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Maintenir le cap en innovant

Sur fond de marchés des matières premières toujours chahutés, la production française d'aliments pour animaux devrait rester encore assez stable cette année. Mais l'érosion à long terme est indéniable alors que son premier concurrent, l'Allemagne, caracole en tête des productions européennes.

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L'industrie française de l'alimentation animale n'a pas à rougir de ses coûts de production. C'est ce qui ressort des rencontres matières premières organisées par l'Afab et Feedstim au Space 2011 où Javier Masso Oriol (Bunge Spain) comparait les coûts alimentaires en porc entre le Danemark, la France, l'Allemagne, l'Italie , les Pays-Bas et l'Espagne. Le coût des matières premières est supérieur dans la péninsule ibérique de 15 à 25 €/t à celui de l'Hexagone, soit un différentiel de 4 à 10 € par porc. Sans compter les bonnes performances techniques en élevage, comme le taux de conversion (2,93 contre 3,03 en moyenne).

La production porcine s'érode

Au total, la France affiche des coûts alimentaires à 59,8 €/100 kg de porc vivant, contre 65,4, en moyenne, dans les six pays comparés. Elle devance même sa concurrente allemande (63,9 €). Et pourtant, la production porcine s'érode. Au Space, Michel Loc'h (président de l'UGPVB) espérait une baisse de 5 % de la production européenne pour que les prix du porc remontent en élevage, sans tout à fait y croire. Comme l'explique FranceAgriMer dans son rapport de juillet 2011 sur la compétitivité des filières viandes blanches françaises, Danemark et Pays-Bas se positionnaient déjà dans les années quatre-vingt dix, grâce à leur politique commerciale (équilibre des pièces) et leur capacité d'adaptation des produits. Quant à l'avantage concurrentiel de la filière porcine allemande, il passe actuellement par le coût d'abattage (main-d'oeuvre et efficience des investissements) porté par l'optimisme de toute la filière. L'Hexagone n'arrive pas à se reprendre. Depuis le début des années 2000, les exportations françaises de viande porcine stagnent quand, parties du même niveau, les ventes allemandes ont quasiment quadruplé…

Pour le maillon alimentation animale, la tendance reste donc à la baisse en France. Et elle ne devrait pas s'inverser. A moins que les prix en grande distribution ne remontent, ce que demande avec véhémence la FICT (Fédération française des industriels charcutiers, traiteurs, transformateurs de viande). Elle s'insurgeait ainsi, le 18 octobre dernier, contre la pénurie de certaines pièces de porcs qui s'installe en Europe, induisant la flambée des prix de ses matières premières, sans que ses adhérents ne puissent en répercuter la hausse à la distribution. De son côté, la filière volaille (au moins le poulet car pour la dinde, c'est une autre histoire) conforte une croissance douce. Pourtant, la tendance de fond reste vivace : la place de la France s'érode aussi, même en Europe, le solde des échanges de viandes et de préparation de poulet avec l'UE étant passé de + 100 Mtec en 1997 à - 220 Mtec l'an dernier. La diversité des formules (50 pour une usine d'aliment volaille française contre 5 dans les autres pays de l'UE) constitue un des handicaps identifiés par FranceAgriMer.

Le marché ruminant plus serein

Le contexte est par contre plus serein en ruminant. Les éleveurs de bovins laitiers ne se plaignent plus trop des prix et les laiteries, dans l'objectif de la fin des quotas laitiers, ont envie de faire tourner leurs outils. Reste à régler la question de la contractualisation, face à laquelle les oppositions se creusent entre production (notamment les Jeunes agriculteurs) et transformation (Lactalis en tête). De son côté, la filière viande bovine souriait lors du 20e Sommet de l'élevage en observant le débat entre ceux qui veulent garder les jeunes bovins en France pour conserver de la valeur ajoutée à l'abattage français et ceux qui, comme le ministre, veulent exporter car les prix sont plus rémunérateurs au-delà des frontières… L'issue du débat influence aussi la marche des usines d'aliments. En effet, l'engraissement en France augmente leurs ventes. Au total, l'année de l'alimentation animale française devrait se solder par une croissance très légère de 0,5 au mieux 1 % sur l'année précédente. Le porc devrait poursuivre son recul comme le conforme la baisse des aliments pour truies, mais la volaille remonte et les ruminants repartent à la hausse. Les tendances publiées mi-octobre sur les neuf premiers mois de l'année devraient donc se maintenir pour les derniers mois de 2011. La croissance reste bien plus forte en Allemagne qui a repris, l'an dernier, la première place à la France des volumes européens (21,7 Mt contre 21 Mt, selon la Fefac) et dont la croissance pourrait être de nouveau proche de 4 voire 5 %.

DOSSIER RÉALISÉ PAR YANNE BOLOH

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