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Des indicateurs à consolider

Laurent Muratet @Terravita Project

Pour rendre crédible et déployer leurs initiatives, les entreprises vont devoir faire la preuve de l’efficacité de leurs actions en mesurant le gain de performance environnementale à travers des indicateurs, à ce stade prolifiques et perfectibles.

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«Pour que l’agriculture régénératrice devienne un mouvement d’envergure, il est nécessaire de traduire ses performances en résultats mesurés et prouvés par des indicateurs, reconnus, robustes et pertinents », explique Paoula Miegemolle, consultante chez Agrosolutions (lire p. 28). La filiale d’InVivo (à qui nous avons d’ailleurs emprunté, pour notre titre de dossier, l’intitulé de sa conférence au Sia sur le sujet), réalise actuellement un travail d’évaluation et d’analyse de ces indicateurs. Divers et variés, ils émergent dans les domaines de la biodiversité (nombre de cultures par hectare, pourcentage d’habitats naturels…), de l’amélioration du stockage de carbone et de la rétention d’eau dans le sol (pourcentage de sol couvert, pratiques de travail du sol…), de la réduction de l’utilisation des intrants (écart par rapport à l’IFT régional moyen, efficacité d’utilisation de l’azote, surface fertilisée avec de l’azote organique…) et de la pérennité des exploitations (revenu de l’agriculteur, formation…).

Trouver les bons KPI pour déployer

Les entreprises cherchent en effet à mettre en place des outils fiables pour renforcer la confiance des consommateurs et faciliter leur consentement à payer en prouvant leurs allégations. Elles ont besoin d’avoir les indicateurs clés de performance, les fameux KPI, pour convaincre, consolider et déployer. En outre, « les industriels vont être très bientôt obligés de rendre compte de leur impact au sens large, jusque sur l’amont agricole, renchérit Adrienne de Malleray, cofondatrice de Genesis Soil Health, spécialiste de la notation de la santé des sols. Ils vont avoir besoin d’une part de données chiffrées pour communiquer sur leur mesure d’impact, et pas que pour leurs rapports extra-financiers, et d’autre part d’identifier des leviers d’action et des exploitations modèles pour améliorer leur empreinte. » C’est d’ailleurs une des caractéristiques de cette agriculture à impact, qui s’appuie non seulement sur des objectifs de moyens, mais surtout sur des objectifs de résultats. « Avec l’agriculture régénératrice, on est vraiment dans cette logique de résultat, de mesure d’impact, corrobore Rachel Kolbe, directrice RSE chez InVivo. Et aujourd’hui, il existe une grande diversité de pratiques mais peu de comptabilité derrière, on a du mal à avoir des références à partager. Chez InVivo, nous considérons que le digital, qui vient en renfort des techniciens amenés à monter en compétences via des formations, est un moyen éminemment important pour rendre des comptes, mesurer, et montrer qu’il y a une valeur ajoutée que l’on peut monétiser. »

Faire converger les indicateurs

Pour les OS engagés dans ce type de projet, il est nécessaire en effet de rendre compte à leurs clients industriels de la performance environnementale des exploitations. « Nous sommes en train de définir des indicateurs à mesurer tout en veillant à la traçabilité, car il faut que ce soit du vrai bas carbone », rapporte ainsi Pierre-Antoine Brunel, TC chez Noriap. De la même façon qu’il va falloir faire converger les différents cahiers des charges, l’enjeu est de réduire aussi le nombre de variables et de concevoir des modèles estimatifs. « Cette logique de planifier le futur est fondamentale, car cela permet de donner des perspectives aux entreprises », abonde Jérémie Wainstain, fondateur de The Green Data, et qui a réalisé ce travail pour Danone.

Dans cet univers nébuleux des indicateurs de l’agriculture du vivant, deux galaxies planchent sur le sujet : PADV (Pour une agriculture du vivant) et la fondation Earthworm. Ces collectifs ont pour objectif d’accompagner les filières dans leurs démarches de transition vers une agriculture régénératrice, avec comme point d’entrée la santé du sol. Concrètement, il s’agit de permettre aux agriculteurs de se former aux pratiques, de développer des outils de mesure de la fertilité et de la vie des sols, et de créer de nouveaux mécanismes de rémunération, en considérant l’ensemble des services fournis par ceux-ci. L’association française PADV associe des acteurs de la filière agricole et alimentaire comme Danone, Pasquier, Système U, Flunch ou InVivo. Cette structure est à l’origine de l’indice de régénération, un outil de mesure des performances des exploitations, dédié aux producteurs et aux conseillers (lire p. 25). Earthworm, plus internationale, réunit des acteurs comme Nestlé, McDonald’s, Leclerc, U, Intermarché, McCain (lire ci-contre).

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