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Répondre aux enjeux du XXIe siècle

Les ventes 2010-2011 de semences en France viennent de battre un nouveau record. Dans un contexte plutôt favorable, les semenciers sont conscients qu'il va leur être nécessaire de s'adapter aux grands enjeux alimentaires, mais aussi environnementaux, réglementaires et sociétaux qui les attendent.

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Les semenciers ont à nouveau le sourire. Les ventes de semences en France en 2010-2011, toutes espèces confondues, se sont élevées à 1,630 milliard d'euros. C'est 10 % de mieux qu'en 2009-2010 et 49 M€ de plus que le record de 2008-2009. " Tous les groupes d'espèces sont en hausse, à l'exception des pommes de terre qui sont restées stables ", constate Philippe Silhol du Gnis. Et tout laisse à penser que 2011-2012 sera sur la même lancée. Les résultats à l'export des entreprises françaises sont encore plus spectaculaires : une hausse de 17 % en 2010-2011 par rapport à la campagne précédente et des ventes hors frontières qui se sont élevées à 1,079 milliard d'euros.

Pour revenir au marché français, même s'ils ne boudent pas leur plaisir, les semenciers savent cependant que toutes les espèces ne sont pas logées à la même enseigne. " Ce sont surtout les semences fourragères qui ont créé la surprise en passant de 121 M€ en 2009-2010 à 165 M€ en 2010-2011, ajoute le responsable du Gnis. Après plusieurs années de marasme, les conditions climatiques très sèches au printemps ont poussé les éleveurs à investir dans la production de fourrage. A noter, aussi, que les espèces fourragères comprennent les cultures intermédiaires, un marché qui est en train de devenir significatif. " Sur la même période, les semences oléagineuses et les potagères ont aussi bien progressé, respectivement de 136 à 158 M€ et de 297 à 303 M€. Le maïs qui arrive toujours en tête et de loin, se conforte sans toutefois atteindre son niveau de 2008-2009.

" Il faut cependant nuancer ces résultats qui apparaissent dans l'ensemble plutôt bons pour les céréales à paille et les protéagineux, note Philippe Gracien, directeur général du Gnis. Même si au cours de la dernière période, les ventes enregistrent un léger mieux en céréales à paille, on est loin d'avoir regagné la chute de 15 % des ventes d'il y a deux ans. Et le marché des protéagineux souffre énormément à cause d'une forte chute des surfaces. " Pour lui, l'évolution des espèces autogames est réellement inquiétante, car il en va de l'investissement dans la recherche et à terme, de la compétitivité de l'agriculture française.

Le blé, objet de toutes les attentions

Il est d'ailleurs paradoxal que les céréales à paille traversent une passe un peu plus difficile en Europe de l'ouest alors que le blé fait actuellement, à l'échelle de la planète, l'objet de toutes les attentions. Limagrain, Monsanto, BASF, Bayer, KWS, Pioneer, Dow, RAGT… On ne compte plus le nombre d'annonces d'investissements nouveaux ou de partenariats dans la recherche en blé. Dernière en date en France, la création de la plate-forme " Breedwheat " sélectionnée dans le cadre du programme " investissements d'avenir ". Lancée le 29 septembre dernier à Clermont-Ferrand, elle associe autour de l'Inra, vingt-cinq partenaires publics et privés et est dotée d'un budget total de 34 M€ sur neuf ans. A l'échelle internationale, l'Iriwi, International Research Initiative for Wheat Improvment, décidé par le G20 de juin 2011, a été lancé officiellement, à Paris, le 15 septembre dernier. Coordonné par le Cimmyt, le Centre international d'amélioration du maïs et du blé, l'Iriwi rassemble des centres de recherche du monde entier, dont l'Inra.

Cette mobilisation sans précédent autour du blé rappelle aux sélectionneurs qu'ils ne sont pas des fournisseurs " d'intrants " comme les autres. Tout d'abord, parce que la semence est quelque chose de vivant, porteuse d'un patrimoine génétique considérable et surtout support de la future récolte. Mais aussi parce que l'on attend beaucoup de la génétique. Si l'aventure de la création variétale intéresse de nouveaux intervenants et suscite la création de programmes de recherche d'envergure, on demande aussi aux semenciers, des variétés qui apporteront des réponses précises aux enjeux environnementaux et sociétaux, de ce début de XXIe siècle. Autre préoccupation pour les semenciers français, l'évolution de la réglementation qui reste la grande inconnue des mois à venir. Elle pourrait modifier en profondeur le cadre de travail des entreprises, on devrait y voir plus clair courant 2012.

BLANDINE CAILLIEZ

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