COMMERCIALISATION DES GRAINS Les OAD sortent les griffes

La volatilité s'était mise en sommeil quelque temps. La sortie de l'hibernation lors de la récolte 2010 n'en aura été que plus intense. Gérer son risque lié à la vente de ses céréales s'impose comme le sujet prioritaire. Les agriculteurs veulent apprécier l'impact sur leur revenu de leurs prises de positions sur des contrats commerciaux, contrats à terme ou options. Cela tombe bien : les logiciels d'aide à la commercialisation des grains fleurissent en ce début d'année.

Un domaine qui se démocratise

Agritel a médiatiquement tiré le premier en annonçant la mise en ligne pour le Sima de son nouvel outil d'aide au suivi de la commercialisation, AgriNext (www. agrinext.fr). Après plusieurs semaines de tergiversations, la société de conseil a décidé de rendre libre l'accès à l'outil dans une version " light ", où l'agriculteur peut profiter gratuitement d'un certain nombre de fonctionnalités, comme calculer son seuil de rentabilité ou renseigner ses contrats physiques. Pour des applications plus poussées (simulations, suivi des positions, sécurisation du prix…), passage obligé par l'organisme stockeur. Dans le même temps, le concurrent Gephymat (www.gephymat.fr), diffusé depuis plus d'un an en direct aux agriculteurs, se met sur le devant de la scène. Conscient de la faiblesse de son réseau de vente, il s'adresse désormais aux coopératives et négoces. Mais il devra se faire un nom face à celui qui veut faire référence dans le domaine. Avec une ergonomie plus intuitive que l'offre existante, ces deux outils se donnent une chance d'intégrer les OS en tant que brique supplémentaire de leur politique d'accompagnement des agriculteurs sur les marchés. Les autres intervenants sur ce marché (Offre et demande agricole, Logaviv, Isagri…) risquent de se repositionner. La surenchère n'est pas prête d'être terminée. Agritel prévoit au moins une mise à jour par mois pour son logiciel et Gephymat veut lancer une version " hors connexion " pour les TC lors de leurs rendez-vous. L'un et l'autre se vendent en tout cas comme support d'animation de la relation avec l'agriculteur.

Les OS reconsidèrent leurs offres

En parallèle, la situation des marchés amène les OS à reconsidérer leurs offres, à l'instar de Champagne céréales, qui n'a pas hésité à présenter sa nouvelle offre sur le site internet www.mieuxvendremescereales. com. Il est en effet de bon ton de faire connaître son offre largement avant la récolte pour capter de la marchandise. Selon notre sondage (lire page 15), 36 % des agriculteurs s'étaient déjà engagés, début février, pour la récolte 2011 de blé tendre. Comment le vivent les OS qui n'ont pas proposé des contrats suffisamment tôt ? Plus que jamais, à quelques mois de la récolte, les collecteurs sont sur les dents.

Renaud Fourreaux