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ENGRAIS Yara rend concrète la décarbonation

Bernt Hoel, responsable agronomie, Nathalie Bjørneby, experte en agronomie durable, et Ulrika Bohman Troubat, responsable des relations publiques et industrielles, au siège de Yara International, à Oslo (Norvège).

En Scandinavie, les premiers engrais décarbonés de Yara International, qui permettent de réduire l’empreinte carbone de la culture de blé de 20 %, sont déjà une réalité.

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Au siège de Yara International, à Oslo, le sujet du réchauffement climatique et de ses conséquences est au cœur de toutes les recherches. « Nous sommes très affectés par l’image qu’a le grand public des engrais en agriculture », relate Ulrika Bohman Troubat, responsable des relations publiques et industrielles. La firme au drakkar assume une responsabilité globale, et travaille à réduire ses empreintes sur toute la chaîne de valeur.

Hydrogène vert

Pour cela, le fabricant d’engrais a mis au point et déployé depuis le début des années 2000 une technologie de catalyse permettant de réduire au niveau de ses usines jusqu’à 99 % des émissions de protoxyde d’azote (N2O), puissant gaz à effet de serre. Ainsi, ses engrais minéraux à base de nitrates ont déjà une empreinte carbone d’environ 50 à 60 % inférieure à celle de la plupart des engrais non européens.

Dans une seconde étape, Yara s’engage, pour la production de ses engrais, à remplacer les énergies fossiles par des énergies renouvelables afin d’extraire l’azote de l’air. L’azotier développe en ce sens des projets de production d’hydrogène vert en Australie, aux Pays-Bas et en Norvège, avec comme objectif 30 % de ses engrais décarbonés en 2030.

Deux à quatre fois plus chers

« En Norvège, avec la production hydroélectrique, travailler sur une décarbonation liée aux énergies renouvelables semble tellement naturel », souligne Ulrika Bohman Troubat. Grâce aux investissements et à la recherche dans le domaine de l’électrolyse de l’eau à partir d’électricité renouvelable, il va être possible de produire de l’ammoniac « vert », qui permettra de réduire l’empreinte carbone des engrais azotés minéraux de 80 à 90 %. Dans un premier temps, la feuille de route décarbonation de Yara s’appuiera encore majoritairement, sur la production d’ammoniac « gris », issu de gaz naturel, et « bleu », avec captation et stockage du CO2.

« L’ammonitrate décarboné a aujourd’hui un coût de fabrication bien supérieur à celui produit à partir d’énergie fossile », précise Bernt Hoel, responsable agronomie. Plus écologique mais jusqu’à deux à quatre fois plus chère, la production d’ammoniac vert est un enjeu majeur des prochaines années.

Après la Suède, la Norvège

Quoi qu’il en soit, Yara poursuit sa stratégie. « On est passé de l’expérimentation à la réalité en culture, avec la coopérative suédoise Lantmännen (25 000 agriculteurs) depuis l’an dernier, rappelle Bernt Hoel. L’engrais bas-carbone de Yara est un élément essentiel pour cette importante entreprise dont l’ambition est d’être la première au monde, dans le cadre de son programme Climat & Nature, à disposer d’une chaîne de valeur alimentaire sans énergie fossile. » 400 000 ha de blé seront concernés à terme, et avec l’introduction des engrais décarbonés, l’empreinte carbone de cette culture sera réduite de 20 %.

En Norvège, ce sera pour la campagne 2025. « Nous avons un plan de développement avec la coopérative leader Felleskjøpet (37 500 agriculteurs) qui a formé plusieurs agronomes aux nouvelles techniques de fertilisation. Nous allons travailler sur le blé, l’avoine et les cultures de printemps. » Un premier projet multipartenarial concerne un pain d’avoine.

Le monde agricole va connaître de profonds changements. « Sur un sujet aussi fondamental que la fertilisation, il n’y aura pas de retour en arrière. À n’en pas douter, les engrais décarbonés deviendront un jour la norme », assure Nathalie Bjørneby, experte en agronomie durable.

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