Le palmarès des coops et des négoces
Au cœur des évolutions en cours, malgré les questions en suspens, coopératives et négoces bougent leurs lignes pour maintenir le cap, par des rapprochements, développements de filières, formations des équipes, voire nouveau modèle économique… Gagner en flexibilité, en agilité et en maturité pour ne pas laisser l’incertitude dicter sa loi. C’est sûrement un défi majeur pour des entreprises qui méritent d’être mieux connues de par leur implication territoriale et le vivier d’emplois qu’elles abritent. Dossier réalisé par la rédaction et ses correspondants en régions
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Comment maintenir le cap dans un monde en mouvement permanent ? Le secteur agricole et agroalimentaire n’y échappe pas. Dans ce dossier qui démarre l’année 2020, nous avons souhaité donner le tempo sur les différents territoires que couvrent vos organisations. Outre le rituel palmarès des coopératives et négoces, assorti de sa carte situant les 50 premières entreprises classées selon leur CA appro-collecte, un point d’étape est proposé par région sur le monde des coopératives et négoces.
Dans ce tour d’horizon par région, on observe que toutes ces entreprises évoluent malgré l’incertitude ambiante. Elles osent même avancer sur un dossier tel que la séparation du conseil et de la vente, à l’image d’Unéal, d’Agora ou encore de la coopérative Bourgogne du Sud. D’aucuns peuvent estimer que c’est prématuré tant que les textes officiels ne sont pas publiés. Quoi qu’il en soit, c’est une façon de préparer les équipes, mettre en place un système allant vers plus de transparence, d’agilité et de flexibilité. Sans forcément perdre le fil rouge de ses valeurs que les statuts peuvent transcrire dans la raison d’être de l’entreprise, si elle le souhaite, selon l’article 1835 du code civil. Et se faire valoir comme entreprise à mission.
Une mission qui est cependant bien chamboulée. Comme le faisait très justement remarquer Dominique Chargé, président de La Coopération agricole (ex-Coop de France), le 13 décembre, devant les élus de la future union Eureden, « il y a dix ans, le secteur agricole et agroalimentaire réglait ses problèmes en interne. Aujourd’hui, l’ensemble des parties prenantes s’est invité et on doit composer avec elles. Notre réflexion se poursuit maintenant avec eux : c’est un grand changement ».
Les sujets agricoles sont devenus les sujets de tout le monde. Ce qui peut se comprendre puisque l’agriculture fait partie du territoire. Mais on connaît les dérives que cela implique. Cependant, il s’agit désormais de composer avec et d’être attentif aux signaux envoyés.
Pour exemple, la nouvelle initiative « Convention citoyenne pour le climat » dont le top départ a été donné par Emmanuel Macron le 25 avril 2019, et qui est sous la tutelle du Cese. Elle peut traiter « des questions relatives aux économies d’énergie, à la rénovation thermique des logements, à l’agriculture, aux mobilités, à la fiscalité écologique et à tout autre verrou ou levier d’action qu’elle jugera pertinent », indique son site internet. Cette initiative, prise dans la foulée des gilets jaunes, du grand débat national et de la pétition « l’affaire du siècle », réunit 150 citoyens tirés au sort et appelés à élaborer ensemble des propositions destinées à permettre la réduction de 40 % des émissions de gaz à effets de serre de la France d’ici à 2030, tout en rendant cette transition socialement acceptable.
Le pacte vert européen
La nouvelle politique agricole commune va aussi donner son tempo. Trois de ses neuf objectifs s’articulent autour du changement climatique, de l’environnement et de la biodiversité. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a présenté le 11 décembre dernier son plan pour le climat, le pacte vert européen ou encore le Green New Deal.
Le lendemain, le sommet européen a abouti à un accord à devenir neutre sur le plan climatique d’ici à 2050, un signal fort de l’UE en pleine Cop25, mais grevé de l’absence de la Pologne, non convaincue.
C’est pour aborder les enjeux sociétaux, environnementaux et des marchés et l’ensemble des transitions à opérer que Coop de France a revêtu une nouvelle identité. « Nous avons besoin d’un nouveau souffle. Nous avons besoin d’un nouveau projet commun », a lancé Dominique Chargé au ministre de l’Agriculture présent au congrès, avant la projection de la vidéo annonçant la nouvelle identité de la fédération des coopératives agricoles.
Toutefois, notre dossier témoigne que coopératives et négoces ont déjà pris la mesure de ces enjeux. Cependant, ces entreprises sont confrontées à la réalité économique de leur quotidien. Aussi, elles souhaitent « plus de souplesse et un meilleur accompagnement des services de l’État », comme le souligne Frédéric Carré, président de la FC2A, lors de son colloque le 29 novembre. Ce que corrobore, de son côté, Dominique Chargé en citant les leviers à activer pour retrouver de la compétitivité : « Nous avons besoin de réduire la complexité administrative dont nos activités souffrent, de favoriser l’innovation, de nous pencher sur la gestion de l’eau, les infrastructures de transport, la transition numérique et la question de l’export ».
Le terrain reste dans l’action
Et il existe surtout un besoin de créer de la valeur. Besoin qui a guidé le colloque de la FC2A qui en a fait son fil rouge. « On ne peut pas partager ce que l’on n’a pas créé », observe pour sa part Dominique Chargé.
Là aussi, coopératives et négoces ne sont pas en peine d’idées et savent faire jouer l’esprit collectif : dans les Hauts-de-France, Unéal, Noriap, NatUp et Semences de France ont créé, autour de la semence, l’union Exélience, assortie d’une belle usine. En Bourgogne-Franche-Comté, l’Alliance BFC a fondé Selvah, société pour l’extrusion de légumineuses valorisées en alimentation humaine. En Paca, Coop de France Alpes-Méditerranée et les fédérations régionales de la meunerie et de la boulangerie lancent en février une filière « céréales-farine-pain » courte et intégrée. La HVE se développe avec Groupe Dauphinoise et La Tricherie autour d’Agromousquetaires. La filière blé CRC essaime aux autres coins de l’hexagone. En bio, les négoces Agricentre Dumas et Villemont ont créé Bio Crops services. Sans parler de toutes les initiatives individuelles citées dans nos pages.
Quoi de mieux que d’être en fait dans l’action pour contourner les discours anxiogènes ?
Hélène Laurandel
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Le palmarès des coops et des négoces 2020
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