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Adamah BioHof sert le bio à domicile

C. Dequidt

Adamah BioHof, leader de la distribution de produits bio fabriqués en Autriche, est une réussite spectaculaire. Mais n’est-ce pas l’arbre qui cache la forêt de la difficulté des filières à valoriser durablement le bio ?

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Au milieu de la plaine Marchfeld à l’est de Vienne, les terres arables sont exceptionnelles et le climat est continental. Cela permet une pleine expression du potentiel génétique des plantes et des arbres fruitiers. Créée dans les années soixante, la ferme Adamah s’est convertie à 100 % en bio dès 2000. « Le prix des terres varie de 70 000 à 120 000 €/ha, tant elles sont rares », précise Elmar Fischer-Neuberger, gendre du fondateur et responsable des marchés et de l’innovation de l’entreprise. « Nous n’avons eu comme seul moyen pour survivre que de valoriser au maximum la valeur ajoutée en maîtrisant nos marchés et en faisant du bio. »

Créer un volume pérenne et régulier

Rapidement, la famille fondatrice va s’étendre en créant une coopérative de producteurs qui cultivent aujourd’hui 350 ha avec une centaine de productions différentes, essentiellement des légumes et des arbres fruitiers, avec en rotation 20 % de céréales à paille, dont 50% de la récolte sera convertie en pain par le groupe . « Nous avons mutualisé les productions de 85 petits producteurs locaux, la plupart en double activité. Nous leur apportons les services agronomiques, marketing et communication en contrepartie d’une livraison et d’une vente sous la marque Adamah BioHof, avec du bio uniquement. » Adamah est devenu un label synonyme de diversité biologique, de goût et de protection de l’environnement. Les inévitables émissions de CO2 sont compensées par le soutien de projets de protection du climat Regreen. Elle emploie une trentaine de personnes en réinsertion sociale dans son atelier de conditionnement et une cinquantaine dans les champs à temps partagé.

Assurer la vente de façon pérenne et régulière a été le pari gagnant d’Adamah. « Dans un pays comme l’Autriche, de moyenne montagne, très sensible à l’écologie, il fallait jouer la carte citadine mais aussi des villes frontalières comme Bratislava ou Budapest dans un rayon de 200 km. Nous avons fait des études sur la demande et nous nous sommes aperçus que nos clients étaient prêts à payer 10 % plus cher que dans la grande distribution, si nous leur fournissions du local, et en plus bio. » Elmar imagine alors d’élargir la gamme aux produits laitiers, aux jus de fruit, fruits à coque, plats préparés, à la charcuterie ou encore à la boulangerie. « Nous avons créé un réseau de partenariats de fournisseurs qui avaient la même éthique que nous. »

La démarche est simple. Les clients peuvent choisir soit une « box » déjà préremplie à un prix fixe, soit une « box » qu’ils composent eux-mêmes et qui leur sera facturée au poids. Une flexibilité de commande, sans emballage, sans file d’attente, avec un lien direct à un agriculteur local reconnu. Le concept a connu un succès rapide. Les commandes s’effectuent sur internet à 95 %. Moins de 48 h après, la box est livrée par l’une des 25 camionnettes électriques logotypées de l’entreprise. « Nous avons en référence 45 000 clients. Chaque semaine, plus de 6 500 colis sont livrés. Le chiffre d’affaires par box est d’un peu plus de 32 €. La livraison est gratuite pour une commande minimale de 21 €. » Dans l’atelier, la démarche est très artisanale car aucune box n’est semblable et n’a le même poids. Les livraisons se font 6 jours sur 7. Les remarques des utilisateurs sur Google sont édifiantes, comme celle de Jenifer : « Nous utilisons les services de livraison une à deux fois par semaine depuis plusieurs années. Les légumes comme les fruits sont toujours de qualité et certains produits laitiers ont un certificat Demeter, sans parler du goût incomparable de la charcuterie. Aujourd’hui, nous avons utilisé la vente pour les jeunes plants biologiques pour l’autoculture… » L’entreprise est aussi présente dans plusieurs marchés de proximité de la ville de Vienne et y développe un marketing de proximité.

Certains clients se rendent directement à la ferme pour s’approvisionner au magasin libre-service qui développe un CA de 600 000 € par an. Un programme très varié d’évènements amusants et éducatifs comme les cours de cuisine, le marché de jeunes plantes au printemps, la fête de la ferme à la fin de l’été ou les fêtes comme Pâques, Noël ou Halloween, pour les grands comme les petits, attirent 3 000 personnes par an.

Une croissance annuelle à 2 chiffres

On constate en Autriche, premier pays producteur bio en Europe avec 28 % des surfaces et 24 % de la production, un tassement de la demande et une chute des prix des produits qui a tendance à se rapprocher dangereusement du conventionnel (lire encadré). Ce n’est absolument pas le cas pour Adamah qui a été pionnier dans l’offre et le service bio à domicile, ce qui lui permet d’être leader aujourd’hui. « Notre avenir passe par un agrandissement de l’offre par la surface. Nous devons trouver de nouveaux producteurs, car la demande est là, et viser, comme les années passées, une croissance annuelle à 2 chiffres. »

Christophe Dequidt

© C. Dequidt - Elmar Fischer-Neuberger, gendre du fondateur et responsable des marchés et de l’innovation d’Adamah, est fier du chemin parcouru.

© C. Dequidt - Une flotte de 25 camionnettes électriques fait de nombreux aller-retour vers Vienne chaque jour.

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