Hauts-de-France Répondre au besoin de protéines, un devoir pour les coops
Besoins croissants en protéines végétales, difficultés à satisfaire la demande, qualité qui peine à être rémunérée… Coop de France Hauts-de-France a choisi de se focaliser sur les protéines lors de son assemblée générale qui s'est tenue le 11 juin à Senlis (Oise).
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« Selon la FAO, les besoins en viande bovine vont augmenter de 200 millions de tonnes entre 2005 et 2050, ceux de sucre et d'huile de 140 Mt et de céréales de 940 Mt, souligne Anne Wagner, présidente de Protéines France et directrice R & D de Tereos. Dans ce contexte, les protéines constituent un enjeu majeur, pour les années à venir, à la fois pour l'alimentation animale et l'alimentation humaine. »
Selon elle, les produits à base de protéines sont valorisés pour les « dilués », c'est-à-dire avec une teneur en protéines inférieure à 50 %, entre 200 et 400 €/t. Pour les « protéines concentrées », produits qui en contiennent plus de 75 %, entre 600 et 1 800 €/t. Enfin pour les isolats, c'est-à-dire les protéines quasi-pures, 2 000 à 8 000 €/t, soit 2 à 8 €/kg.
Le blé, première source de protéines
« Le monde a besoin de protéines, nous, agriculteurs et coopérateurs, nous nous devons d'y répondre », estime Bertrand Magnien, président de Coop de France Hauts-de-France. On ne l'a pas forcément à l'esprit mais la première source de protéines végétales en France, et dans la région Hauts-de-France, est de loin le blé.
« C'est pourquoi, il est très important de veiller à fournir des blés avec un taux élevé de protéines, remarque Anne Wagner. L'enjeu est très important, nous le chiffrons pour les 7 Mt de blé produites dans la région Hauts-de-France, à 70 millions d'euros par point de protéines pour le blé, soit 10 €/t. »
Les plantes riches en protéines à la peine
Les agriculteurs ont du mal à trouver un intérêt pour les plantes riches en protéines. « Le rendement en pois protéagineux déçoit trois années sur quatre, reconnaît Hans Dekkers, président de l'Ucac et agriculteur dans l'Oise. La féverole est un lointain souvenir. Le soja est attaqué de la même façon que le tournesol par les pigeons et les corbeaux. Reste le colza, intéressant pour son tourteau non OGM, mais la fraction huile de ses graines peine à être valorisée. Finalement, aujourd'hui, la production qui a du sens, c'est la luzerne autoconsommée chez les éleveurs. Le passage par la case déshydratation reste difficile, d'un point de vue rentabilité. »
Une rémunération pas assez attractive
Et en ce qui concerne les céréales, la difficulté pour encourager les agriculteurs à produire de la protéine, est qu'elle peine à être rémunérée. « Que nos orges fourragères contiennent 11 ou 13 % de protéines, elles sont vendues exactement au même prix, constate Hans Dekkers. Et on ne retrouve jamais de bonus au-delà de 11,5 % pour le blé. »
Même remarque de la part de plusieurs autres dirigeants de coopératives. « Si l'enjeu du point de protéines pour le blé, se chiffre à 10 €/t pour les industriels, il n'est rémunéré qu'autour de 1 €/t à l'organisme-stockeur, regrette l'un d'entre eux. 1 €/t ce n'est pas suffisamment incitatif pour les agriculteurs, pour financer l'attention supplémentaire qu'ils doivent apporter à la culture, les 30 ou 40 unités d'azote à mettre en plus… »
Construire une vraie filière
Les intervenants sont tous d'accord sur la nécessité de se mettre rapidement autour de la table afin de construire une vraie filière, à condition que tous les maillons soient correctement rémunérés. « Je ne suis pas inquiet quant à l'évolution du taux de protéines des blés de la région Hauts-de-France, ajoute Rémi Haquin, président du conseil spécialisé céréales chez FranceAgriMer. Je le suis beaucoup plus vis-à-vis du nombre croissant de molécules phytosanitaires qui ne sont plus autorisées ! »
Blandine Cailliez
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