Herbicides céréales Une part de plus en plus belle au désherbage d’automne
Malgré une baisse des surfaces de céréales en 2021-2022, le marché des herbicides s’est conforté, avec des applications d’automne qui continuent à se renforcer et un nombre de passages plus important. Par Blandine Cailliez
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Les céréales à paille ont perdu 3 % de surfaces en 2021-2022, à 6,88 millions d’hectares cultivés et 6,2 Mha traités. Cela n’a pas empêché le marché des herbicides céréales de progresser pour la deuxième année consécutive et de gagner 3 %, à 16 Mha déployés. Il constitue d’ailleurs le premier marché des produits de protection des plantes en France, avec entre 320 et 350 M€, sortie firmes. La dépense herbicide des agriculteurs, toutes céréales à paille confondues, s’élève à plus de 70 €/ha, contre moins de 60 € il y a cinq ans. « La gestion du désherbage reste la première préoccupation des agriculteurs en céréales », constate Julien Vaugoux, de Syngenta.
70 % des surfaces de céréales sont désormais désherbées à l’automne. « Il y a dix ans, c’était l’inverse, avec 70 % au printemps et 30 % seulement à l’automne, explique Audrey Ossard, de Bayer. Il existe cependant une grande disparité selon les régions. Dans le Nord, environ 80 % des surfaces sont traitées à l’automne, alors que dans l’Ouest, plutôt 60 à 65 %. » « Le nombre de passages augmente aussi », note Kévin Hirbec, de FMC. « Les doubles applications ont représenté, en 2021-2022, un quart des désherbages d’automne, précise Hubert Vincent, de BASF. Les interventions seules au printemps ou de rattrapage après un passage d’automne, visent surtout les dicotylédones non levées à l’automne, ou des levées échelonnées de graminées comme de ray-grass. » À l’automne, les interventions de prélevée se développent également, à 11 % des surfaces.
« Les adventices sont malheureusement de plus en plus résistantes aux herbicides de printemps, remarque Audrey Ossard. Il ne faudrait pas que des résistances s’installent avec les substances actives utilisées à l’automne. Il faut les préserver, c’est pourquoi il est pertinent d’intervenir encore au printemps sur parcelles où la résistance n’est pas généralisée, avec une application à l’automne et une au printemps. »
Les antigraminées, drivers du marché
« Les antigraminées sont toujours les drivers du désherbage, avec les deux tiers du marché », indique Karine Poivet, de Philagro. Mais ils sont restés relativement stables, la progression vient surtout des antidicotylédones.
Côté produits, le marché est toujours dominé par trois substances actives : DFF avec 50 % des herbicides à l’automne, flufénacet, 37 %, et prosulfocarbe, 27 %. En valeur, le flufénacet représente plus de 50 % de ce marché. À elles trois, ces substances actives utilisées en général en association, représentent plus de 80 % des herbicides appliqués à l’automne. Il faut y ajouter en antigraminées la pendiméthaline. « Les associations sont incontournables pour gagner quelques points d’efficacité », reconnaît Laurent Magnant, d’Ascenza.
Au printemps, le metsulfuron-méthyl arrive en tête des utilisations. « Sur le segment des antidicots à base de metsulfuron-méthyl, nous progressons de 61 % », précise Karine Poivet. « Le marché des anti-chardons spécifiques est en train d’exploser, constate de son côté Thierry Launay, de Nufarm. Ceci pour plusieurs raisons : comme les couverts se généralisent, on ne détruit plus les chardons en interculture ; plus on délaisse les interventions de printemps, moins on les élimine, et le glyphosate qui a un effet sur chardons, n’est plus autorisé sur labour, et il est limité à 1 080 g en non-labour. »
L’association DFF + flufénacet reste la première solution utilisée à l’automne avec un peu plus de 2 Mha déployés. Sa déclinaison chez Bayer, Fosburi, est le premier produit utilisé avec 1,8 Mha, devant Défi, de Syngenta. Trooper, de BASF, atteint 700 000 ha. Mateno, de Bayer, lancé tout récemment, a été utilisé quant à lui sur 260 000 ha, dont 195 000 ha en prélevée. FMC annonce une part de marché en hausse de 2 points, à 11 %, BASF, de 12 % à l’automne et 7 % sur les deux marchés, Ascenza, de 5 % sur le marché d’automne. « Nous sommes le 1er interlocuteur sur le marché des antidicotylédones automne et printemps avec une large gamme, et le troisième sur celui des antigraminées en sortie d’hiver, avec nos solutions à base de pyroxsulame », souligne Elsa Penguilly, de Corteva.
Des projets chez Bayer, BASF et Nufarm
Côté projets, BASF travaille à moyen terme sur un herbicide à base d’une nouvelle matière active à mode d’action unique, utilisable à l’automne et qui apportera, selon Hubert Vincent, un très bon niveau d’efficacité sur ray-grass et vulpin, et le contrôle d’un certain nombre de dicots. Bayer annonce aussi des projets pour l’automne 2024 sur orge et blé dur. Même échéance pour deux solutions attendues chez Nufarm qui travaille également à un projet de pack associant du chlortoluron et une autre substance active.
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