Premières betteraves du programme Aker attendues en 2025
Le 18 septembre s’est clôturé à Cappelle-en-Pévèle (Nord) l’un des plus ambitieux programmes de sélection engagés en betteraves sucrières en France, le programme Aker, qui a mobilisé onze partenaires pendant huit ans.
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Si l’objectif de départ d’Aker était de doubler la vitesse d’augmentation du rendement pour permettre à la betterave de concurrencer la canne, et de passer de + 2 à + 4 % de gain de productivité par an, les chercheurs ont été depuis, obligés de revoir à la baisse ce cap ambitieux.
« Les temps ont changé, reconnaît Vincent Laudinat, DG de l’ITB et président du comité interprofessionnel. Le réchauffement climatique s’est accentué et de nouveaux bioagresseurs comme des viroses sont apparus, les demandes sociétales se sont aussi faites de plus en plus pressantes. » Le potentiel de rendement a effectivement augmenté, mais l’accroissement du rendement effectif au champ s’est ralenti, voire a baissé. Et c’est finalement à d’autres critères de sélection que le programme, basé sur une exploitation très large de diversité génétique, va permettre de répondre.
Des critères de résistances aux maladies
« Nous avons mis en évidence une augmentation de rendement dans le matériel sélectionné qui est allé jusqu’à 112 % des témoins, a précisé Bruno Desprez, président de Florimond Desprez Veuve & Fils, président du comité de coordination d’Aker. Les résultats sont encore plus intéressants sur des critères de résistance aux maladies telles que la cercosporiose. Les premiers hybrides issus de ce programme pourraient être déposés à l’inscription au CTPS en 2022 et être disponibles pour les agriculteurs en 2025. »
Pour lui, le programme offre un potentiel de diversité formidable qui va permettre de répondre à de nouvelles questions qui ne manquent pas de se poser, telles que la résistance au stress hydrique ou à certains bioagresseurs, et en particulier, à la jaunisse. Sur ce point, le semencier estime que les premières réponses ne viendront pas avant cinq ans.
L’exploitation de la biodiversité
« Aker est un exemple sans précédent d’exploitation de la biodiversité, ajoute Christian Huyghe, directeur scientifique Agriculture Inrae, chef du projet. À moyen terme, les perspectives du programme sont d’une richesse inédite. En termes de progrès génétique, l’élargissement très significatif de la diversité permet d’envisager un progrès important pour les caractères agronomiques majeurs, et cela pour plusieurs décennies. »
Les nombreux outils mis au point dans le cadre du programme de recherche vont aussi permettre selon les chercheurs de répondre aux nouveaux défis de la culture comme l’adaptation aux semis précoces dans des conditions froides pour allonger la durée de végétation, l’adaptation au stress hydrique estival de plus en plus fréquent, le développement de variétés moins dépendantes des produits phytopharmaceutiques, herbicides ou fongicides, et moins gourmandes en azote.
Blandine CailliezPour accéder à l'ensembles nos offres :