L’agriculture régénératrice, pas à pas
Les témoignages relevés lors d’un évènement organisé par La Coopération agricole, en juillet, démontrent que l’agriculture de régénération s’installe peu à peu, avec un mouvement collectif méritant d’être amplifié.
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Les céréales Chocapic, produites dans les usines françaises Nestlé d’Itancourt (Aisne) et de Rumilly (Haute-Savoie), seront toutes issues en 2026 de l’agriculture régénératrice ou bio. Cette annonce a été faite par le directeur général supply chain de Nestlé France lors de la Matinale sur l’agriculture régénératrice organisée par La Coopération agricole, début juillet. « L’idée n’est pas encore de valoriser à travers un prix, malheureusement, mais de sensibiliser les enfants avec, par exemple, un quiz ludique pour parler du ver de terre, explique Charles Léonardi. C’est une façon de semer une petite graine chez des jeunes qui seront peut-être plus tard ouverts à ces sujets et qui, j’espère, valoriseront les bonnes pratiques agricoles plus que leurs parents. »
Montée en régime
Nestlé céréales est engagé dans le collectif Sols vivants, piloté par la Fondation Earthworm, afin d’accompagner les agriculteurs et les OS vers l’agriculture régénératrice, avec un support technique comme la formation Icosystème, des contrats de longue durée et des primes pour les exploitations engagées. Noriap et Agora ont été les premières coops à entrer dans cette dynamique (et également le groupe Carré côté négoce). Pour sa part, Noriap compte dépasser en 2028 le cap des 10 % de sa collecte engagés par le biais de ce collectif, ainsi qu’avec le nouveau projet bâti sur le modèle Transitions développé par le groupe Vivescia.
D’autres coopératives sont aussi montées dans le train de la régénération. Maïsadour a démarré par un contrat de maïs régénératif avec 40 agriculteurs, soit 1 000 ha de maïs grain ou spéciaux et une prime de 100 €/ha. « L’enjeu maintenant est d’engager dans la transition tout le système de cultures avec 300 agriculteurs et 30 000 ha sur cinq ans de programme, avance Marion Danès de Maïsadour. Nous travaillons à ce jour les objectifs en CO2, eau, biodiversité, diversification des assolements… » Pour sa part, Terrena a nommé un chargé d’agriculture régénératrice depuis un an et projette de réaliser 1 000 diagnostics indice de régénération (l’IR de Pour une agriculture du vivant) d’ici à 2028. Et Axéréal a enrichi son référentiel CultivUp avec, notamment, des indicateurs de résultats pour booster cette transformation motivée au départ par les objectifs de décarbonation (lire encadré).
Nouvelles offres financières
Les enjeux autour de la réduction de l’empreinte carbone ne peuvent que pousser en effet la roue dans ce sens. Le levier financier restant un levier important, les pistes de financement comme les crédits carbone ou les primes filières sont une voie recherchée, à défaut de pouvoir jouer sur les prix à la consommation. Et des banques entrent en scène à l’image du Crédit Agricole Nord de France. « Nous avons lancé une offre le 18 juin basée sur l’indice de régénération de PADV. Selon son niveau, l’agriculteur pourra avoir un crédit très bonifié pouvant servir à tous les besoins sur l’exploitation. Et nous avons une offre Transition + pour financer du matériel et des intrants relatifs au changement de pratiques », décrit Thierry Lebrun, directeur de la banque des transitions au Crédit Agricole Nord de France.
« L’IR est le cœur du réacteur pour faire avancer l’innovation financière », estime Anne Trombini, DG de PADV qui a élaboré le premier PSE régénératif avec l’Agence de l’eau Artois-Picardie, un second PSE devant bientôt sortir. Un élan collectif se dessine peu à peu autour de l’agriculture régénératrice, ou, en tout cas, est à inciter selon les intervenants de cette Matinale LCA. À l’image du projet Covalo de PADV avec ses six coalitions territoriales et le concours des OS. À voir quel équilibre va émerger à terme.
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