Login

Herbicides céréales Le désherbage d’automne poursuit sa progression

La présence de vulpins et ray-grass continue d'augmenter, et le charbon constitue désormais la cible n° 1 en dicot.

Si le marché des herbicides céréales s’est stabilisé en 2022-2023, une nouvelle hausse des applications à l’automne est observée, au détriment des traitements de printemps.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Les surfaces de céréales à paille d’hiver n’ont enregistré en 2022-2023 qu’une légère croissance (+ 1,5 %), à 6,74 Mha. Le marché des herbicides est lui aussi quasi stable en surface déployée, à 16 Mha contre 16,1 Mha en 2021-2022. En revanche, le marché gagne en valeur 8,5 %, et passe de 448 M€ à 486 M€ en termes d’achats par les agriculteurs. Ce qui signifie que les céréaliers ont opté pour des produits plus chers, et ont investi davantage cette année dans le désherbage de leurs céréales. La dépense moyenne à l’hectare a passé le cap des 70 €, à plus de 72 €. Le désherbage des céréales est le premier marché des produits phytos en France. « Le contrôle des adventices constitue toujours la préoccupation principale des agriculteurs », constate Kévin Hirbec (FMC). Et les graminées sont les mauvaises herbes les plus difficiles à maîtriser. « La présence de vulpins et ray-grass continue d’augmenter », souligne Laurent Magnant (Ascenza).

- 15 % pour les antigraminées de printemps

« Le fait le plus marquant de l’année est la nouvelle progression des traitements d’automne au détriment des applications uniquement au printemps, remarque Amandine Berthoud (Bayer). Nous sommes désormais à un niveau de traitement encore jamais atteint à l’automne. » 75 % des céréales d’hiver ont reçu au moins une application herbicide à l’automne, contre 70 % en 2021-2022. Cette année, seules 25 % des surfaces ne se sont vues appliquer que des interventions au printemps. À noter que la part de la prélevée à l’automne est restée stable à 11 %. Les applications d’automne progressent de 12 % en termes de surfaces déployées, lorsque celles de printemps sont en recul. Les antigraminées de printemps sont même en retrait de 15 %.

« La météo a joué un grand rôle cette année, compliquant le désherbage, explique Kévin Hirbec. On a vu beaucoup de parcelles relativement sales. » Un constat partagé par Elsa Penguilly (Corteva) : « Compte tenu des conditions climatiques, les antigraminées de sortie d’hiver ont été très difficiles à positionner cette année, ce qui explique le recul des applications de printemps, et le fait que de nombreuses parcelles soient restées sales. Les antidicot appliqués jusqu’à des stades plus tardifs ont mieux fonctionné. » Elle reconnaît aussi que les chardons constituent désormais la dicot n° 1 visée dans les céréales à paille. « Une partie des traitements de sortie d’hiver a tendance à se décaler plus tard au printemps pour cibler davantage les chardons », note également Thierry Launay (Nufarm).

Bayer leader devant Syngenta

Le marché est toujours dominé par trois substances actives, le flufénacet, le DFF et le prosulfocarbe, dans un ordre différent selon les panels et les interlocuteurs. Certains placent le flufénacet en tête, d’autres le DFF, et avec une position de numéro 2 ou 3, pour le prosulfocarbe. Il faut ajouter à ce trio de tête la pendiméthaline, le metsulfuron-méthyl, le florasulam, le pinoxaden, l’iodosulfuron-méthyl-sodium, le fluroxypyr, le mésosulfuron-méthyl, le chlortoluron, qui recule un peu, ou encore le clodinafop, qui s’est développé à l’automne cette dernière campagne. « Les agriculteurs utilisent toujours à l’automne de nombreuses combinaisons de substances actives », indique Laurent Magnant. Au printemps, le metsulfuron-méthyl, présent dans bon nombre de produits, arrive toujours en tête des utilisations.

L’association DFF + flufénacet reste la première solution utilisée à l’automne, et sa déclinaison Fosburi (Bayer) est le premier produit utilisé, devant Défi (Syngenta) et Compil, puis Trooper/Aranda… Mateno (Bayer), dernier grand produit lancé, continue de progresser.

Du côté des intervenants, Bayer est toujours leader avec près de 30 % de part de marché, devant Syngenta (plus de 20 %), Adama, FMC (10,5 %), Corteva (8,5 %), BASF (7,5 %, et 10 % à l’automne), Ascenza (6 %) et Nufarm (2 %).

Pas de fatalité pour le rattrapage

« Pour 2023-2024, la tendance à la progression des traitements à l’automne devrait continuer », estime Emilie Ardissone (BASF). Mais attention à la disponibilité des produits. « Le manque de chlortoluron pourrait à nouveau poser problème », reconnaît Thierry Launay. Attention également aux bonnes pratiques d’utilisation des produits. « Le respect des bonnes pratiques est primordial, car on sait que les substances utilisées à l’automne sont en cours de renouvellement et que l’on aura dans les prochaines années davantage de restrictions qu’il convient d’anticiper dès aujourd’hui », prévient Laurent Magnant.

« Le fait que toutes les applications de prosulfocarbe soient réalisées dans de bonnes conditions, permet aux agriculteurs de conserver une solution efficace pour gérer le désherbage des céréales », insiste notamment Julien Vaugoux (Syngenta). Dans ce cadre, il rappelle de ne pas appliquer de prosulfocarbe en présence de cultures non cibles dans un rayon d’1 km. Afin d’accompagner l’utilisation du prosulfocarbe, Syngenta propose également l’appli OptiBuse pour identifier la buse homologuée à la réduction de dérive, ou Quali’Cible, l’outil qui permet de connaître les conditions d’emploi à la parcelle.

En 2023-2024, les utilisations d’herbicides au printemps pourraient également repartir à la hausse. « En 2023-2024, les antidicot de printemps devraient retrouver leur place », estime Kévin Hirbec. « Il ne faut pas oublier les traitements de rattrapage au printemps, souligne Amandine Berthoud. En absence de résistance, ils font partie des leviers efficaces pour obtenir des parcelles propres. Dans le cadre d’un monitoring national sur les résistances, nous avons montré que pour 70 % des parcelles, le recours à des herbicides de la famille des ALS fait encore sens, quelle que soit la région. » Laurent Magnant est aussi de cet avis : « Les traitements de sortie d’hiver doivent garder une place si les produits présentent encore une efficacité, ne serait-ce que pour contrôler les graminées qui lèvent également en sortie d’hiver. On a constaté des salissements tardifs dans les parcelles qui n’ont pas été rattrapées. »

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement