Blé tendre : un besoin d’agilité pour servir tous les marchés
Face aux aléas climatiques qui fragilisent la production, et la commercialisation, de blé français, le colloque Forum blé tendre Océan Centre Ouest, qui s’est tenu le 7 mai à La Rochelle, a mis l’accent sur le collectif, l’adaptabilité et l’accompagnement. Trois maîtres mots que les OS présents ont également défendus.
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Pour sa deuxième édition, le colloque Forum blé tendre Océan Centre Ouest a réuni plus de 220 acteurs de la filière, mercredi 7 mai, à La Rochelle (Charente-Maritime).
« À la suite du premier colloque organisé en 2022, plusieurs plans d’action ont vu le jour, notamment un programme de communication à destination des producteurs, a introduit Frédéric Boursiquot, agriculteur en Charente-Maritime et président du forum. À travers des vidéos pédagogiques et des fiches pratiques, il visait à rappeler l’importance de la qualité des grains, en particulier la teneur en protéines, et à diffuser les bonnes pratiques pour la maîtriser. L’initiative entendait aussi mieux informer les agriculteurs sur les débouchés et les OAD disponibles. »
Des critères qualitatifs affectés
Organisé trois ans après le premier rendez-vous, ce deuxième colloque visait à mener des réflexions pour renforcer la résilience du blé tendre français face aux aléas climatiques, économiques et géopolitiques.
En effet, dans la zone dite Océan Centre Ouest (Nouvelle-Aquitaine, Pays de la Loire et sud du Centre - Val de Loire), qui produit près de 6 Mt de blé tendre, les aléas climatiques ne cessent de fragiliser les récoltes, en rendement et en qualité. Le poids spécifique, le taux de protéines, le temps de chute de Hagberg ou encore les conditions de stockage sont directement affectés. Arvalis a notamment démontré qu’un stress thermique au début du remplissage du grain influe sur la dormance et accroît le risque de germination.
La teneur en protéines, facteur limitant à l’export
Parmi les enjeux clés abordés au cours de cette journée, celui de la teneur en protéines, déterminante pour préserver la compétitivité du blé français sur les marchés internationaux. « L’offre française est souvent perçue comme trop chère par rapport à son ratio protéine. Or nos meuniers africains, ouverts à toutes les origines, recherchent des blés à 12-12,5 % de protéines, un niveau que les blés français peinent à atteindre, contrairement à ceux de la mer Noire », constate Guillaume Jacquet, directeur industriel du pôle céréales du groupe Somdia, acteur agro-industriel en Afrique. L’importateur espagnol Acembex a également évoqué la montée en puissance du blé tendre roumain. Résultat : « Le nombre de destinations vers les pays tiers est passé de 51 en 2019-2020 à seulement 28 en 2024-2025 », regrette Frédéric Guillemin, directeur du pôle blés chez Soufflet Négoce by InVivo.
Il faut dire que 40 % des surfaces en France sont aujourd’hui emblavées avec des variétés moins favorables aux protéines. « Il faut davantage accompagner les agriculteurs dans le choix variétal ainsi que dans le pilotage de la fertilisation pour corriger la fragilité de certaines variétés sur la teneur en protéine », souligne Alexis Decarrier, animateur de la filière blé tendre. Dans cette optique, Arvalis vient de lancer Ferti-Adapt CHN, un nouvel outil de pilotage de la fertilisation azotée en temps réel.
Des allotements à améliorer
De son côté, le président d’Intercéréales, Benoît Piétrement, alerte sur les risques sanitaires : « On est en train de nous enlever nos moyens de production. Les difficultés de désherbage entraînent des problèmes sanitaires, comme l’ergot et les alcaloïdes, qui se retrouvent dans les farines. »
Un enjeu que connaît bien Benjamin Bichon, directeur général de La Tricherie, pour qui l’avenir de la filière passe également par une meilleure capacité d’allotement et donc des investissements. « La capacité à analyser, c’est le nerf de la guerre. Il faut donc avoir la capacité derrière d’investir dans des outils pour séparer et rassembler les lots. »
Et pour assurer la qualité de ses lots, depuis trois ans, la coopérative mesure le taux d’ergot sur l’intégralité de ses parcelles. Elle utilise également Qualimètre, un outil qui permet de prédire le risque mycotoxine. « Dès qu’un risque mycotoxine est identifié, nous pouvons mesurer l’ensemble des parcelles à risques de la coopérative. Et si nous n’avions pas fait ça, en 2016 et 2018, nous aurions été dans l’incapacité de fournir nos débouchés », témoigne-t-il.
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