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Nutrition animale : alerte sur les appros

Pascal Pringault, lors de la conférence de presse du Snia, le 2 septembre 2021. Pour le vice-président du syndicat, le bon niveau de réponse aux demandes d’une alimentation locale des animaux d’élevage est le collectif pour déterminer les contours du « local ». © Y. BOLOH

Lors de sa conférence de presse de rentrée, le 2 septembre, le Snia a tiré la sonnette d’alarme sur la nécessaire répercussion des surcoûts de leurs approvisionnements sur l’aval des filières de produits animaux, et cela jusqu’aux consommateurs.

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Pour François Cholat, président du Snia, qui tenait sa conférence de rentrée le 2 septembre, l’inquiétude est forte chez les fabricants d’aliments pour animaux face au contexte des matières premières. C’est tout le panier qui s’envole depuis dix mois avec un indice IPAA passé de 100 à 130 en douze mois, même si d’un jour à l’autre les cours peuvent connaître des baisses sur certains produits. Son de cloche identique à La Coopération agricole, qui a publié un communiqué le 2 septembre.

Risque de manque sur le soja non OGM

Des ruptures d’approvisionnement sont également possibles comme en soja non OGM, avec un risque réel de manque dès novembre. Or les AOP laitières qui ne l’ont pas encore fait envisagent de basculer dans le non-OGM ; les fabricants les alertent donc et demandent qu’ils repoussent leur décision, car ils ne pourront livrer. La hausse des prix (la prime non OGM est passée de 75 €/t en moyenne à 280 en début d’été) s’accompagne sur ce produit de la raréfaction de l’offre et de nouvelles inquiétudes. Après l’Amérique du Sud, ce pourrait être l’Inde qui abandonne le non-OGM, le gouvernement venant de lever son interdiction d’importations de soja OGM dans un pays jusque-là protégé.

Pas assez de ressources en PAT

Et ce ne sont pas les protéines animales transformées ni les protéines d’insectes qui pourront répondre en volume aux besoins. La France importe un peu moins de 3 Mt de soja, dont 2,2 Mt pour les fabricants d’aliments alors que la ressource en PAT ne dépasserait pas 150 000 t, sachant en plus que les fournisseurs ont depuis la crise de l’ESB trouvé des voies de valorisations comme le petfood. Sans compter que l’exigence d’absence de contamination croisée entre PAT d’une espèce (porc ou volaille) dans les aliments de la même espèce (non-cannibalisme) impose des usines dédiées, rares dans le parc français.

Le bio plus que tendu

Le secteur du bio est également plus que tendu alors que la demande en produits animaux progresse, même si certains secteurs comme le lait peinent à s’équilibrer, selon les laiteries comme Sodiaal. Pour les approvisionnements des usines d’aliments, certains opérateurs craignent que des fournisseurs n’honorent pas leurs contrats. Pour suivre les évolutions des cours sur un marché peu fluide, le Snia propose de lancer des indicateurs objectivant leurs évolutions.

Une boîte à outils pour accompagner l’exigence locale

C’est dans ce contexte haussier et chahuté que la demande en produits locaux s’accentue depuis la crise Covid. Les fabricants se sont donc engagés dans une démarche collective, seule à même de déterminer la notion de local (canton ? région ? France ? UE ?) afin de répondre de manière la plus concertée possible aux demandes de l’aval et d’anticiper leur position en cas de tension sur les disponibilités ou les prix. « Nous voulons construire une boîte à outils pour accompagner la structuration des filières sur cette exigence locale », explique Pascal Pringault (RAGT Plateau Central), vice-président du Snia.

Yanne Boloh

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