TRANSFORMATION Axéréal « s'industrialise »
La première coopérative céréalière, en passe de croquer Cargill Malt, a pour la première fois vendu plus de grains en filière qu'à l'export.
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Depuis quelques mois, la coopérative travaille dans le cadre de son plan Ambition 2022 à l'élaboration d'un « vrai modèle agricole de rupture qui soit beaucoup moins lourd, davantage en adéquation avec les attentes des agriculteurs et des clients ». L'idée est d'ajouter le plus de valeur possible au grain en misant sur la transformation, en France et à l'international. « Cela peut choquer, mais on est dans l'industrialisation du travail du grain », résume le président Jean-François Loiseau.
80 % des adhérents en filière d'ici 2022
Pour cela, Axéréal a d'abord renforcé son organisation en filières, c'est-à-dire pour lesquelles les ventes sont contractualisées. Cela concerne des productions sous contrats à destination des clients externes ou internes (Boortmalt, Axiane meunerie, Axéréal élevage), des filières industrielles spécifiques (blé meunier label rouge, production sous cahier des charges CultivUp), du bio et des cultures de spécialités. Pour la première fois, lors de l'exercice passé, la valorisation de la collecte dans ces filières industrielles a dépassé le marché des commodités. « Sur 4,6 Mt, nous n'avons plus que 2 Mt exportées, c'est-à-dire exposées au marché », se réjouit le DG, Paul-Yves L'Anthoën. Axéréal ambitionne que 80 % de ses adhérents soient en mesure d'intégrer une filière d'ici 2022.
L'annonce du projet d'acquisition des activités malt de Cargill va dans ce sens, celui de mettre le paquet sur la transformation industrielle. Déjà, Boortmalt, dont « les dix malteries tournent à pleine capacité depuis de nombreuses années », dispose de la plus grosse malterie au monde à Anvers (470 000 t), devant celle de Cargill à Rosario, en Argentine (330 000 t). La filiale d'Axéréal poursuit l'accroissement de sa capacité de production qui va passer de 1,1 Mt à 1,3 Mt d'ici un an, avec l'extension de sa malterie irlandaise et la construction d'une unité éthiopienne. Parmi « les malteurs les plus rentables », elle a vu son EBE doubler en quatre ans sans croissance externe, un doublement étant à nouveau prévu dans les quatre années à venir. La levée de fonds de 150 M€ effectuée à l'été 2017 auprès des investisseurs Temasek, Unigrains et Tereos, servira en partie à l'acquisition de Cargill Malt.
Réduction massive des coûts
« Il y a d'une part des entreprises qui vendent des intrants, collectent, et poussent la marchandise. Et une autre école qui transforme la collecte pour aller chercher de la valeur », distingue Jean-François Loiseau, qui choisit de fait la deuxième catégorie, en évoquant par ailleurs la rupture opérée par Axéréal avec « le dispositif de silos, de moulins, d'usines, sur lequel nous nous sommes reposés ces cinquante dernières années ». Cette réduction massive des coûts se traduit par la simplification de l'organisation de la coop avec le passage de 17 à 6 sections, la mise en sommeil de 150 silos et la fermeture de deux moulins. « Il y a un schéma directeur qualitatif sur la supply chain qui est à construire en France. Cela va demander des investissements différemment positionnés et une logistique repensée qui fera appel à de l'intelligence artificielle. »
Renaud Fourreaux
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