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Les fabricants contre vents et marée

La baisse des tonnages d'aliments se poursuit même si l'espoir demeure pour les aliments pour bovins et poulets de chair pour la fin de l'année. La France pourrait s'établir en dessous des 20 millions de tonnes.

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Tous les indicateurs de la nutrition animale sont en baisse : sur les huit premiers mois de l'année, les fabrications reculent de 1,4 %, seuls les aliments pour bovins montrant une légère reprise à + 0,3 %, essentiellement sous l'effet de la croissance des aliments en mash (+ 7 %). Les aliments porcs poursuivent leur chute (- 4,1 %) et les volailles sont en léger recul (- 0,6 %). Les aliments pour poulets de chair (+ 3 %) et pondeuses (+ 6 %) compensent cependant les autres catégories, notamment les aliments pour dindes qui enregistrent la plus grosse baisse (- 12 %). Lapins, ovins, caprins et équins sont aussi en baisse, comme si la diversité traditionnelle de l'offre française faisait les frais d'une crise durable. La surproduction d'oeufs, liée principalement au gain de productivité des élevages après la mise aux normes, devrait se réguler et les tonnages d'aliments poules pondeuses, qui avaient accompagné cette hausse, devraient donc se stabiliser. Les 20 Mt seront dures à sécuriser cette année.

Démarrée au printemps 2013, la détente sur les prix des matières premières n'allège finalement pas la situation de la nutrition animale. Elle pèsera de façon claire sur les chiffres d'affaires puisque le poids des matières premières y est prédominant. Elle pèsera aussi sur les volumes, certains éleveurs revenant à la fabrication à la ferme car lorsque les prix baissent, le pouvoir « tampon » des fabricants d'aliments s'amenuise.

Pas de reprise malgré la baisse des matières premières

C'est d'ailleurs ce que montre le tableau de bord établi par les syndicats de la nutrition animale : entre septembre 2012 et septembre 2013, l'indice Ipaa (prix des matières premières) baisse de 22 % quand l'Ipampa (prix des aliments composés) augmente de 1,1 %. C'était l'inverse l'an dernier. Sur le front des volumes, la tendance de fond demeure : les filières vont dans leur grande majorité plutôt mal, entraînant leur amont. La dinde, par exemple, ne parvient pas à se reprendre avec un recul de plus de 10 % des mises en place entre août 2012 et août 2013. Les activités des fabricants d'aliments étant naturellement liées à celles de leurs consommateurs, les inquiétudes sont vives. « Le Snia alerte depuis bientôt deux ans, les pouvoirs publics sur les graves difficultés auxquelles est confronté l'élevage », rappelle Stéphane Radet, délégué général du Snia. Une situation de crise aiguë qui concerne l'ensemble du territoire. La Bretagne, tête de pont en agroalimentaire, affronte des tempêtes de taille : dernière en date, la fermeture d'un des deux sites de l'abattoir Gad en porc avec près de 900 emplois perdus. Sans oublier la disparition de centaines d'emplois chez Doux, l'arrêt programmé de l'activité de Tilly Sabco en janvier 2014, qui ne se remettent pas de la disparition brutale des restitutions l'été dernier, les quatre cents salariés qui devraient être licenciés chez Marine Harvest... Le lait n'est pas en reste, même si les emplois sont moins menacés par les restructurations dans le croissant ouest. Par exemple, Coralis s'adossera en 2014 aux groupes Agrial et Eurial. Reflétant la situation des filières, sur les neuf premiers mois de l'année, la Bretagne a encore perdu 2,2 % en volume d'aliments, passant en dessous des 5 Mt, selon Nutrinoë, l'association des fabricants.

La Bretagne dans le rouge

Certains segments sont dans le rouge comme les aliments porcs (- 4,2 %) hors aliments complémentaires pour les truies et porcs charcutiers qui sont eux à la hausse. Les aliments bovins progressent (+ 1,8 %) au contraire des aliments volailles (- 1,84 %). Mais là encore, il faut relativiser : les aliments poulets gagnent 3,4 %, les aliments pondeuses, près de 6 % quand la dinde et le canard s'effondrent (respectivement - 18,6 et - 20,6 %). La crise dans laquelle s'enfoncent les productions françaises est d'autant plus dure à admettre que la consommation mondiale de produits animaux poursuit sa croissance et que la production de l'UE croît.

DOSSIER RÉALISÉ PAR YANNE BOLOH

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