L’amidonnerie peine à reprendre des couleurs
Malgré un recul de l’inflation, la demande n’a pas rebondi en 2024. Au contraire, les amidonniers français voient leur chiffre d’affaires se contracter et alertent sur une compétitivité de plus en plus fragile.
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Pas de nouveau souffle pour l’amidonnerie française en 2024. La consommation est en berne et les coûts de production pèsent sur la compétitivité de l’industrie. « Depuis quatre ans, la consommation ne reprend pas et tire les prix vers le bas. En 2024, les outils des amidonniers n’ont pas fonctionné à pleine capacité », regrette Mariane Flamary, déléguée générale de l’Usipa (Union des syndicats des industries des produits amylacées et de leurs dérivés), lors de la conférence de presse annuelle de l’organisation, jeudi 25 septembre à Paris. Résultat : le chiffre d’affaires a chuté de 21 %, passant de 3,9 milliards d’euros en 2023 à 3,1 milliards en 2024.
Des exportations en berne
Au-delà d’une demande qui ne se relance pas malgré une pression inflationniste atténuée, la filière pâtit d’un environnement réglementaire et administratif jugé plus contraignant qu’ailleurs. « Produire en France, c’est produire avec des coûts de production plus élevés que dans le reste du monde et avec une complexité administrative telle que seule la France sait créer », dénonce Mariane Flamary.
Et si l’amidonnerie reste bien présente à l’export (71 % du CA), sa compétitivité fragile s’est traduite par un recul de 18 % du CA réalisé hors Hexagone. En 2024, les exportations représentaient 2,2 milliards d’euros, contre 2,7 milliards en 2023. La répartition reste stable : un tiers des ventes en France, un autre dans l’Union européenne, et le dernier tiers vers les autres pays, en particulier le Royaume-Uni, la Norvège et les États-Unis.
Vigilance sur la qualité sanitaire
La contraction de l’activité se répercute aussi sur l’amont. Les achats de matières premières ont reculé de 4 % pour atteindre 5 Mt, dont 98 % issues de productions françaises. Mais l’industrie amidonnière doit composer avec une autre inquiétude : la qualité sanitaire des céréales.
« Le réchauffement climatique accentue les aléas, tant sur les rendements que sur la qualité sanitaire. Or le nombre de molécules disponibles pour les agriculteurs et les organismes stockeurs diminue. Certaines mycotoxines réapparaissent sur le maïs et posent de réelles difficultés pour les produits destinés à l’alimentation animale. Modifier le seuil de mycotoxines admises en nutrition animale induirait un nombre grandissant de refus de lots de matières premières », avertit Marie-Laure Empinet, présidente de l’Usipa.
Regagner en compétitivité
Ainsi, face à un contexte mondial incertain et à l’absence de signe d’une reprise de la consommation, l’Usipa plaide pour un soutien renforcé. L’organisation demande une protection par la France et l’Union européenne contre les importations produites dans des conditions moins strictes, car « cela devient difficile de ne pas jouer avec les mêmes règles », insiste Mariane Flamary. Regagner en compétitivité suppose également d’écarter une pression fiscale supplémentaire : « Nous avons besoin d’air, on entend que cette pression pourrait être encore plus forte alors que la France est déjà le pays le plus imposé en Europe. Nos entreprises ont perdu en compétitivité à l’export, elles ne peuvent pas supporter, demain, une pression fiscale supérieure », alerte-t-elle.
Les amidonniers attendent également l’arrêt des surtranspositions réglementaires, comme l’interdiction en France de réutiliser les eaux usées traitées, une pratique autorisée ailleurs en Europe. Enfin, l’Usipa plaide pour le maintien des aides à la décarbonation : « Ce sont des investissements colossaux, nous ne pourrons pas tenir la cadence car il n’y a toujours pas de valorisation par le marché », souligne Mariane Flamary.
Car, malgré la conjoncture défavorable, la filière met en avant ses progrès : depuis 2015, les amidonniers français ont réduit de 36 % leurs émissions de gaz à effet de serre et, depuis 2019, de 29 % leur consommation d’eau. Pour cette dernière, l’effort atteint désormais un palier. Les évolutions futures dépendront du cadre réglementaire.
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