Récoltes d’été Une moisson qui « met du baume au cœur »
Après une récolte 2024 catastrophique, la moisson 2025 apporte un peu de répit. Les rendements et les qualités sont au rendez-vous, malgré une protéine un peu faible par endroits en blés et orges. Principale ombre au tableau : un prix des céréales largement inférieur à leur coût de production.
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La singularité de cette moisson 2025 ? Sa précocité. « En vingt ans, je n’avais encore jamais vu une récolte finie au 15 juillet chez nous », témoigne Aline Saget, directrice juridique, RH et communication chez Bourgogne du Sud. La vague de chaleur qui s’est abattue sur la France du 19 juin au 4 juillet a délivré un coup de fouet à la récolte, donnant du fil à retordre aux coopératives et négoces en termes de logistique.
« Du 20 juin au 20 juillet, on n’a pas arrêté », confirme Maxime Thuillier, directeur céréales chez Unéal. Chez Agrial, au pic de la moisson, 250 000 t de céréales ont été collectées en quatre jours. « Cela crée beaucoup de flux et complexifie le besoin de dégagement », témoigne Nicolas Vermeulen, responsable animation et développement de filières au sein de la coopérative. Bourgogne du Sud a notamment dû déployer une « importante flotte de camions pour désengorger les sites de collecte ». Le retour de la pluie à la mi-juillet a apporté un peu de répit. Enfin, presque. « Il a fallu se dépêcher pour mettre les céréales à l’abri », confie François Pignolet, directeur collecte de Soufflet agriculture.
De bons rendements en blé
Après une année 2024 catastrophique, « 2025 met du baume au cœur dans les campagnes », assure Jean Simon, DG d’Atlantique céréales. Estimée à 33,1 Mt par Agreste, la récolte de blé tendrea augmenté de 29 % en un an, grâce à de très bons rendements : environ 74 q/ha contre 61 q/ha en 2024. La récolte dépasse la moyenne 2020-2024 de 4 %, mais reste inférieure à la moyenne olympique 2017-2023, frôlant les 35 Mt. « Il va nous manquer 3 Mt », indique Jean Simon. En cause ? « Des difficultés d’implantation au semis, notamment au nord de la Vendée et de l’Indre ainsi qu’en Touraine. »
Argus Media fait part, pour le blé tendre, de rendements et de qualités globalement au rendez-vous. Malgré tout, la région Centre - Val de Loire a pâti de l’absence de pluie au printemps et des fortes chaleurs de juin. Axéréal accuse ainsi « une récolte très disparate, avec de meilleurs rendements dans les départements du nord de la région ». Chez les négociants d’Atlantique céréales, « les rendements atteignent 60-65 q/ha dans le Sud-Ouest, soit 5 q/ha de plus que la moyenne, présente Jean Simon. En Pays de la Loire et Poitou-Charentes : 75-80 q/ha, soit + 5 à 10 q/ha. Dans le Centre, c’est dans la moyenne : 65 q/ha. »
En Rhône-Alpes, les blés de la Maison François Cholat affichent un rendement 10 % supérieur à la moyenne quinquennale. Même tendance chez Agrial : + 5 à 10 %, selon les territoires. « Sur le secteur est de Lur Berri (Haute-Garonne, Tarn), où se concentre 90 % de la collecte d’été, c’est + 10 % par rapport à la moyenne quinquennale, note Thierry Gestain, directeur céréales de la coopérative. Ce qui n’est pas le cas du Pays basque où les fortes précipitations printanières et le stress thermique de fin de cycle ont pénalisé les rendements. »
Chez Valfrance, les « résultats sont inférieurs à la moyenne olympique : 80 contre 86 q/ha », rapporte Laurent Vittoz, son DG. La récolte est contrastée chez Soufflet, avec « de très bons rendements à l’ouest de notre secteur, un peu moyens dans le centre de la Champagne », relève François Pignolet. Plus au nord, les résultats sont très bons. « Malgré quelques gamelles à 70 q/ha dans les terres plus calcaires ou sableuses, la moyenne est supérieure à 90 q/ha, avec des records en terres profondes à 130 q/ha », met en avant Maxime Thuillier.
Des protéines un peu juste
Niveau qualité, les voyants sont au vert malgré une teneur en protéines souvent un peu faible. « C’est assez caractéristique des années à forts potentiels », souligne François Maxence Cholat, DG de la Maison Cholat. Le négoce isérois a été contraint d’alloter ses blés meuniers selon ce critère. « Les zones ayant bénéficié d’eau en fin de cycle ont mieux performé », avance Nicolas Vermeulen. Évalué à 10,95 % en moyenne chez Agrial, le taux protéique « sera suffisant à l’export dans la Sarthe et en Touraine », mais « un peu juste » sur la façade Atlantique. En Normandie, un travail du grain sera nécessaire sur les blés rentrés à la mi-juillet, en raison de la « pluie qui a pénalisé les PS et les taux de chute de Hagberg. »
Du côté des négociants d’Atlantique céréales, la teneur en protéines est parfois un peu limite. « Toutefois, rien qui ne puisse se rattraper dans les moulins », assure Jean Simon. Chez Soufflet aussi, le grain devra être un peu travaillé pour obtenir des taux de protéines commercialisables à l’export. Au sein d’Unéal, le taux protéique dépasse les 11 %, une vraie surprise ! « D’habitude, les taux sont moins élevés que ça, indique Maxime Thuillier. Cette année, nous avons eu de l’eau aux bons moments du cycle, en plein remplissage des grains, ce qui a permis une minéralisation satisfaisante des apports d’azote pour la plante. »
En blé dur, la récolte se maintient tout juste à un niveau très bas, malgré une nouvelle baisse des surfaces. Arterris, par exemple, affiche une collecte de 154 000 t de blé dur contre 165 000 t l’an dernier. Le groupe coopératif ne relève pas « de problème sanitaire ni de germination », mais signale « quelques défauts sur le taux de protéines », et des PS « hétérogènes » et « globalement justes ».
Orge : de bons résultats
Du côté des orges, si les « rendements sont dans la moyenne » chez Valfrance, ils sont « très bons » chez les négociants d’Atlantique céréales. « 5 à 7 q/ha de plus que d’habitude, de très bons PS : 65-67 kg/hl, de bons calibrages malgré une protéine un peu faible », précise Jean Simon. La Cavac relève « d’excellents rendements : 80 q/ha ». Les orges fourragères de Maison Cholat présentent un rendement au-dessus de la moyenne avec « un grain très beau et de jolis PS, au-dessus de 66 kg/hl ».
Chez Soufflet, une grande partie des orges partira pour la brasserie. « Mais avec les mauvaises récoltes de foin, on s’attend à des tensions sur les prix des céréales fourragères en début de campagne », précise François Pignolet. Le stock pléthorique de l’an dernier commence à se tarir. « Or l’espoir sur les maïs commence à se dégonfler en raison des coups de chaud survenus lors de la floraison », poursuit-il. Agreste estime la récolte de maïs fourrage à 14,6 Mt, en baisse de 15,4 % sur un an du fait de la réduction des surfaces cultivées et, dans une moindre mesure, des rendements. Heureusement, au nord de la Seine, « les maïs, encore beaux, devraient être majoritairement ensilés », conclut Maxime Thuillier.
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