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Le parc industriel s'adapte

La restructuration continue, mais le tonnage moyen des usines stagne, car les fabricants répondent au besoin de segmentation des filières.

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En 1986, le nombre d'entreprises de nutrition animale flirtait avec les 545. Trente ans après, il se stabilise autour de 200 depuis 2009 (204 en 2016, 305 usines), produisant les 20 Mt de l'alimentation animale industrielle française. Les 20 % des plus grosses entreprises assurent 70 % des tonnages. Ces dix dernières années, quelques nouveaux entrants ont été recensés, comme les mashers, mais leur apparition ne comble pas la disparition des entreprises traditionnelles. La concentration s'est accompagnée d'une progression continue de la coopération, qui contrôle désormais 70 % des volumes et dont les structures sont plus grosses que la moyenne (175 000 t).

La taille des entreprises a globalement augmenté en trente ans, passant d'un peu plus de 28 000 t/an en 1986, à un peu plus de 100 000 t, aujourd'hui. Le tonnage stagne désormais. La segmentation explique pour partie cette stagnation par la multiplication des lots. « Ne parlons plus de volumes mais de valeurs. La nutrition animale répond en effet aux cahiers des charges, ce qui génère des contraintes industrielles mais apporte également de la valeur par les services développés pour répondre aux éleveurs selon leurs différents systèmes d'exploitation », estime Jean-Luc Cade, de Coop de France Nutrition animale.

Le marché est très disputé également par d'autres formes de production, comme la fabrication à la ferme, l'importation sur les zones frontalières et l'émergence de camions usines.

La région Sud-Ouest a été durement touchée depuis deux ans par les épisodes d'influenza aviaire. Les fabricants d'aliments ont ainsi perdu 9,5 % de tonnage total en 2015-2016, puis 5,9 % en 2016-2017. « Depuis juillet 2017, l'activité volailles continue à être touchée, contrepartie des mesures de biosécurité mises en place avec encore une perte de 5,3 % par rapport aux trois mêmes mois de 2016 », explique Pascal Pringault, président de l'association régionale So'fab.

Accords industriels et logistiques

Quelques investissements majeurs ont été réalisés dans les usines. Ainsi Philicot a réinjecté 2,5 M€ dans son site de Saint-Flour (Cantal). Mais la tendance principale reste la signature d'accords industriels. Par exemple, en avril 2017, Sonap a fusionné avec Dietaplus pour créer la société Sud Ouest Min dont le siège est à Arzacq (Pyrénées-Atlantique). Le capital de cette nouvelle entité est partagé entre Anibiofinances (dont les actionnaires sont les vétérinaires ex-propriétaires de Sonap), Terres du Sud et Soal. Dans la même région Sud-Ouest, la société Melila de Sainte-Radegonde (Aveyron), spécialisée dans la production de mash, a été reprise durant l'été par un groupe d'associés composés de RAGT Plateau Central (majoritaire), Arterris et le groupe Avril.

Marques indépendantes

Dans le Nord-Est, ce sont Sanders Nord-Est (groupe Avril) et Nealia (groupe Vivescia) qui ont annoncé, le 15 septembre, leur projet de créer une coentreprise industrielle qui sera effective le 1er janvier 2018 pour « mettre en place une organisation industrielle efficace », expliquent les partenaires. Après la fermeture de deux de ses usines, Nealia lui apportera ses sites de Saint-Martin-sur-le-Pré (Marne), de Pauvres (Ardennes) et de Dompaire (Vosges), Sanders en apportera quatre : Landrecies (Nord), Rethel (Ardennes), Merlaut (Marne) et Einville-au-Jard (Meurthe-et-Moselle). Les marques et réseaux commerciaux, comme les services supports conservent leur indépendance : le partenariat est bien industriel et logistique.

Dans la même zone, Unéal et Novial, qui ferme un site, ont également noué un accord industriel toujours dans la même logique d'optimisation industrielle et logistique.

Neovia poursuit sa route

Plus à l'Est, Lorial a restructuré ses productions en fermant les deux usines de Eloyes (Vosges) puis de Lemud (Moselle) pour concentrer la production à Sorcy (Meuse) et Molsheim (Bas-Rhin) en accompagnant cette évolution par des investissements. Pour Gaël Peslebre, directeur de Novial et nouveau président de l'association régionale Nutriarche : « Notre région fait preuve de responsabilité vis-à-vis des éleveurs en inventant de nouveaux modèles industriels, afin de ne pas alourdir les charges par la multiplication d'investissements. » Du côté Ouest, la fusion de Terrena, Terrena Poitou et de la Cam, au sein d'une seule entité, sera soumise au vote des AG des trois coopératives. Les accords peuvent déboucher sur la création de nouvelles activités industrielles. Ainsi, Avril et Euralis, partenaires depuis 2013, ont inauguré début septembre Sojalim. Cet investissement de 3,65 M€, adossé à l'usine Sander Euralis de Vic-en-Bigorre (Hautes-Pyrénées), va triturer 25 000 t par an de graines de soja françaises, donc sans OGM, dont 5 000 t de soja bio. Le non-OGM est un enjeu important auquel répond aussi, dans le sud de l'Allemagne, le géant ADM qui investit pour produire des tourteaux de soja non OGM.

Outre ses acquisitions à l'international (Chine, Mexique, Vietnam), Neovia poursuit sa stratégie d'expansion en France sur des créneaux à valeur ajoutée. Le groupe conforte ainsi ses spécialités en reprenant, début janvier, Agranix (Lot-et-Garonne) dont les actionnaires arrivent en fin de carrière et lui apportent notamment une compétence dans les bolus. Il en a confié la direction à Cédric Boulognie, également DG de Nutrilac. Fin janvier, Neodis, filiale d'InVivo qui possède les marque Canicaf/Catcaf, Myriad, Agrinet et Plume & Cie, acquiert la société Billaud grains (Deux-Sèvres), spécialiste de l'alimentation basse-cour, avec sa marque Pictou. Dans l'univers des minéraux et spécialités, Olmix a, par ailleurs, repris PRP technologie fin juin.

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