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Réagir aux nouvelles attentes du marché

le secteur subit de vraies tensions liées à l'évolution des modes d'achat des éleveurs ou au repositionnement de son amont.

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OGM, formol, huile de palme, graisses animales, méthane, bien-être, antibiorésistance… L'alimentation animale se trouve confrontée à de multiples questions d'image, ce qui la conduit à certaines évictions sous le poids de demandes réelles ou supposées. Quand des cahiers de charges comme ceux de Bleu Blanc Coeur, inscrit au PNNS (Plan national nutrition santé), excluent les graisses animales, il est certain que l'image de ces dernières reste négative. Quand une campagne de communication sur les produits bio (Biocoop) signale qu'ils n'ont rien à cacher et qu'ils sont sans OGM, alors que les yaourts Malo montrent des trayeurs manuels heureux sur les quais des métros parisiens, la tendance est claire : il est peu porteur de communiquer sur les produits " conventionnels ", " standard ", voire " industriels ".

l'antibiorésistance, moteur de changement

La nutrition animale doit aussi répondre à des aspects très techniques. Ainsi, les bactéries isolées en élevage sont de plus en plus résistantes aux antibiotiques. 60 % des souches d'Escherichia Coli isolées dans les élevages de porcs, 51 % en volaille et 86 % en ruminants sont résistantes à l'amoxycilline. Entre le tiers de ces souches et la moitié sont par ailleurs résistantes aux quinolones… L'élevage dans son ensemble remet donc en question ces modes de traitement des pathologies. L'Anses traitera d'ailleurs, le 18 novembre, de la lutte contre l'antibiorésistance en santé animale, dans le cadre de la journée européenne de l'antibiorésistance lancée en 2008.

Les traitements médicamenteux sont de plus en plus souvent administrés par l'eau de boisson, afin d'éviter que les molécules ne se " promènent " dans les usines d'aliments. La nutrition animale essaye aussi depuis une dizaine d'années de limiter les traitements. Ainsi CCPA communique depuis 2004 sur ses recherches dans l'univers de l'immunité. " Nous avons lancé le programme Axion pour décortiquer le stress, car la cible prioritaire des antibiotiques en élevage sont les périodes de stress : jeunes animaux, femelles péri-partum et périodes critiques que ce soit pour un changement physiologique, d'environnement ou de mode d'alimentation ", détaille Fabrice Robert, responsable R & D. L'aliment peut jouer sur deux types de stress : le stress oxydatif et l'inflammation. Les innovations CCPA portaient cette année sur le porc " Maîtrisez les dépenses de santé en combattant le stress au sevrage " et le lapin " Nouvel outil de diagnostic et de pilotage technicoéconomique et sanitaire ". Pour ce dernier, l'innovation dépasse l'alimentation pour intégrer l'ensemble des facteurs clés : bâtiment, conduite élevage, eau, prophylaxie, prévention...

Des modes d'achat en pleine évolution

Autre évolution majeure, le comportement des éleveurs. Par exemple, le marché des aliments pour ruminants doit aujourd'hui répondre à deux évolutions sensibles. La diminution du nombre de vaches laitières, chacune étant de plus en plus productive, avec l'augmentation de la taille du troupeau allaitant qui dépasse désormais les 4 millions d'animaux. La concentration des exploitations laitières, et l'augmentation concomitante de leur taille, s'accompagne d'une plus grande spécialisation des tâches dans des structures de plus en plus sociétaires.

La croissance du cheptel dépasse celle des superficies, la maîtrise des coûts alimentaires constitue la tendance majeure de ces dernières années avec, notamment, l'augmentation du nombre de mélangeuses. Ces dernières, rentables probablement dès soixante-dix laitières, permettent aux éleveurs d'utiliser, aux côtés des fourrages de l'exploitation, des matières premières comme la mélasse, voire des coproduits de biscuiterie mais surtout, les tourteaux qu'ils achètent éventuellement aux fabricants d'aliments. Ces matières premières entrent en concurrence avec les aliments complémentaires que ces derniers proposent. Certains éleveurs réalisent aussi leur propre mélange minéral, s'appropriant une partie de la valeur ajoutée amont. L'augmentation sensible du nombre et de la taille des stands de fournisseurs de matières premières tant au Space (plus orienté lait), qu'au Sommet de l'élevage (plus viande) montrent clairement la tendance. Dans le même temps, la professionnalisation des élevages viande peut s'avérer bénéfique pour les ventes de minéraux.

Améliorer la performance technico-économique

Les éleveurs interviennent de plus en plus directement sur les marchés des matières premières. Ils relancent même de nouveaux modes d'achat en commun. Plusieurs GIE se sont ainsi constitués, notamment dans l'ouest, pour l'achat groupé d'aliments minéraux, liés ou non aux achats groupés d'engrais, phytos ou de semences. C'est le cas du GAL Loudéac, assurant l'achat groupé d'agrofourniture et de produits pour la culture pour plus d'un millier d'agriculteurs qui vient d'intégrer un groupe d'une trentaine d'éleveurs coutumiers de l'achat en commun. " Notre projet pour fin 2011 est d'acheter du soja directement sur les ports ", confirme son directeur Michel Le Rall. La réponse des fabricants d'aliments, comme des fournisseurs de minéraux, tente de prendre en compte cette évolution segmentée du marché, en proposant notamment de nouveaux services en conseil technicoéconomique. Nestal l'a mis en place avec succès comme son directeur commercial Hervé Launois l'expliquait lors d'une journée organisée par l'Aftaa en début d'année. Les coopératives Maisadour et Vivadour ont de leur côté créé une structure commune, Ovalie Innovation qui sera dirigée à partir du 1er janvier prochain par Thierry Véronèse. Son objectif : identifier toutes les sources d'amélioration de la performance économique de l'exploitation, en agronomie et en zootechnie. Mais la concurrence est rude. Ainsi, les anciens contrôles laitiers (conseil élevage) se lancentils en force hors du suivi de la quantité et de la qualité laitière. Orne Conseil Elevage propose par exemple un service d'analyses des fourrages en exploitation (NIR), pour donner aux éleveurs des indicateurs, afin d'ajuster les apports d'aliments complémentaires.

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