Regain d'intérêt pour le blé
Les semenciers investissent à nouveau dans l'amélioration génétique du blé, en Europe, mais aussi aux quatre coins de la planète.
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Si la sélection du blé tendre est depuis toujours le domaine des semenciers européens, cette fois l'engouement pour la recherche dans le blé, la première espèce cultivée sur la planète, vient des Etats-Unis, de l'Australie et de la Chine.
Sur le continent américain, après que Monsanto ait annoncé l'arrêt de son programme sur les blés OGM résistants au Round'Up, en 2004, plus personne ne semblait s'intéresser à la sélection du blé. Depuis dix-huit mois, les choses ont complètement changé. Le ministère de l'Agriculture (USDA) a décidé d'investir selon l'ISAAA (International Service for the Acquisition of Agri-Biotech Applications), 40 millions US$ chaque année, dans plus d'une centaine de programmes de recherche dédiés spécifiquement à l'amélioration du blé. Les grands des biotechnologies, Monsanto en tête, mobilisent à nouveaux de l'énergie et des capitaux dans cette espèce (lire p. 32). L'effondrement des stocks de céréales en 2007 est sans doute en grande partie responsable de ce regain d'intérêt pour le blé. " C'est aussi parce qu'aujourd'hui, 75 % des Américains sont prêts à accepter les OGM de blés, alors que ce n'était pas le cas quelques années plus tôt ", soulignent les responsables de l'ISAAA. Les Australiens n'ont, quant à eux, jamais cessé de s'intéresser à la sélection du blé et sont très impliqués dans l'amélioration de la composition des grains. Et la Chine et l'Inde mettent vraisemblablement les bouchées doubles pour renforcer leurs programmes de sélection notamment pour la résistance aux maladies, aux insectes, à la sécheresse, à la salinité des sols… et aux blés hybrides.
Une attente forte en terme de sélection
En Europe, bien que le blé soit la céréale noble, la culture la plus importante en surface et la plus stratégique pour les agriculteurs, ce n'est pas l'espèce qui génère le chiffre d'affaires le plus élevé pour les semenciers. Le maïs arrive largement devant, avec par exemple, en France, des ventes sur le plan national en 2009, de 416 M€ contre 300 M€ pour l'ensemble des céréales à paille. Ce qui limite les capacités d'investissement des entreprises dans la recherche. Pourtant, les attentes des producteurs de céréales et des industriels sont aujourd'hui très fortes en matière de sélection. Ces derniers, réunis en juin dernier par Florimond Desprez, ont exprimé leurs besoins : à l'horizon 2020, ils voudraient des blés aux rendements plus élevés, plus résistants aux maladies, à la canicule, à la sécheresse, plus riches en protéines, en gluten, avec plus de paille…
Les fonds sont à la traîne
Le système de CVO, mis en place en France sur les semences de ferme de blé tendre, ne contribue que partiellement aux efforts de recherche. " Un hectare de blé semé avec des semences certifiées apporte à la recherche, 10 €/ ha en moyenne via les royalties, alors qu'un hectare semé avec des semences de ferme pour un rendement moyen de 70 q/ ha, en apporte 3,50 € via la CVO, soit presque trois fois moins, constate le Gnis. De cette CVO, en moyenne 7 M€ par an servent à renforcer l'obtention végétale en blé tendre, dont 15 %, soit 1 M€, sont destinés au Fonds de soutien à l'obtention végétale (FSOV). "
Depuis une vingtaine d'années, faute de rentabilité satisfaisante, des sélectionneurs se sont découragés, on a vu disparaître un certain nombre d'acteurs, le secteur s'est concentré. Dernier événement en date, le rapprochement de RAGT et d'InVivo pour leurs recherches en céréales à paille, avec le rachat de Serasem par le semencier aveyronnais, et la prise de participation du groupe coopératif dans RAGT. Limagrain a réussi à mobiliser 150 M€ auprès du Fonds stratégique d'investissement et, en dehors de nos frontières, sa filiale Vilmorin a conclu aux Etats-Unis une alliance stratégique en blé avec la société de biotechnologie Arcadia Biosciences et a racheté coup sur coup trois semenciers impliqués dans le blé, Genesis Seed Research, BSF AG Research et Trio Research. Dans les autres pays européens, les Allemands s'intéressent beaucoup aux céréales à paille (lire ci-dessus), et Bayer ne cache pas son souhait d'investir davantage dans les semences et en particulier dans le blé. Sur l'échiquier européen, Français et Allemands sont d'ailleurs plutôt bien placés. Selon Unigrains, figuraient ainsi en 2009 parmi les huit premiers acteurs du marché, quatre français et trois allemands.
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