Ambroisie Val de Gascogne se lève pour le tournesol et les abeilles
Val de Gascogne s'est alliée au réseau Biodiversité pour les abeilles et à Jeunes agriculteurs pour alerter le monde rural sur les risques du développement invasif de l'ambroisie dans les champs de tournesol.
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« En France, 60 % du miel que nous produisons est à base de colza et de tournesol, il est donc indispensable, pour la filière apicole, que les surfaces de tournesol se maintiennent, expliquait Philippe Lecompte, président du réseau Biodiversité pour les abeilles, le 6 septembre, lors d'une conférence de presse à Plieux (Gers). Or, cette production recule de 10 % par an depuis les années quatre-vingt-dix pour des raisons économiques, mais aussi parce que les champs sont de plus en plus souvent envahis par l'ambroisie, dont il est très difficile de se débarrasser. »
Des référents ambroisie dans les communes
Très allergisante, l'ambroisie fait l'objet d'un plan national de surveillance. Depuis avril 2017, les communes peuvent désigner une personne chargée de suivre sa progression. C'est le cas du village de Plieux, qui a récemment nommé Lilian Giordano, agriculteur tout juste retraité, comme « référent ambroisie ».
Dans les champs de la commune, notamment ceux de tournesol, plus spécifiquement touchés, il guette l'apparition de cette plante envahissante et contacte les agriculteurs concernés pour les sensibiliser. « Cette année, sur huit parcelles recensées, six ont été maîtrisées mécaniquement ou chimiquement, et deux attendent d'être moissonnées, raconte-t-il. Nous interviendrons après la récolte, afin de ne pas détruire la production. »
Des mesures qui ont un coût
Toute une série de mesures peuvent être adoptées pour essayer d'anticiper et de lutter contre l'ambroisie. « Nous préconisons la mise en place d'une rotation avec des cultures plus couvrantes comme le blé, l'orge, le colza ou le sorgho, qui empêchent la plante de sortir, détaille Michaël Lafon, conseiller culture de Val de Gascogne. On peut aussi réaliser des faux semis, déchaumer, retarder les dates des semis, biner, choisir des tournesols tolérants aux herbicides et appliquer des traitements phytos adéquats. Mais cela coûte cher. Il faut compter 50 €/ha de plus que pour un tournesol sans ambroisie. Par conséquent, il faut atteindre un rendement minimum de 27 q/ha pour tirer un revenu de cette production. »
Attention au partage du matériel
Et l'on n'est pas sûr du résultat. Les organisateurs de la conférence de presse ont emmené les journalistes voir un champ de tournesol sur lequel toutes ces mesures ont été appliquées et où l'ambroisie a tout de même réussi à pousser, dès que les feuilles du tournesol ont séché et laissé passer la lumière.
Il faut aussi se méfier, lorsqu'on utilise le même matériel sur plusieurs exploitations car les outils de travail du sol et les moissonneuses-batteuses disséminent les graines, au même titre que le vent et les oiseaux. Chez Val de Gascogne, Michaël Lafon fait moissonner en dernier les parcelles les plus touchées. « Si l'ambroisie n'est pas maîtrisée, elle envahit tout et il ne reste plus rien, témoigne Laurent Dulau, agriculteur à Plieux et administrateur des JA du Gers. Chez moi, c'est la seule production sur laquelle je suis en déficit. Pour gagner de l'argent, il faudrait vendre le tournesol 400 € la tonne.
Florence Jacquemoud
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