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Les innovations « d'épargne » s'affichent durable

Notre dépendance aux importations de protéines motive les recherches d'économie. Un bénéfice durable, car « l'épargne » protéique influence également l'impact environnemental des formules.

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Une protéine non digérée va terminer dans les fientes, fumiers ou autres lisiers. Cette fraction « perdue » va de surcroît être rapidement dégradée en ammoniac, nitrates... Outre l'impact économique d'un apport excessif de protéines, l'inadéquation entre apport et besoin se répercute donc sur l'environnement. Inutile de dépenser plus qu'il n'est absolument nécessaire. Le progrès continu des indices de consommation illustre combien les nutritionnistes prennent en compte ce message. Ce ratio, qui mesure la conversion de la quantité d'aliments consommés en poids vif corporel, est en effet passé, entre 1970 et 2010, de 2,20 à 1,80 pour le poulet de chair standard. Cette amélioration reflète l'amélioration génétique et des conditions d'élevage, en plus de celle de l'alimentation. Elle se poursuit aux environs de 0,03 par an.

Ajustements nutritionnels

Les premiers outils à la disposition d'un formulateur sont la bonne connaissance des lots de matières premières et leur mise en adéquation avec les évolutions génétiques des animaux en production. « Une matière première doit apporter une forme disponible de protéines, rappelle par exemple Nicolas Martin, de la Fefac. Par exemple, un hectare de blé fournit plus de protéines qu'un hectare de pois, mais ces protéines sont moins facilement utilisables en alimentation animale. Même si, bien sûr, les 10 ou 11 % de protéines du blé nous intéressent. Comme un hectare de colza, l'hectare de blé fournit des protéines diluées. Les biocarburants sont ainsi pour nous une belle opportunité, car ils concentrent dans leurs coproduits tourteaux ou drèches des protéines de bonne qualité. » Et chaque lot est ensuite spécifique : non seulement à l'année, mais aussi, pour les coproduits, à l'usine de production. Le choix des matières premières sur un critère de digestibilité, la réduction des marges de sécurité permettant de « lisser » la variabilité des lots et le recours croissant aux acides aminés de synthèse, représentent autant de pistes désormais classiques. Plusieurs outils « d'épargne » protéique sont ensuite proposés par les fournisseurs, tant les firmes services que les fournisseurs d'additifs. Le Space bruissait d'ailleurs d'informations sur ce thème. Sur les stands, les solutions à base d'extraits de plantes avaient le vent en poupe. Mais aucune ne fonctionne sans être intégrée dans un programme alimentaire.

Chez Sanders, le programme Ideal Milk joue par exemple à la fois sur l'amélioration du profil en acides gras du lait (+ 25 % d'acides gras insaturés), sur la réduction de l'utilisation de phosphore, mais aussi d'azote (- 28 %) et des rejets de gaz à effet de serre (- 12 %). « En porc, nous travaillons sur le concept de la protéine idéale avec l'adaptation du niveau d'acides aminés essentiels et secondaires, en fonction de l'âge de l'animal et de l'objectif de production des éleveurs. Afin de réduire le niveau protéique dans nos rations et, par conséquent les risques de troubles digestifs et les rejets dans les fécès, tout en maintenant les performances techniques, nous utilisons de la lysine et de la méthionine », détaille Jean-Baptiste Soula, de chez Glon Sanders.

L'enzyme à action protéolytique

L'utilisation d'enzymes pour améliorer la digestibilité des matières premières est également devenue standard. Les phytases servent ainsi à valoriser le phosphore phytique des céréales. Elles permettent de réduire les ajouts de phosphore d'origine minéral donc de diminuer l'impact de l'élevage sur l'environnement. A tel point que certains pays, comme les Pays-Bas imposent désormais leur incorporation. Mais, pour la fraction protéique, seuls des mélanges d'enzymes étaient jusqu'à présent disponibles. L'action protéolytique, même si elle était revendiquée par les fournisseurs, n'était donc pas en général prise en compte dans la formulation. C'est l'argument déployé par DSM(lire ci-contre) pour soutenir sa nouvelle protéase.

Enfin, l'innovation fourmille dans les extraits de plantes et les huiles essentielles au risque de modifier les références antérieures. « Nous avons lancé un nouveau critère de formulation des correcteurs azotés et des rations pour vaches laitières, la protéine efficace, afin d'apporter aux éleveurs un outil pour économiser sans toucher aux performances des animaux », illustre Massoud Aoun, directeur et chef produits ruminants d'Idena. Ce nouveau critère fait suite aux essais réalisés à la ferme de Grignon (AgroParisTech) sur son produit, le Vertan, en comparaison au formol, référence technique en matière de protection des protéines par une méthode développée par l'Inra dans les années soixante-dix, mais remise en cause au niveau européen. « Dans ces essais, le Vertan démontre, malgré un niveau plus faible de protéines brutes et de PDI de la ration, une production laitière au moins identique au formol et une nette tendance à l'augmentation des taux. A production laitière identique, il assure une économie allant jusqu'à 100 g/jour et par vache. »

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