Login

Nutrition animale : des ruptures se profilent en bio et en antioxydants

« Je crois fermement à la nécessité de marchés internationaux ouverts pour que les matières premières soient disponibles tant pour la nutrition animale que pour les consommateurs de pays très dépendants des importations comme l’Afrique du Nord », a insisté Asbjørn Børsting, président de la Fefac. © Y. BOLOH

Les tensions sur les céréales et le tournesol sont désormais bien connues, même du grand public, mais la nutrition animale risque de manquer aussi d’autres ingrédients, alerte le président de la Fefac réunie en AG le 2 juin.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Maïs, blé, tournesol… Les tensions sur les marchés des commodités alimentaires s’accroissent, exacerbées par la guerre en Ukraine survenue dans des marchés déjà haussiers. « Le pire sera probablement rencontré en 2023. Mais la nutrition animale risque aussi d’autres ruptures que sur les grosses matières premières », a alerté le président de la Fefac, Asbjørn Børsting, lors du 66e congrès de l’association européenne qui se tenait à Utrecht (Pays-Bas) en marge du salon Victam, le 2 juin.

La Russie, un des principaux producteurs de BHT

Il mentionne notamment les approvisionnements de matières premières bio, très difficiles, alors que l’UE veut promouvoir encore plus ce segment de production. Et la question des additifs devient récurrente : après les quasi-ruptures durant la pandémie Covid-19 en produits pour lesquels l’UE est très dépendante de la Chine (vitamines, acides aminés), ce sont désormais les antioxydants comme le BHT qui risquent de manquer.

Et sans trop d’autres solutions, puisque la réglementation européenne a interdit l’éthoxyquine utilisée jusqu’en 2018 pour protéger des produits très sensibles à l’oxydation, comme les matières premières d’origine marine (algues, poissons…), les préparations de certaines vitamines, des caroténoïdes… La Russie est en effet un des principaux producteurs de BHT. Il n’existe actuellement qu’un faible courant d’affaires, en provenance de Chine, pour approvisionner l’UE.

Une refonte probable du commerce mondial

« Les questions de la sécurité sanitaire et du développement durable restent prioritaires, même en ces temps de tensions fortes sur les marchés. Nous nous sommes longtemps concentrés sur les barrières réglementaires et techniques dans le cadre de nos échanges », souligne le président Asbjørn Børsting.

Et de poursuivre : « Je crois fermement à la nécessité de marchés internationaux ouverts pour que les matières premières soient disponibles, tant pour la nutrition animale que pour les consommateurs de pays très dépendants des importations comme l’Afrique du Nord. Probablement que ce commerce international ne pourra se faire qu’avec des partenaires fiables sur le long terme et qu’il faudra revoir les équilibres entre approvisionnements internationaux et productions locales. Dans tous les cas, l’UE a la responsabilité d’aider le monde à se nourrir. Avec la pandémie puis la guerre, toutes nos références ont sauté. Il faut trouver comment gérer à la fois notre demande de davantage de produits locaux pour améliorer notre autonomie alimentaire sans pour autant déséquilibrer notre balance import-export. »

Les additifs, une vraie solution

Il estime que les additifs sont, par exemple, une vraie solution, pour que l’alimentation animale joue pleinement son rôle, tant pour optimiser l’utilisation des matières premières dont nous pouvons disposer que pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Or, complète le directeur de la Fefac, Alexander Döring, « la réglementation européenne est en cours d’évolution et les dossiers de certains produits génériques ne seront probablement pas défendus ».

Yanne Boloh

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement