Zone de turbulences sur les a chats de matières premières
L'alimentation animale est secouée au niveau de ses achats. Non seulement les hausses brutales de l'été ne veulent pas se calmer, mais le maïs s'emballe, et les orges s'agitent. Pendant ce temps-là, l'UE n'en finit pas de décider ce qu'est une matière première.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
La hausse brutale des prix de juin - juillet 2010 n'est toujours pas passée. Elle est survenue dans la période de transition entre les campagnes, alors que les acheteurs restent souvent attentistes, et sans aucun vrai coup de semonce. Le scénario était pourtant prévisible ou, tout au moins, certains acheteurs ne croyaient plus à des prix durablement bas dès le début juin. C'est l'un des enseignements des votes des acheteurs abonnés à Vigie matières premières (lire p. 60). " Mais ce n'est pas parce que 20 % de nos panelistes se déclaraient haussiers qu'ils sont passés aux achats ", regrette Patricia Le Cadre, animatrice de Vigie-mp.com. L'une des difficultés des acheteurs semble, en effet, d'avoir confiance dans leur propre analyse et de disposer, en interne, de soutien. Intégrer de plus en plus de facteurs distincts, des fondamentaux agricoles, aux déclarations politiques faites aux Etats-Unis, en passant par les arbitrages soja/coton dans les semis, à la guerre des monnaies, demande une expertise multiple et… la possibilité de recourir aux outils de protection comme les options. La culture des entreprises n'est peut-être pas encore suffisamment ouverte à ces outils d'arbitrage. Il faut reconnaître que le coup a été dur.
Répercussions sur le prix de l'aliment
Ainsi, entre la mi-juin et la fin juillet, sur la base des cotations publiées par La Dépêche Agricole, le cours du blé tendre rendu Bretagne s'est accru de 35 €/t (+ 27 %), celui de l'orge de 27 €/t (+ 25 %) et celui du maïs de 25 €/t (+ 18 %). De plus, les prix céréaliers, à échéance novembre, s'établissent en hausse par rapport aux niveaux actuellement enregistrés, laissant présager des cours durablement soutenus pendant les mois à venir. " Cette hausse vient renchérir le coût de revient des aliments d'environ 20 €/t pour les aliments porcs et d'environ 30 €/t pour les aliments volailles sans permettre, du fait de sa brutalité, aux fabricants de jouer pleinement leur rôle de modérateur des évolutions de prix. Au bout de leurs possibilités en termes de compression des marges et de facilités de trésorerie aux éleveurs, les fabricants n'auront pas d'autres possibilités que de répercuter rapidement ces hausses sur leurs tarifs d'aliments composés ", prévenait Coop de France nutrition animale, dès le 28 juillet. Trois mois plus tard, le 28 octobre, les journaux titraient toujours, " A Chicago : le blé monte encore et emmène le soja à un sommet ", sans oublier le maïs… L'automne n'apporte donc pas des nouvelles de détente. La question de la volatilité des prix constitue d'ailleurs le sujet principal des conférences professionnelles, à l'assemblée générale de Coop de France du 15 novembre comme aux journées matières premières de l'Aftaa, les 2 et 3 décembre prochains.
Des ingrédients sur le bord de la route
Dans le même temps, les Européens se demandent ce qu'ils vont accepter comme matières premières. Le débat sur le catalogue et sur le registre des additifs va trancher pour certains, mais risque de laisser des ingrédients sur le bord de la route. Le chlorure d'ammonium est l'un des plus menacés (lire p. 58). Et les farines de viande et d'os tentent de revenir. Les nutritionnistes européens, réunis lors du récent symposium volaille organisé par Alltech, en Irlande, se sont déclarés à 45 % pour leur réintroduction dans les aliments pour volailles. La Commission serait pour, les consommateurs contre… Le débat sociétal n'est pas tranché, le CNA s'en est emparé. Pour l'instant, les crevettes thaïlandaises s'en portent bien. Autre questionnement : quid des traces d'OGM non autorisés dans l'Union européenne ? " Nous attendons un texte qui pourrait se baser sur le règlement contrôle et préciser les modalités de contrôle de ces OGM ", signale Arnaud Bouxin, de la Fefac. Il existerait alors une tolérance analytique de 0,1 % à laquelle seraient ajoutées les incertitudes dues aux méthodes d'analyse. Ce texte concernerait les OGM non encore autorisés mais ayant présenté un dossier à l'Efsa, et les événements discontinus, c'est à dire ceux n'ayant pas renouvelé de demande d'autorisation mais qui avaient été autorisés. Ne seront donc pas concernés les événements combinés qui ne proposent notamment pas encore de moyen de contrôle (une précision obligatoirement portée dans le dossier de demande d'autorisation).
Le fait que ce texte potentiel ne concerne que l'alimentation animale et non l'alimentation humaine semble cependant étonnant. Il ne s'appliquerait ainsi pas aux graines importées et triturées en Europe qui peuvent trouver preneur en alimentation animale comme en alimentation humaine.
" C'est vrai qu'il reste des points à régler, mais nous aurons besoin d'un texte rapidement car les nouvelles variétés de soja ont été mises en multiplication au Brésil et seront récoltées dès le prochain mois de mars. Nous en retrouverons probablement dans les bateaux du printemps ", alerte Arnaud Bouxin. La question des traces est mise au vote du Comité permanent de novembre, si les Etats membres parviennent à s'entendre sur la tolérance, le texte pourrait sortir à temps.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :