Login

Maïs grain Un beau millésime qui se fait attendre

Christian Watier

Si la collecte de maïs grain n’est pas en avance, les rendements en maïs s’annoncent bons, les prix sont au rendez-vous. En outre pour les OS, les séchoirs vont tourner. Par Renaud Fourreaux

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Contrairement à la tendance de ces dernières années, les maïs tardent à mûrir et sont assez humides. C’est ce qui ressort instantanément lorsque l’on interroge les opérateurs. « Il faut remonter à 2014 pour constater un démarrage aussi lent », corrobore Catherine Cauchard, en charge de Céré’Obs (FranceAgriMer). Les températures estivales plutôt fraîches ont ralenti le cycle de croissance. En Alsace, rien n’était rentré au séchoir InVivo d’Ottmarsheim au 12 octobre. « Il y a beaucoup de retard », témoigne son responsable d’exploitation, Nicolas Barjot, qui entrevoit une fourchette de taux d’humidité comprise entre 32 et 35 %. Chez Maïsadour, premier collecteur européen de maïs, c’est un peu plus sec : si les premiers maïs sont rentrés à 30-31 % d’humidité, on pense finir autour de 25 %.

D’ailleurs, dans un souci d’étaler cette collecte volumineuse mais aussi d’anticiper de futures hausses des prix du gaz, les OS cette année ont incité plus que d’habitude à livrer tôt. Quitte à récolter humide. Mais les ristournes font par exemple qu’un maïs livré à 35 % d’humidité peut être payé comme s’il était réceptionné à 30 %. « Ces incitations permettent d’amorcer la pompe, estime Nicolas Barjot, et ça peut intéresser certains qui ont besoin de libérer leurs terres pour implanter du blé, par exemple, mais ce ne sera pas suffisant pour rattraper le retard et absorber des volumes qui seront collectés jusqu’en décembre. »

Sans doute plus de 100 q/ha

Autrement, la récolte s’annonce prometteuse, la culture ayant pu bénéficier de pluies abondantes. « Le potentiel de rendement est maximum en sec et en irrigué, soutient Catherine Cauchard. La différence entre les deux devrait être assez faible. » Ce que confirme Bruno Schrijvers, chez Maïsadour : « Les rendements sont excellents pour la partie non irriguée au sud de notre territoire (110 q/ha, à peu près le double de l’année dernière), En revanche, la partie irriguée au nord a manqué de chaleur, les rendements sont bons mais pas exceptionnels. » Le rendement moyen global avoisinerait les 10 t/ha (contre 7 l’an dernier) pour une collecte de 590 000 t (dont 230 000 t de maïs spéciaux). En Alsace, Nicolas Barjot constate que « partout les champs sont beaux, on se dirige vers une bonne année, autour de 120 q/ha de moyenne ».

Au niveau national, selon Agreste, le rendement du maïs grain (y compris maïs humide, mais hors semences) est ainsi revu à la hausse, à 98,1 q/ha contre 82,7 q/ha en 2020 ; néanmoins il « sous-estime la future récolte », relève-t-on chez FranceAgriMer. Il est tout à fait probable qu’on se dirige vers un rendement à trois chiffres, amenant une production au-delà des 14 Mt malgré des surfaces en net retrait (1,4 Mha contre 1,6). D’autant que les prix élevés favorisent un transfert de surfaces initialement destinées au maïs ensilage vers le maïs grain, transfert estimé par Agreste à 67 000 ha.

Des volumes additionnels

Quant aux cours du maïs, ils font plaisir aux trésoreries. Les 250 €/t ont même été atteints sur l’échéance novembre d’Euronext. Même si une bonne partie de la marchandise a été engagée avant la réelle hausse de ces derniers mois, cette récolte promet des volumes additionnels qui pourront être valorisés.

Bref, des bons rendements, à des bons niveaux de prix, certes des surcoûts de séchage mais peu de charges d’irrigation. « C’est plutôt bien parti, reconnaît Thomas Joly, animateur de la filière chez Arvalis. Il y aura peut-être des records de chiffre d’affaires. » Que les maïsiculteurs en profitent car pour l’année prochaine, la hausse des charges de fertilisation sera inévitable. Voire des modifications d’assolement en défaveur du maïs.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement