Biocontrôle : les clés pour accélérer son déploiement
À l’occasion du Sival à Angers, le mardi 14 janvier, Alliance Biocontrôle a dévoilé les résultats de son baromètre annuel et réaffirmé son objectif de porter la part de marché des produits de biocontrôle à 30 % d’ici à 2030.
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« En 2023, les ventes de produits de biocontrôle en France se chiffraient à 245 M€ », a présenté Denis Longevialle, directeur général d’Alliance Biocontrôle (ex-IBMA France), lors du Sival, à Angers, le mardi 14 janvier. En baisse de 12 % par rapport aux 278 M€ enregistrés en 2022, ce résultat est à nuancer : « Il s’explique par les effets de stockage observés dans les exploitations agricoles et au sein de la distribution, ainsi qu’à l’évolution des prix des produits », précise-t-il.
La part de marché du biocontrôle en France est alors passée de 10 % en 2022 à 9 % en 2023. Un recul qui ne remet pas en cause l’objectif d’Alliance Biocontrôle d’atteindre les 30 % d’ici à 2030. Même si « la marche est haute », a reconnu Céline Barthet, présidente d’Alliance Biocontrôle, en présentant les résultats du baromètre annuel de l’association basé sur les données du panel ADquation.
Améliorer le taux de pénétration en grandes cultures
Mais l’association se veut confiante puisque d’après les données d’ADquation, les produits de biocontrôle ne cessent de gagner du terrain. En deux ans, ils ont progressé de près de 4 Mha déployés, passant de plus de 7,5 Mha en 2021-2022 à 11,5 Mha en 2023-2024 avec une forte progression en vigne (+ 3,2 Mha déployés) et en grandes cultures ( + 0,7 Mha déployés).
Les résultats montrent également une forte disparité de la part de marché des produits de biocontrôle en fonction des segments. Ils représentent 41 % des ventes de molluscicides, 33 % de celles des insecticides contre seulement 13 % et 3 % des ventes de fongicides et d’herbicides.
Ces variations s’expliquent, en partie, par des différences d’utilisation selon les filières. D’après ADquation, la quasi-totalité des viticulteurs utiliseraient au moins une solution de biocontrôle, avec une part de marché atteignant près de 50 % en surface déployée. En revanche, dans les grandes cultures, le taux de pénétration tombe à 15 %, et la part de marché en dessous des 5 %. Pourtant, ces cultures couvrent près de 90 % des surfaces agricoles en France. « C’est donc par les grandes cultures que l’accélération du déploiement du biocontrôle va se faire », assure Denis Longevialle.
Réviser la réglementation
Toutefois, la réglementation reste un obstacle majeur au déploiement du biocontrôle, et en particulier la loi de la séparation de la vente et du conseil. Céline Barthet se montre toutefois optimiste : « Ce frein pourrait bientôt être levé. » Des échéances sont attendues d’ici fin janvier, voire début février.
Au niveau européen, l’absence d’une définition officielle du biocontrôle continue de peser sur les délais d’homologations, qui sont actuellement de sept à dix ans, contre seulement deux à trois ans sur le continent américain. « Les innovations ont tendance à se détourner de l’Europe au profit d’autres régions du monde pour ensuite revenir, cela crée un décalage. Cette barrière réglementaire a été sous-estimée », regrette-t-elle.
Membre actif de la Biocontrôle Coalition, Alliance Biocontrôle travaille à raccourcir ces délais en proposant des mesures concrètes comme « la suppression d’un échelon dans le processus d’homologation », explique Céline Barthet. L’association se montre confiante, portée par un consensus croissant entre les pays européens. Lors du Conseil Agrifish de décembre, « dix États membres ont proposé d’établir une définition harmonisée du biocontrôle au niveau européen. Nous espérons que cette initiative ouvrira la voie à différentes mesures », ambitionne Denis Longevialle.
Miser sur les solutions existantes
Mais sur le court terme, l’association insiste sur l’importance de tirer parti des solutions déjà disponibles. Céline Barthet a cité l’exemple de la confusion sexuelle en viticulture : « En Allemagne, deux tiers des surfaces de vigne sont protégés par cette méthode, contre seulement 15 % en France. Il ne faut pas oublier ce qui est d’ores et déjà existant. Il ne s’agit pas d’attendre l’innovation, mais de mieux soutenir la transition. »
L’association a notamment évoqué plusieurs pistes, telles que la mise en place d’incitations financières, ou encore la recherche d’une meilleure valorisation des productions agricoles issues d’itinéraires techniques utilisant ces produits.
Partager le risque
En ce sens, Alliance Biocontrôle mise également sur le nouveau dispositif Praam (Prise de risque amont aval et massification de pratiques visant à réduire l’usage des produits phytopharmaceutiques sur les exploitations agricoles). « Il y a un besoin de répartir la prise de risque et le coût de la transition », appuie Céline Barthet.
L’appel à manifestation d’intérêt (AMI) lancé en juillet préfigure un appel à projets doté de 90 M€ qui sera lancé au premier semestre 2025. Le dispositif s’adresse aux opérateurs économiques impliqués dans la valorisation des produits agricoles et en lien direct avec l’amont agricole. « Les porteurs de projets ne peuvent pas être l’un de nos adhérents mais ils pourront y être associés. Praam s’adresse aux coopératives, aux négoces, aux industries agroalimentaires, aux assureurs… », précise-t-elle.
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