Login

Normandie Isigny Sainte-Mère inaugure ses tours de séchage franco-chinoises

« Le modèle coopératif nous a beaucoup intéressés. C'est une assurance supplémentaire pour la fiabilité de notre approvisionnement », expliquait Fei Luo, DG de Biostime. A gauche, Daniel Delahaye, directeur de la coopérative Isigny Sainte-Mère. © C. MICHEL « Le modèle coopératif nous a beaucoup intéressés. C'est une assurance supplémentaire pour la fiabilité de notre approvisionnement », expliquait Fei Luo, DG de Biostime. A gauche, Daniel Delahaye, directeur de la coopérative Isigny Sainte-Mère

Le 12 juin dernier, lors de l'inauguration, les pleins phares ont été mis sur les deux nouvelles tours de séchages de lait de la coopérative Isigny Sainte-Mère. En coulisse, le projet cache un montage juridique astucieux qui a permis d'associer le privé chinois Biostime.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

« Un client peut devenir associé coopérateur à partir du moment où il représente plus de 20 % des ventes. C'est prévu dans les textes, mais cela n'avait jamais été fait. Et l'administration nous avait d'abord dit que cela n'était pas possible. Nous avons dû faire travailler des avocats pour pouvoir faire valoir cette possibilité », confiait un administrateur d'Isigny Sainte-Mère, vendredi 12 juin, à l'issue de l'inauguration officielle des deux nouvelles tours de séchage de lait infantile à Isigny-sur-Mer (Calvados). Et c'est ainsi que sur les 65 millions d'euros investis, le tiers a pu être financé par le client chinois Biostime et désormais associé non coopérateur.

Le spécialiste chinois du lait infantile qui réalise un chiffre d'affaires annuel de 600 millions d'euros, s'est par ailleurs engagé sur l'achat de 18 000 tonnes par an de poudre de lait pour une durée de quinze ans. Ce client de longue date de la coopérative d'Isigny ne s'est fourni en 2014 qu'à hauteur de 8 000 tonnes. Dès 2015, ses approvisionnements doivent croître pour atteindre entre 10 000 et 15 000 tonnes selon la montée en puissance du nouvel outil. En tout, Biostime importe en Chine chaque année entre 25 000 et 30 000 tonnes de poudre de lait infantile européen, principalement en provenance de France.« Un cas d'école unique au monde »« L'entrée d'un privé dans une coopérative, est un cas d'école “unique au monde” qui est étudié dans la plus grande Ecole de commerce de Chine, a souligné Fei Luo, le fondateur et directeur général de Biostime. Pour nous, c'était aussi très intéressant de nous associer à une coopérative. Nous y voyons une meilleure sécurité dans nos approvisionnements. »Côté coopérative, en plus de monter un dossier juridique parfois complexe, « il a fallu faire preuve de beaucoup de pédagogie pour bien expliquer et faire accepter le projet », observe Jean Schmit, l'ex-président qui a laissé sa fonction tout récemment et qui fut l'un des artisans du partenariat.Un marché chinois très strict« Avec Isigny, nous ne construisons pas seulement une relation client-fournisseur, autour d'une unité de production. Nous créons un vrai partenariat qui associe aussi le secteur de la recherche et du développement, pour nous permettre de continuer à nous différencier par la qualité », insiste Fei Luo.« Le marché chinois du lait infantile est certainement le marché le plus strict quant aux exigences sanitaires. A chaque nouvelle formulation de produit, il faut passer par des procédures très rigoureuses d'agrément », indique Daniel Delahaye, directeur général de la coopérative d'Isigny.

Camille Michel

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement