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ENGRAIS Phosphore recherche attention

Face à la baisse continue des épandages de phosphore, des questions se posent : jusqu'où peuvent aller les impasses et comment raisonner et conseiller au mieux la fertilisation phosphorique ?

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Si les apports de P2O5 d'origine animale sont resté stables sur les vingt dernières années, la dose moyenne de phosphore minéral appliquée par hectare annuellement en France est passée de 50 kg de P2O5 en 1989 à 25 kg en 2009 selon l'Unifa. Autre chiffre inquiétant de source Agreste : entre 2001 et 2006, la part des surfaces de blé non fertilisées en P2O5 minéral est passée de 41 % à 53 %.

Les analyses de sol à la rescousse

Alors, a-t-on atteint la limite en matière d'impasses ? « Non, pas forcément, souligne Jean-Claude Fardeau, ancien chercheur et spécialiste du phosphore, d'autant que l'apport de phosphore n'aura un effet favorable sur les récoltes que s'il est le premier des facteurs limitants dans la situation considérée. » Mais cela n'empêche que « sans apport de phosphore, la fertilité du sol diminue et les récoltes baissent. C'est quelquefois lent, selon les sols, les cultures et les pratiques culturales, mais cela finit par arriver. Il est donc nécessaire d'être plus précis sur le diagnostic du phosphore assimilable du sol ». Une évidence qui ne va pas contrarier les laboratoires d'analyse, lesquels appellent les agriculteurs et les distributeurs à se remobiliser à propos des analyses de terre. Ce marché a en effet encore baissé de 15 % en 2009-2010. « Quels que soient les modèles de préconisation utilisés, seule une analyse de sol régulière permet de suivre l'évolution des teneurs et de valider les doses appliquées », rappelle Hubert Roebroeck, directeur d'Agro-systèmes.

La méthode Comifer la plus appréciée

Parmi les modèles de préconisation disponibles, le groupe Agro-systèmes / SAS Laboratoire estime que 50 % des conseils délivrés par les laboratoires sont calculés selon la grille Comifer, 15 % selon la méthode Regifert et 35 % selon des méthodes dites traditionnelles (abaques d'interprétation…).

Ces dernières, le plus souvent empiriques, se traduisent par des doses moyennes conseillées plus élevées que dans les méthodes Comifer et Regifert, assez proches en terme de conseil. La grille Comifer présente néanmoins l'avantage de la simplicité et de la possibilité pour l'utilisateur de faire le calcul tout seul. D'où une prédominance qui risque encore de croître avec les mises à jour de la grille depuis l'automne dernier. Avec deux changements principaux : une baisse des préconisations en sol riche et une plus grande prise en compte des pailles. Cette réactualisation de la grille va aussi dans le sens d'une fertilisation plus ajustée aux besoins, qui sera sans doute exigée demain, que ce soit au niveau de l'engrais minéral ou de l'organique.

« Dans le cadre d'une réflexion sur l'apparition du phénomène d'eutrophisation et des risques d'entraînement du phosphore, l'apport de certains produits ou déchets organiques pourrait être raisonné réglementairement sur la base du phosphore, affirme Marie-Agnès Bourdain, directrice de SAS Laboratoire (lire l'encadré, ci-contre). Certains cahiers des charges et réglementations locales intègrent d'ores et déjà la prise en compte de la dose de phosphore total apporté. »

Renaud Fourreaux

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