Auvergne-Rhône-Alpes, Paca En avant les filières blé de qualité
Les Siqo, le bio, le CRC, la HVE se développent sur ce bassin de consommation dense et au pouvoir d’achat plutôt élevé. Dans le Sud-Est, 2020 se présente comme une année charnière pour cette thématique.
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Approvisionnement local, signes officiels de qualité (Siqo), bio, HVE, Coop de France Alpes-Méditerranée en connaît un rayon. Elle en a même fait son thème d’AG le 6 décembre dernier. « Nous sommes, par exemple, en train de travailler à la relance du blé dur par le bio car il y a une forte demande en semoulerie, informe sa directrice, Stéphanie Pons. Et du point de vue de la Haute valeur environnementale, le premier semestre 2020 va être déterminant puisque notre structure va travailler à mettre en place son accompagnement auprès des coopératives, tout en faisant un état des lieux dans la région Paca. Au-delà de la démarche vertueuse, c’est une clé d’entrée sur les marchés. » En particulier celui de la restauration collective. À la suite de la loi EGalim, cette dernière va devoir dès le 1er janvier 2022 se fournir à 50 % au moins de « produits durables », c’est-à-dire bénéficiaires de mentions respectueuses de la qualité des produits ou de la préservation de l’environnement, dont 20 % de bio.
Son homologue d’Auvergne-Rhône-Alpes, Jean de Balathier, abonde : « Il y a une dynamique qui se met en place en matière d’approvisionnement de la restauration collective. » Et d’observer que « la HVE, c’est un deuxième standard qui se met en place à côté de la bio ».
Cholat et dauphinoise : à fond la HVE
Côté négoce, Daniel Léon, délégué régional du comité Négoce Pyrénées Méditerranée, le confirme : « Avec la séparation conseil et vente, le bio et la HVE vont être les dossiers qui vont rythmer 2020 pour le comité régional ». En Paca, c’est la viticulture qui est aujourd’hui très dynamique sur la HVE. Perret et ses filiales proposent d’ailleurs d’accompagner leurs clients sur cette thématique. « Face à la demande croissante des consommateurs pour des démarches plus respectueuses de l’environnement, la certification HVE permet de communiquer auprès de vos clients, en vente directe comme à l’export, en valorisant votre travail et vos bonnes pratiques », promeut le groupe.
En Rhône-Alpes, la HVE se développe également en grandes cultures, plus précisément en blé. La Dauphinoise s’est engagée dans le blé HVE avec Intermarché (lire ci-contre). La coopérative a mobilisé, dès la récolte 2018, 18 agriculteurs producteurs de blé CRC pour un volume de 2 500 t. « Comme Agromousquetaires voulait aller vite, on a identifié un territoire et des agriculteurs qui étaient déjà prêts à convertir leur exploitation en HVE », indique le président, Jean-Yves Colomb. Pour accompagner cette certification, Agromousquetaires a mis en place des contrats avec un prix d’achat du blé tendre à l’agriculteur de 200 €/t, garanti pendant trois ans.
Maison François Cholat est également sur les rangs. En 2019, le négoce a collecté 9 000 t de blé pour la première année de son référentiel « Culture durable en Auvergne-Rhône-Alpes ». Cette démarche collective, qui garantit des blés cultivés dans la région, dans le respect de l’environnement, a été reconnue cet été au niveau 2 de la certification environnementale, et ouvre ainsi la voie à la HVE. L’entreprise affiche son ambition : engager plus de 200 producteurs en « Culture durable », dont 30 en HVE dans les deux à trois ans. À terme, l’objectif de la Maison François Cholat est d’utiliser uniquement des blés HVE pour l’élaboration de ses farines panifiables à destination des artisans boulangers. « Les trois réseaux Fermes Dephy de notre négoce nous permettent de tester puis de diffuser les techniques mises au point pour aider les producteurs à aller vers la HVE qui concerne non seulement une culture mais bien toute l’exploitation », rappelle Sylvain Lemaitre, en charge de ces réseaux pour Cholat. De son côté, le semoulier-pastier Alpina Savoie confie qu’un de ses axes stratégiques est d’aller vers la HVE, à horizon 2022. En Paca, si la viticulture a été le fer de lance en matière de HVE, « les autres filières s’y mettent, assure Stéphanie Pons : les céréales avec Alpesud et GPS, ou la coopérative de Beauregard en fruits et légumes. »
Une filière blé-farine-pain en Paca
En parallèle, Coop de France Alpes-Méditerranée, ainsi que les fédérations régionales de la meunerie et de la boulangerie ont œuvré à la création d’une filière « céréales-farine-pain », courte et intégrée, qui devrait être lancée en février. Avec un cahier des charges assez restrictif : utilisation de semences certifiées, pas de boues de Step, pas d’insecticide de stockage, aucune intervention systématique, etc. L’objectif est de redynamiser la culture du blé tendre en Paca par la création d’un produit de qualité régional, une baguette de tradition « Lou Pan d’ici ». Elle devrait mobiliser 1 500 t de céréales en 2020, jusqu’à 11 000 t en 2023 via des contrats triennaux. Quatre coops sont impliquées : Alpesud, CAPL, GPS et Sud céréales.
Toute cette montée en gamme dans le Sud-Est invite à la construction de nouveaux silos. Dans l’Allier, première surface agricole de la région Auvergne-Rhône-Alpes, les trois coops de l’Ucal sont en train d’en construire un chacune (lire encadré). Même chose dans le département voisin de la Loire, où Eurea a inauguré en avril dernier son nouveau silo de Savigneux destiné à absorber la production croissante de blé CRC sur son territoire. L’enjeu majeur pour ces projets est d’assurer le stockage des multiples filières de production, résultats de la segmentation croissante des productions agricoles, et dont l’attrait s’est accru à la suite des États généraux de l’alimentation.
Renaud Fourreaux
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