UFS : « Faire la distinction entre ce qui est OGM et ce qui ne l’est pas »
Blocage sur le plan réglementaire, insécurité juridique, distorsion de concurrence… Le flou qui encadre les nouvelles méthodes de sélection des plantes depuis des années a poussé l’UFS à demander une réouverture de la réglementation européenne sur les OGM.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Aujourd’hui, les sélectionneurs français craignent d’utiliser les méthodes de sélection les plus récentes comme la « mutagénèse dirigée », par peur de voir leur nouvelle variété être classée OGM. La façon d’interpréter les textes crée une insécurité juridique pour les semenciers. Les colzas résistants aux herbicides obtenus par mutagénèse aléatoire et culture in vitro, actuellement autorisés, pourraient à l’avenir être considérés comme OGM.
La classification OGM, des coûts rédhibitoires
« Appliquer la réglementation OGM aux plantes issues des techniques récentes de mutagénèse entraînerait, pour la constitution du dossier d’homologation d’une nouvelle variété, des coûts rédhibitoires de 35 à 50 millions d’euros, a souligné en visioconférence de presse le 7 avril, Laurent Guerreiro, président du comité Obtention de la section Maïs et sorgho à l’UFS et DG de RAGT semences. Cela se traduirait par une diminution du nombre d’entreprises ayant accès à ces méthodes, une diminution du nombre d’espèces travaillées et une perte de diversité. Le contraire de ce que veulent certains de nos opposants. » Sans compter que pour lui, classées OGM, ces variétés se heurteraient à la non-acceptabilité par le grand public.
La façon dont les différents pays européens interprètent la réglementation européenne crée aussi une distorsion de concurrence entre semenciers européens.
Sortir de l’impasse réglementation
« La réglementation actuelle date de 2001, rappelle Rachel Blumel, directrice générale de l’UFS. Depuis vingt ans, c’est le statu quo. Or depuis, de nouvelles méthodes de sélection ont vu le jour. » Les questions d’associations et d’ONG opposées à quasi toutes les formes de sélection, ont provoqué des allers-retours depuis des années entre la France et l’Union européenne, sollicitant à tour de rôle le gouvernement, le Conseil d’État, la Cour de Justice européenne… et depuis tout est bloqué. Pour sortir de cette impasse, l’UFS, avec 27 organisations professionnelles, demande la réouverture de la réglementation sur les OGM.
« Nous suggérons que ne soient pas considérés comme OGM, les plantes obtenues par croisement sexué et les plantes obtenues par mutagénèse pour lesquelles ne subsiste pas d’ADN étranger dans leur génome, explique Emmanuel Lesprit, directeur du pôle Amélioration des plantes à l’UFS. Nous proposons par contre que les variétés entrent dans le périmètre de la réglementation sur les OGM si elles contiennent de l’ADN étranger. »
Blandine CailliezPour accéder à l'ensembles nos offres :