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FONGICIDES VIGNE La dynamique ne faiblit pas

En 2024, les viticulteurs ont dû appliquer, en moyenne, plus de dix produits fongicides par hectare. Un record surpassant celui de 2018.

En 2024, la forte pression mildiou a entraîné, pour la deuxième année consécutive, une progression du marché des fongicides vigne. En parallèle, la palette de solutions disponibles continue de se contracter, même si d’autres produits font leur apparition.

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Après une année 2023 déjà marquée par une forte pression maladie, « 2024 a battu tous les records selon les vignerons, en termes de pression et de fulgurance de développement, notamment pour le mildiou », informe Béatrice Bacher, responsable marketing fongicides vigne chez BASF. En valeur, le marché global a progressé de 16 % par rapport à 2023. « Les viticulteurs ont dû appliquer, en moyenne, plus de dix produits par hectare. Un record surpassant celui de 2018, la dernière année de référence », précise-t-elle.

Mildiou : une pression « historique »

En 2024, les traitements antimildiou ont une nouvelle fois tiré le marché des fongicides vigne. Avec les précipitations incessantes, « il y a eu une très forte pression mildiou généralisée sur l’ensemble du territoire », observe Jérôme Rouveure, chef marché chez Sipcam France (ex-Phyteurop). Cette pression a même été qualifiée « d’historique » par l’IFV (Institut français de la vigne et du vin), qui a également souligné la grande précocité des contaminations. Les surfaces déployées ont ainsi progressé de 19 %, atteignant 7,9 Mha.

Dans ce contexte, BASF a doublé les surfaces couvertes par sa solution Futura (dithianon + phosphonate de potassium), représentant 300 000 ha. De son côté, Adama a gagné 1,2 point de part de marché grâce à ses fongicides à base de folpel et au lancement du Vinergy. « Il connaît la plus forte progression, en partie liée à l’arrêt des autres multisites, à la bonne gestion des résistances au vignoble et à son efficacité avérée contre le mildiou et le black-rot », explique Nathan Gaborieau, chef marché chez Adama.

Bayer confirme cette tendance puisque les surfaces couvertes par la solution Mikal Flash (folpel + fosétyl-Al) ont doublé (400 000 ha déployés) et celles de Valiant Flash (cymoxanil + folpel + fosétyl-Al) ont quasiment triplé. « Le folpel répond aux attentes technico-économiques des viticulteurs », fait savoir Hermann Yadjia, chef marché chez Bayer. En revanche, classé CMR2 en 2024, Profiler (fosétyl-Al + fluopicolide) a régressé.

Sipcam France note également un doublement des surfaces couvertes par Fantic A (folpel + cuivre). Pour 2025, la société mise beaucoup sur sa solution de biocontrôle Mikonos Evo/Vitene (phosphonate de potassium), lancée en 2023 mais tardivement. « C’est notre gros dossier pour 2025. C’est un produit “maison”, sourcé Sipcam Oxon, ce qui garantit sa qualité et son suivi réglementaire », souligne Jérôme Rouveure.

Sur le marché des cuivres, Sumi Agro gagne 2 points avec sa solution Funguran et sa formulation hydroxyde résistante au lessivage. « Dans une année pluvieuse comme celle-ci, c’est une garantie pour le viticulteur que son vignoble est protégé », explique Aude Colette, directrice marketing adjointe chez Sumi Agro.

Les anti-oïdium en renfort

En parallèle, le marché anti-oïdium a progressé de 17 % (en hectares déployés), porté par la dynamique du marché antimildiou. « Comme l’an dernier, le soufre occupe une large place dans les programmes de protection contre l’oïdium. Néanmoins, Yaris (fluxapyroxade) a tiré son épingle du jeu, en progressant de plus de 35 % », se réjouit Béatrice Bacher. Chez Bayer, Luna Sensation (fluopyram + trifloxystrobine) croît de 14 % et Prosper (spiroxamine) de 23 % en hectares déployés. La firme prévoit un développement important des solutions à base de trifloxystrobine, telles que Flint, Flint Maxi pack (Flint + Maxisouffre) et Nativo (tébuconazole + trifloxystrobine). « Le black-rot se développe dans les vignobles et il y a un besoin de solutions pour les alterner dans les programmes, surtout avec le retrait de certains triazoles. La trifloxystrobine en est une puisque, en plus d’être efficace sur oïdium, elle l’est également sur black-rot », affirme Hermann Yadjia. De plus, Bayer remet en marché pour 2025 Corail (tébuconazole), un anti-oïdium avec un effet contre le black-rot.

De son côté, De Sangosse s’attend à un intérêt croissant pour son biocontrôle Armicarb (bicarbonate de potassium) : « Dans un contexte de disparition de solutions, les viticulteurs raisonnent de plus en plus de manière globale en recherchant tous les leviers susceptibles d’optimiser la protection fongicide. Nous commençons à voir des utilisateurs de l’Armicarb (anti-oïdium, antibotrytis) en renfort des stratégies black-rot et en synergie avec le cuivre pour maximiser l’efficacité mildiou », explique Johanna Sigel, chef marché vigne.

Sur le marché des soufres liquides, Sipcam France continue de performer avec ses solutions Lucifere, Dartagnan et StartUp. Quant aux packs Black Start et Black Dart lancés l’an dernier, ils se sont bien implantés. De plus, les hectares couverts par les IDM à base de difénoconazole, Pupitre et Hotte, ont doublé.

En revanche, le marché antibotrytis connaît une érosion marquée, avec une baisse de 29 % des hectares déployés. Sipcam France espère néanmoins un développement de sa solution de biocontrôle Kulto lors de la prochaine campagne.

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