Semences Grain. multiplie la chia

Il y a une dizaine d’années, Stéphane Monod découvre en Amérique du Sud une plante incroyable dont raffolent les locaux. De retour en France, dans la ferme familiale, il présente les graines de chia à son frère Jean-François Monod, multiplicateur reconnu, qui se met à les semer. Après trois années de recherche, ils obtiennent en octobre 2021 la certification de la première variété française de chia, la Monca, parfaitement adaptée au climat du sud de la France. À deux, ils créent la société Grain., qui complète les activités de la ferme. Plusieurs distinctions suivront, notamment le prestigieux premier prix pour l’innovation agricole de la Fondation Pierre Sarazin, en 2020.

Une démarche collaborative

La graine de chia, utilisée en ingrédient, répond à de nombreux critères diététiques en vogue, en baby food, petfood, dans les huiles et farines. Super-aliment vegan et sans gluten, elle permet de lutter contre les maladies cardiovasculaires, favorise la perte de poids et développe un effet énergisant. Monca est particulièrement riche en oméga-3 (19,5 g pour 100 g), en protéines et en fibres.

Grain. propose une collaboration simple et consensuelle. L’entreprise fournit gratuitement les graines au distributeur qui fait produire la chia par des agriculteurs et, s’il en a la possibilité, la trie et l’expédie. Puis elle rachète systématiquement toutes les quantités produites. « Une véritable économie circulaire gagnant-gagnant, affirme Jean-François Monod. Nous souhaitons au maximum répartir la valeur ajoutée à chacune des étapes. » En tant qu’agriculteur, il est persuadé qu’un bon marché doit permettre aux producteurs, aux distributeurs, à Grain et aux vendeurs de produits finaux de gagner correctement leur vie sur un marché en pleine expansion (+ 90 % en un an).

Une diversification rentable

Pour les organismes stockeurs, c’est une culture facile à mettre en place, peu risquée, qui permet une communication très valorisante sur l’innovation, la production locale et le respect du développement durable. « Cultiver la chia ne demande aucun investissement spécifique car le matériel est le même pour l’agriculteur. Sur le plan agronomique, elle se sème dans des sols légers et permet une rotation plus originale et enrichissante pour les écosystèmes. Et nous assurons une transmission du savoir-faire », ajoute Jean-François Monod. Le retour financier est intéressant avec une marge brute moyenne à l’hectare de 1 500 à 2 000 €/ha. En plus, la culture est peu exigeante en eau, cinq fois moins qu’un maïs. Il est même possible de la cultiver sans irrigation. « Dijon Céréales, Noriap, Arterris, Gersycoop ont franchi le pas, et nous sommes à la recherche de partenariats, avec des coopératives ou des privés, dans l’Ouest, le Grand Est et le bassin rhodanien. »

Des débouchés assurés

L’Europe importe plus de 20 000 t/an de chia. La France en produit 500 t pour un besoin croissant de 2 000 t en 2021. « Produire localement réduirait considérablement l’empreinte carbone, serait une ressource supplémentaire à la biodiversité locale, la chia étant très mellifère, et fournirait un débouché rentable à nos agriculteurs », relate Stéphane Monod. Grain. doit aujourd’hui répondre à une forte demande des consommateurs. « Le potentiel est énorme, insiste-t-il. Nous commercialisons 120 t pour 200 ha, mais nous peinons à fournir des industriels comme Nutrition et Santé ou encore Vitagermine, très demandeurs. Une production locale faciliterait leur approvisionnement dans un contexte économique difficile et fortement marqué par les efforts de décarbonisation. Sans compter la traçabilité totale que nous assurons, du semis aux produits finis : une parcelle égale un lot. »