Le vrai-faux de l'info phytos
Le processus d'AMM phytos est régulièrement mis à l'index par des associations ou des ONG. Le point sur quatre critiques.
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1) L'impact sur les abeilles n'est pas pris en compte
FAUX. Mais ce n'est pas pas suffisant selon les apiculteurs. Actuellement, le risque pour les abeilles est évalué, pour les substances actives et pour les préparations commerciales. Au niveau communautaire, pour la substance active, « c'est la DL 50 qui est prise en compte, c'est-à-dire la dose à partir de laquelle 50 % des abeilles meurent », explique Sophie Dugué, vice-présidente de l'Unaf. Les expérimentations se font en laboratoire, par contact et par ingestion du produit, sur des insectes adultes. Pour l'Unaf, ce n'est pas concluant. « On ne voit pas l'impact sur la colonie, sur les larves », illustre Sophie Dugué. Depuis plusieurs mois, la méthodologie d'évaluation du risque sur les abeilles est en révision et des conclusions ont été récemment dévoilées. « De nouveaux tests seront en application dès le 1er janvier 2015 : toxicité chronique sur les adultes Apis mellifera, l'abeille domestique, toxicité sur les larves d'Apis mellifera, et toxicité aiguë orale et de contact sur les bourdons adultes, développe Sophie Dugué. Et dès le 1er janvier 2017, les méthodologies suivantes seront appliquées : toxicité aiguë orale et de contact des adultes Osmia sp. (abeilles maçonnes), impact sur le vol de retour à la ruche pour les adultes Apis mellifera et impact sur les glandes hypopharingiennes des adultes Apis mellifera (qui servent à produire la gelée royale, nourriture des larves et de la reine). Des débats semblent encore en cours sur le sujet. « Le projet est tellement exigeant à mettre en oeuvre que l'industrie et certains Etats membres ont fait valoir quelques difficultés pratiques qui font que le dossier est toujours en discussion », déclare Jean-Charles Bocquet, directeur de l'ECPA (association européenne des firmes phytosanitaires).
2) La toxicité chronique des phytos n'est pas connue
VRAI et FAUX. Elle est évaluée pour les substances actives, mais pas pour les produits formulés. « Tels qu'ils sont utilisés, leur toxicité chronique n'est pas évaluée, pointe François Veillerette, de Générations Futures. il y a un gros manque. » L'Anses explique qu'une évaluation en chronique est faite quand il y a une exposition chronique.
3) Les coformulants et les effets cocktails ne sont pas évalués
FAUX et VRAI. Les coformulants sont évalués, pas les effets cocktails, du moins pas systématiquement. Des études de toxicité sont faites sur les produits formulés. « Leur composition détaillée est soumise aux autorités compétentes, explique Philippe Michel, à l'UIPP. Globalement, ce sont des coformulants classiques dans l'industrie chimique, ils sont donc encadrés par le règlement REACH. Et dès la moindre modification de la formulation nous alertons les autorités. » En revanche, les mélanges ne sont pas évalués. Cela dit, quand l'Anses juge que des substances sont préoccupantes, elle réalise des évaluations cumulatives. Il n'existe actuellement pas d'harmonisation européenne à ce sujet, mais des projets seraient en cours.
4) Les études comme celle de Séralini sur le glyphosate sont ignorées
VRAI. Car elles ne respecteraient pas les méthodes officielles de l'OCDE. « Toute la littérature scientifique, y compris les études universitaires, devrait être jointe au rapport de demande d'homologation d'une matière active pesticide fourni par les industriels », dénoncent Pesticide Action Network Europe et Générations Futures, qui ont démontré que ce n'était pas le cas. « Et quand elles sont fournies, elles ne sont pas prises en compte », ajoute François Veillerette. La réponse apportée aux ONG a été que ces études n'avaient pas été effectuées conformément aux protocoles de l'OCDE (notamment les bonnes pratiques de laboratoires, BPL). « On ne dit pas que toutes les études se valent, mais qu'avoir une démarche scientifique, signifie au moins de les regarder. Le dialogue scientifique doit se faire », précise François Veillerette.
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