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Pourquoi les efforts des fab doivent être mieux pris en compte dans les bilans carbone

Les méthodologies d’évaluation environnementale des exploitations agricoles, telles Cap’2ER ou GEEP, s’appuient sur des données génériques pour la partie nutrition animale. Or la valorisation de données spécifiques issues des fabricants d’aliments affinerait les diagnostics tout en soutenant une démarche de progrès dans les élevages.

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1 Lutter contre la décapitalisation

« Valoriser les actions de décarbonation réalisées par les fabricants d’aliments pour animaux par une prise en compte des données spécifiques plutôt que des données génériques soutient l’élevage », estime Éloïse Mas, responsable environnement à La Coopération agricole Nutrition animale. En effet, utiliser des données spécifiques aliments dans les outils de bilan carbone des élevages permet de quantifier les baisses d’émissions associées aux actions mises en place par les fabricants d’aliments. Sinon, la réduction des émissions de gaz à effet de serre risquerait de dépendre en grande partie de la réduction du cheptel ; l’alimentation contribuant, par exemple, pour 40 à 70 % à l’impact GES global des monogastriques.

2 Se préparer aux marchés carbone

Outre l’intérêt environnemental de la valorisation des efforts de son amont, l’élevage peut aussi y trouver un intérêt économique. Lorsque les réductions des émissions seront associées à une vraie valorisation financière via des crédits carbone ou des primes filières, utiliser des données spécifiques sera indispensable pour récompenser les efforts concrets. Si tant est que ces marchés carbone se déploient effectivement.

3 Alimenter la RSE

Que ce soit via leur propre démarche ou par l’incitation de leur propre aval, les fabricants d’aliments sont engagés dans des démarches de progrès. Passer au soja non déforestant est un levier important, actionné dans le cadre de l’engagement Duralim : atteindre 100 % de soja garanti non déforestation et non conversion en 2025 (85 % en 2024). Mais il est loin d’être le seul. Plusieurs leviers coexistent pour réduire les émissions de méthane entérique via l’alimentation : le choix de certaines matières premières, le recours à certains additifs, la conduite d’élevage… Combiner génétique, conduite d’élevage et alimentation permet de réduire par exemple les périodes improductives (rajeunissement de l’âge au vêlage, raccourcissement de l’intervalle vêlage-vêlage…).

4 Un travail collectif

À travers le choix d’approvisionnements durables, la nutrition animale peut valoriser les efforts réalisés dans la conduite des cultures (réduction des apports d’engrais par exemple). Afin d’harmoniser les pratiques, LCA NA et le Snia ont lancé, à l’automne 2024, un guide méthodologique pour le calcul de l’empreinte carbone des aliments composés, afin que le secteur fournisse des données d’empreinte environnementale fiables et comparables entre elles, appuyées sur des règles d’utilisation des données à mobiliser. Il s’inscrit dans le cadre des travaux de la Commission européenne (green labelling) et ceux de la Fefac, la Fédération européenne des fabricants.

5 Des verrous à lever

L’intégration des données spécifiques à chaque aliment utilisé par l’éleveur dans les outils des instituts techniques (Cap’2ER ruminants, Cap2’ER volailles en construction, GEEP porc) pose encore des questions, notamment techniques (remontées des données, interfaces informatiques, évolution des outils…). Restera aussi à assurer un alignement parfait avec l’objectif français d’un étiquetage environnemental des aliments et les ambitions européennes.

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