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Export L'appel de Thierry Blandinières à fusionner les bureaux de trading

Thierry Blandinières, DG d'InVivo, a enjoint les acteurs de la filière export à travailler ensemble à un nouveau modèle compétitif collectif. © R. FOURREAUX

Le directeur général d'InVivo a défendu l'idée de « fusionner les bureaux de trading et repenser complètement la supply chain », lors d'un débat organisé par le think tank Agridées le 22 janvier à Paris. Extraits de son plaidoyer.

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Cela fait quelques semaines maintenant que certains dirigeants du secteur coopératif évoquent à nouveau une volonté de réorganisation de l'offre et de la logistique à l'export. Le think tank Agridées vient également de rédiger une note intitulée « Filière céréalière française : construire une stratégie d'exportation », et d'organiser un débat le 22 janvier avec les acteurs du secteur. Thierry Blandinières en a profité pour présenter publiquement sa position et envoyer un message au marché.

« On a été les rois pour détruire de la valeur »

« Je parle librement de ce métier-là car je ne suis pas expert, j'observe depuis quatre ans avec un oeil extérieur et je me dis qu'il faut un peu de bon sens. Du champ au bateau, il y a énormément d'intermédiaires. On est un peu dans le millefeuille à la française, et ça coûte. On n'est pas du tout compétitifs. »« Par ailleurs, Granit, InVivo, Lecureur, on est en compétition, et au final, on a été les rois pour détruire de la valeur entre nous sur les appels d'offres. Quelque part, les bureaux de trading français ne vont plus continuer à vendre à perte et à sponsoriser la filière. On a toujours subventionné la filière en faisant des péréquations sur d'autres métiers. »

« Réduire les coûts d'intermédiation de 5 à 10 €/t »

« Est-ce normal de continuer sur ce business model ? Il faut changer cela. Je crois qu'il ne faut plus qu'un seul bureau de trading coopératif, une seule offre France. Par exemple, quand il y a un appel d'offres algérien, il faut une seule réponse à un prix de marché. Fusionnons les bureaux de trading, alignons les flux. »« Face à une concurrence internationale organisée, c'est le moment de faire une révolution culturelle. Il nous faut absolument inventer un nouveau modèle compétitif collectif, repenser complètement notre supply chain, pour réduire les coûts d'intermédiation de 5 à 10 €/t sur le blé et, en même temps, remonter le coût du fob de 5 à 7 €/t pour pouvoir investir dans les installations portuaires. Le digital est un formidable alibi pour faire ce qu'on aurait dû faire et que l'on n'a pas encore fait. »

« On ne demande pas le leadership »

« Comment on s'organise pour travailler ensemble ? Il faut partir du marché, des clients, trouver une organisation de l'offre, tout en préservant le revenu de l'agriculteur. Ce n'est pas un exercice compliqué : il s'agit d'exporter 8 à 10 Mt de blé vers pays tiers tous les ans, du blé qu'il faut savoir segmenter en fonction des marchés, qu'il faut savoir produire de manière spécialisée sur la chaîne de valeur. »« Il y a un alignement sur le constat. Il faut qu'on ait le courage d'aller au bout et de mettre le sujet sur la table. Ca va mettre la pression sur l'organisation des OS, du trading, tout le monde doit se remettre en cause, mais ça passera par des restructurations intelligentes. On ne demande même pas le leadership, on est prêts à regarder les candidats pour piloter ce nouveau projet et l'accompagner. Je pense qu'il y aura des avancées significatives dans les semaines qui viennent. »

Renaud Fourreaux

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