires indiquait que plus de 44 t de produits avaient été consignées dans l'usine Spanghero et que ces lots faisaient l'objet d'investigations complémentaires des services vétérinaires et des fraudes. Le dernier des trois agréments sanitaires suspendus par les services de l'Etat, qui concernait « les activités d'entreposage de matières premières congelées », ne pouvait donc pas être rendu à l'entreprise. Le même jour, Lur Berri annonçait par communiqué que Spanghero se recentrait sur les activités de découpe, de préparation et de fabrication de produits à base de viande, pour lesquelles tous les agréments nécessaires avaient été définitivement confirmés. En revanche, l'entreprise abandonne le négoce par lequel les problèmes sont arrivés. Tout juste démarré en 2012, celui-ci ne représentait que 2 à 3 % de son CA, soit 500 t de viande.
Retour aux sources ?
Cet épisode sera-t-il finalement un mal pour un bien ? Un retour de Spanghero vers son « coeur de métier » et de la coopérative vers ses adhérents ? A l'image d'autres coopératives, Lur Berri a connu un développement fulgurant ces dernières années, enregistrant une hausse de son chiffre d'affaires consolidé de 85 % entre février et décembre 2012 (1 128 M€), grâce notamment à la reprise de 63 % des parts de Labeyrie spécialiste landais du foie gras et du saumon fumé.
Avec Arcadie Sud-Ouest, premier abatteur régional dont il détient 43 % du capital, Lur Berri est le principal opérateur de la filière viande du Sud-Ouest. Les reprises de Spanghero, mais aussi de Destrel (ovins) dans le Lot, de Viandes de Corrèze (bovins), de Poujol (viande hachée surgelée) en Aveyron, de Découpes de l'Adour (porcs) dans les Hautes-Pyrénées, comme celle de Labeyrie (canards gras) avaient pour objectif de valoriser les productions des adhérents de la coopérative.
En s'engageant dans des activités de pur négoce, visiblement hasardeuses, et en fermant, en novembre dernier l'abattoir de Castelnaudary, principal fournisseur de matière première de Spanghero, Lur Berri ne s'est-elle pas éloignée de sa mission première ? Gageons que la décision de grandes enseignes de distribution et d'industriels agroalimentaires, de ne plus vendre que de la viande française, relancera fortement l'activité des filières concernées.
Florence Jacquemoud
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