Enfin une hausse des surfaces

«C’est surtout le maïs grain qui a progressé en 2019, avec un gain de 100 000 à 150 000 ha, alors que le maïs fourrage a légèrement diminué », constate Laurent Loncle, d’Advanta. « Le grain, qui a surtout augmenté au nord de la Loire, a bénéficié de la baisse des surfaces de colza et de betteraves », précise Mickaël Bourcier, de Syngenta. « Agreste donne une hausse des hectares en grain de + 6,7 %, nous l’estimons à 7,2 », indique Erwan Bougouin, de Mas Seeds. « La sole de maïs grain est repassée devant celle de fourrage », note Jean-Marie Lézé, de Bayer.

Des incertitudes pour 2020

Pour 2020, les semenciers ont du mal à se prononcer. « Les rendements sont très hétérogènes, le maïs a souffert des deux vagues de chaleur de cet été, reconnaît Carol Humeau, de LG Semences. Ce qui pourrait décourager des agriculteurs pour les prochains semis. » « L’Est, le Centre et le Centre-Ouest Val de Loire font partie des régions les plus touchées », note Christophe Chaine, de RAGT. « Les rendements sont très hétérogènes, mais on estime les surfaces de colza, cette année de nouveau, en baisse de 500 000 ha par rapport à une année normale, et les betteraves devraient encore perdre 50 000 ha, juge Laurent Loncle. En fourrage, les éleveurs sont en déficit et devraient augmenter leurs emblavements d’au moins 1 à 2 %. » « Les agriculteurs ont aussi besoin de têtes d’assolement, et le maïs grain apporte une solution contre les mauvaises herbes », estime Mickaël Bourcier. Christian Maignan, de Jouffray-Drillaud, est plus pessimiste : « Je crois que les surfaces vont se maintenir en maïs grain irrigué, mais pas en sec. En fourrage, les éleveurs sont en train de décapitaliser en nombre de têtes. » Quant au profil des variétés, « les éleveurs vont retenir des variétés précoces pour au moins une partie de leurs ensilages, afin de récolter tôt et assurer la jointure », estime Fabrice Chevallier, de Semences de France.

Plusieurs semenciers proposent une nouvelle approche de la culture du maïs grain en sec, avec des hybrides précoces testés en conditions non irriguées dans le Sud-Ouest. « Chez nous, il s’agit de la nouvelle gamme Stressless Dry, explique Christophe Chaine. Cette technique est adaptée aux parcelles jusqu’à présent en rotation, céréales colza ou tournesol. Elle peut également être développée dans des exploitations irriguées en la réservant aux parcelles à potentiel moins élevé, avec seulement un ou deux tours d’eau. L’intérêt est de récolter du maïs à moindres frais à une humidité 16 à 18. »

Dans le même esprit, Bayer lance sa stratégie DK Tempo, avec l’objectif de maintenir une marge optimale avec un choix de précocité adapté aux contraintes agronomiques spécifiques de la parcelle. Autre innovation, élargir le spectre des variétés Duo System, résistantes à un herbicide, pour lutter contre les taupins. « Le principe consiste à semer le maïs avec 150 kg de maïs conso. La pression des taupins sur les hybrides que l’on veut garder diminue fortement. Une fois le tout levé, on élimine le conso en désherbant », explique Christophe Chaine.

Pioneer toujours en tête

Côté ventes de semences, Pioneer confirme sa place de leader avec environ 19 % de part de marché, devant Bayer, 16,5 %, et LG Semences, 12,5 %. Plusieurs semenciers se situent ensuite entre 8 et 9 % : Advanta, 9,2 %, RAGT, 9 %, KWS, 8,5 %, Semences de France, 8,1 %, et Euralis semences, 8 %, devant Caussade semences, 7,5 %. Puis arrivent Mas Seeds, 3,5 %, et Syngenta Seeds, 3 %, suivis de Panam, Jouffray-Drillaud, Saatbau et Fito semences. En ce qui concerne la génétique, Limagrain (LG Semences et Advanta) reste numéro un, avec 21,7 % de part de marché, devant Pioneer et le groupe KWS (KWS et Semences de France) à 16,6 %, au coude à coude avec Bayer.

Blandine Cailliez