PORC La Cooperl sur le grill
En se retirant du marché du porc breton le 10 août, la coopérative a mis le feu aux poudres. Décryptage des événements de l'été, loin d'être terminés.
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« Les capitaux de la Cooperl [...] n'ont pas vocation à financer un cours politique », annonçait la coopérative dans une lettre à ses adhérents le 6 août, justifiant son retrait du marché du porc breton (MPB) de Plérin, comme Bigard. Elle y achète 10 000 des 110 000 porcs qu'elle abat chaque semaine. « Physiquement, environ 13 % des porcs français y transitent, et le prix influence la quasi-totalité de la production nationale », explique Michel Rieu à l'Ifip. Une décision qui a porté un coup à des éleveurs sous l'eau, qui avaient arraché mi-juin un objectif de cours à 1,40 € (lire p. 52).
« Des pertes colossales »
Quant à la Cooperl, elle évoque des « pertes colossales » : dans La Nouvelle République, Yves Debien, administrateur, évoquait 8 M€ perdus en six semaines. La coopérative, qui exporte 35 % de sa production, expliquait le 12 août qu'avec ce prix fixe, « 0,28 € sépare le cours français du cours allemand, et 0,38 € du cours hollandais ». Et la situation ne va pas s'arranger : « D'une manière générale, les cours tels qu'ils se forment sur le marché européen sont plus bas en fin d'année, fait part Michel Rieu. Pour maintenir à 1,40 € le prix de base payé aux éleveurs, il va falloir trouver un nouveau moyen pour prendre en charge la différence. » Pour retourner à Plérin, la Cooperl veut « une modernisation des règles de fonctionnement » du MPB. Contactée le 24 août, elle assure que « des discussions sont en cours ». Mais ce même jour au Cadran, s'adressant aux deux grands absents, Daniel Picart, président du MPB, déclarait : « Ils rentrent, ils achètent et après seulement on discute », rapportait Le Télégramme.
La compétitivité, sinon rien
Le mois d'août aura été rythmé par des réunions chez le ministre de l'Agriculture. Le 18, c'était au tour de la Cooperl et Coop de France. « Les échanges ont été constructifs », affirmait Philippe Mangin à sa sortie. Mais le sujet est loin d'être clos. Le 25 août, le Sniv-SNCP et Coop de France annonçaient qu'ils ne participeraient pas aux réunions organisées en fin de semaine par le ministre sur les relations commerciales, arguant que : « Les entreprises ne peuvent se réunir, ni sur des promotions déjà programmées, ni sur de nouveaux modes de commercialisation, tant que les éléments d'équilibres économiques essentiels au bon fonctionnement du marché ne sont pas retrouvés. » « Il est absolument central d'avancer sur la question de la compétitivité », appuie Pascal Viné, DG de Coop de France. « Il faut retrouver de la compétitivité dans les exploitations. Avec une réelle harmonisation européenne », abonde Frédéric Carré, président de la FC2A, fondée par la FFCB et la FNA.
Marion Coisne
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