par Isabelle Escoffierl'année dernière7 min de lecture
La proportion d'hybrides tolérants aux herbicides a atteint 40 % en 2023.
L’oléagineux a vu ses surfaces progresser en France en 2023, mais moins que prévu. Les prévisions sont compliquées pour 2024, alors que les céréales ne sont pas encore toutes emblavées.
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Les surfaces de tournesol sont à nouveau en légère progression en 2023 pour atteindre en moyenne 845 000 ha selon les semenciers. Ces derniers s’attendaient à une plus forte hausse, mais les semis de céréales et de colza ont été conséquents, ce qui a laissé moins de place au tournesol. « Les pluies du printemps ont aussi modifié les assolements en dernière minute », détaille Samuel Dubois, de RAGT Semences. « Cela reste le niveau de surfaces le plus élevé des dix dernières années », note toutefois Hervé Ancillon, chez Limagrain. Elles ont progressé de 10 à 12 % dans le Grand Est, du fait d’une rentabilité économique intéressante en 2022 même en conditions sèches, et d’une volonté de rééquilibrage entre cultures d’hiver et de printemps.
Dégâts d’oiseaux
Environ 8 % des surfaces ont été ressemées du fait des dégâts d’oiseaux, qui restent un frein majeur pour la culture. Dans le Grand Est et le Bassin parisien, cela monte même à 20 % : dans ces zones, les semis ont été réalisés précocement mais le froid est revenu, faisant végéter les tournesols qui ont été dévorés.
La part des oléiques est plutôt stable, aux alentours de 79 % contre 21 % de tournesol linoléique et pour l’oisellerie. Le segment des variétés précoces domine toujours avec 45-46 % des surfaces et 10 % pour les très précoces. « Ces hybrides progressent légèrement du fait de la hausse des surfaces dans les zones de culture non historiques, plus au nord du territoire », souligne Élodie Batut, de Pioneer.
Fait marquant cette année : les hybrides tolérants à un herbicide (VTH) progressent, avec 40 % du marché contre 35 % en 2022. Deux raisons principales : d’une part le marché est demandeur du fait des problématiques d’ambroisies et de chardons ; d’autre part l’offre variétale s’élargit chez tous les semenciers, avec les gammes Clearfield, Clearfield Plus pour la tolérance à l’imazamox, la gamme ExpressSun et d’autres variétés pour la tolérance au tribénuron-méthyl.
Pour 2024, difficile de faire des projections. Les semenciers tablaient jusqu’à début novembre sur une petite érosion des surfaces, de 2 à 4 %, du fait de la très bonne récolte cette année, à 2,1 Mt. Soit un niveau jamais atteint depuis 30 ans, grâce à l’augmentation conjointe des surfaces et des rendements (25,8 q/ha). « La trituration tourne à fond mais elle est saturée au moins pour les mois qui viennent », soutient Hervé Ancillon. Les prix sont en recul, rendant l’oléagineux moins attractif, même s’il est peu gourmand en eau et en engrais. Le colza devrait grignoter des hectares sur le tournesol, notamment dans le Nord-Est. Par ailleurs, le maïs a retrouvé de la compétitivité avec la baisse du prix des engrais. Mais les fortes pluies du mois de novembre ont changé la donne en affectant les cultures d’hiver déjà ensemencées et en retardant les semis. Cela pourrait libérer des surfaces, notamment en Poitou-Charentes. Plus au nord, les résultats n’ont pas été exceptionnels en 2023 et certains nouveaux producteurs pourraient faire marche arrière. Au final, les surfaces resteraient donc stables.
Syngenta toujours en tête
Du côté des variétés, SY Arco de Syngenta reste le premier tournesol en France, avec 60 000 ha, suivi par Idillic de Lidea. Les productions de semences se sont bien déroulées, ce qui devrait permettre de satisfaire la demande pour 2024. Syngenta représente 33,5 % des parts de marché, suivi par Pioneer à plus de 25 %, et LG semences à 15-16 %. Viennent ensuite RAGT (13 %), Lidea (10 %), Mas Seeds (6,5-7 %) et Semences de France (1 %).