Pourquoi le non-OGM va dominer le secteur de la nutrition animale française ?
Le non-OGM représente 15 % des aliments pour animaux produits en France (25 % en Bretagne), auxquels il faut ajouter 3 % de bio. Selon Terres Univia, ces segments alternatifs devraient peser pour la moitié de la production française d’ici dix ans.
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1La pression des laiteries
Dès 1997, juste après l’arrivée du premier bateau de soja OGM dans l’UE, les laiteries autrichiennes ont mis en place l’alimentation sans OGM des vaches, et elles ont fait tache d’huile en Allemagne. En France, dans le sillage du bio, de nombreuses AOC avaient déjà interdit les OGM, mais indépendamment les unes des autres, alors que cela pourrait se généraliser. La baisse de la consommation de lait liquide pousse par ailleurs les marques à chercher une différenciation sur l’alimentation des animaux via le pâturage et la nature des fourrages (lait de foin), mais aussi à travers les protéines non OGM.
2Une histoire déjà longue
Dès la fin des années 1990, certaines filières françaises ont refusé les OGM, notamment en volailles, et se sont organisées pour disposer d’approvisionnements tracés en soja garanti non OGM. C’est le cas de la coopérative des Fermiers de Loué pour les volailles label rouge. À titre d’exemple, chez Feed Alliance, qui achète environ 25 % des volumes pour les fabricants français, le tourteau de soja non OGM représente 10 % des volumes (contre 38 % pour le tourteau de colza, 24 % pour celui de tournesol et 26 % pour le tourteau de soja standard, qui a perdu de sa domination). Le montant de la prime dite « non OGM » pour le soja est volatil, mais s’établit aux environs de 80 €/t en moyenne désormais.
3Une moindre dépendance en protéines importées
Avec 53 % d’autonomie, la France est moins dépendante des importations de matières riches en protéines que le reste de l’UE (35 %). Le plan protéines en cours d’élaboration vise à améliorer encore de 10 % cette souveraineté via différentes solutions, dont le soja français qui ne cesse de croître (160 000 ha en 2019), avec l’espoir d’atteindre 250 000 ha à cinq ans, voire 300 000 ensuite. Or la France interdit la culture d’OGM, et toutes ces productions supplémentaires vont donc contribuer aux filières non OGM. L’Hexagone cultive une large gamme d’espèces apportant des protéines avec 7,3 Mt d’oléoprotéagineux. La contractualisation lancée cet été par Valorex avec les producteurs de féverole est d’ailleurs un des leviers qui vise à sécuriser ces productions. Et l’incorporation des oléoprotéagineux pourrait encore grimper dans les formules grâce à différentes technologies, comme le dépelliculage pour concentrer leurs protéines.
Le tourteau de soja est bien entendu intéressant par sa concentration en protéines, sa richesse en lysine et sa digestibilité, mais les formulateurs peuvent avoir recours à certaines enzymes et optimiser l’utilisation d’alternatives, par exemple, selon l’espèce animale : le tournesol high pro, les drèches de maïs et de blé, le colza en volailles, les protéagineux en porcs, le couple colza-tournesol et la luzerne en ruminants…
4Un cadre fiabilisé
Jusqu’en 2010, le marché a plutôt été fait par des pionniers, dont certains interdisaient même toute présence d’OGM dans leurs usines. Depuis, la certification Oqualim a ajouté une dimension dédiée avec le STNO, le socle technique non OGM (approvisionnement, gestion de la coexistence, plans de contrôles) qui a obtenu la reconnaissance de la démarche allemande « sans génie génétique » VLOG. Désormais, 183 des 314 usines françaises sont certifiées STNO.
Yanne Boloh
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